Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Après deux premiers films dans le genre western avec "New Mexico" (1961) et surtout "Coup de Feu dans la Sierra" (1962), le réalisateur Sam Peckinpah se voit confier un nouveau western grâce au succès de son dernier film. Le projet est une idée de Harry Julian Fink qui signera plus tard "L'Inspecteur Harry" (1971) de , et co-signe le scénario avec l'expérimenté Oscar Saul auquel on doit des films comme "La Femme aux Cigarettes" (1948) de Jean Negulesco et "Un Tramway nommé Désir" (1951) de . Peckinpah collaborera à l'écriture après son arrivée sur le projet et fera tout pour imposer ses idées. Le cinéaste est celui qui fera le pont entre l'époque classique et le crépuscule qui va mener au Nouvel Hollywood. Par soucis d'économie le tournage a lieu au Mexique mais très vite le budget explose notamment à cause des retards de tournage, certains dus à la rivalité entre les deux stars principales et certains dus à Peckinpah lui-même qui va même disparaître quelques jours avec une belle mexicaine ! Le budget sera si amputé que même la star Charlton Heston fit don de son salaire pour permettre de continuer...

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Tandis que la guerre de Sécession fait toujours rage, le major Dundee décide d'un expédition punitive contre des apaches qui ont massacré un poste de cavalerie et enlevés des enfants. Manquant d'hommes il se trouve dans l'obligation de compter sur l'honneur de prisonniers sudistes pour mener à bien la mission... Pour ce tournage le cinéaste réuni déjà sa bande de potes, la plupart ayant déjà tourné avec lui sur "Coup de Feu dans la Sierra" (1962) et la plupart qui tourneront dans se prochains films comme dans "La Horde Sauvage" (1969), "Un nommé Cable Hogue" (1970), "Chiens de Paille" (1971), "Guet-Apens" (1972), "Le Dernier Bagarreur" (1972), "Pat Garrett et Billy the Kid" (1973), "Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garcia" (1974) et "Croix de Fer" (1977)... Ainsi le film réunit la plus grande réunion d'amis avec pêle-mêle L.Q. Jones (3 films ensemble), Slim Pickens (5 films), Enrique Lucero (3 films), James Coburn (3 films), Ben Johnson (4 films) et Warren Oates (4 films). Mais les deux rôles principaux reviennent à deux stars d'un tout autre acabit, le rôle titre revient au monstre sacré Charlton Heston, tandis que l'officier sudiste et référent à l'insu de son plein gré est incarné par Richard Harris. Ce film reste leur seule collaboration. On notera qu'au départ il n'y avait pas de personnage féminin, Peckinpah insista et écrivit le rôle de Teresa qui est jouée par Senta Berger, le réalisateur-scénariste s'inspira même de la vie de l'actrice qu'il retrouvera dans "Croix de Fer" comme James Coburn... La première originalité du film réside dans le mélange des genres, car là où la plupart des western sont limpides et linéaires ici le récit mêle Sécession, guerres indiennes et même colonisateurs français ! Après un prologue à la symbolique cruelle impose d'emblée le crépuscule d'un genre qui va tomber petit à petit en désuétude. Ensuite après la présentation des protagonistes et la mise en place de la mission on s'aperçoit que le groupe de soldat mené par Dundee est une transposition de "Moby Dick" où le capiatine Achab, égocentrique et obnubilé par une idée fixe, va mener ses hommes à leur perte.

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Et si Dundee doit composer avec les renégats sudistes il se confronte également à des situations inédites, car outre la relation entre les soldats des deux camps il y a aussi la problématique des soldats noirs bien démontrée lors qu'une séquence marquante. Gérer la dimension diplomatique avec les soldats français en poste au Mexique est un autre paramètre qui enrichit indéniablement l'histoire même si on aurait aimé une confrontation plus frontale. Si la mission semble de plus en plus impossible la vraie violence reste au sein du groupe. Peckinpah voulait une autre fin (plus proche d'une conclusion qu'on verra avec génie dans "Aguirre la Colère de Dieu" en 1972 de Werner Herzog) mais la production le lui refusera et ce, malgré le soutien de Charlton Heston. Et donc après plusieurs montage de 04h en passant par une de 02h40 qui avait la préférence de Peckinpah le montage définitif faisait un peu moins de 02h pour la version commerciale. Si le film reste une échec commercial en salles, en 2005, une version enrichit de 136mn offre un film façon final cut qui doit avoir notre préférence. Peckinpah signe une western épique et d'une rare densité pour un western, à l'atmosphère pesante et au fond qui oscille entre les complexités américaines de l'époque (racisme, culturel...) et surtout le cinéaste réussit à offrir une succession de scènes puissantes comme le massacre d'ouverture, la traversée de Dundee à travers les prisonniers sudistes, le clairon qui joue en pleurant, la crucifixion de l'éclaireur et cette bataille finale... Un grand western qui peut avoir quelques coupes maladroites (dues aux différents soucis de montage) mais qui reste d'une richesse de fond assez incroyable. A voir et à conseiller.

Note :

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