Une fille facile

Une fille facile

C'est l'été, il fait chaud. Naïma vient de fêter ses 16 années et vit dans la belle ville de Cannes. Alors qu'elle se donne deux mois pour choisir son avenir, sa cousine Sofia débarque dans sa vie. C'est le début d'un été inoubliable. 

Il faut se l'avouer si on va voir ce film, c'est pour la performance de Zahia, ancienne escort-girl d'un certain joueur de foot nommé Ribéry. Et nous ne sommes pas déçus par son jeu, ou plutôt de son non-jeu devant la caméra de Rebecca Zlotowski scrutant son parfait corps siliconé pendant près d'une heure trente. Sa silhouette lascive impressionne tant elle exaspère. Puis finalement on s'y habitue, elle semble ainsi représenter une fausse cagole avec de la jugeote. Oui, car la demoiselle impressionne l'assemblée en citant Duras à l'occasion devant une Clotilde Courau faisant des remarques pinçantes sur sa plastique. En outre, avec la silhouette de Zahia, nous nous plaisons à regarder une Brigitte Bardot génération 2.0 avec un phrasé rohmérien dans un film qui raconte une histoire sur des choses simples façon Mektoub my love by Kechiche. 

Une fille Facile, outre Zahia et ses références cinématographiques, est aussi un film sur la lutte des classes. Deux classes (les riches et les pauvres) qui vont se côtoyer et mêler leur sexualité. Les riches propriétaires du yacht vont ainsi rencontrer les deux cousines, davantage prolétaires, enfin surtout Naïma. Mais ce long-métrage est surtout un récit d'apprentissage où Naïma se découvre à travers sa cousine qui lui offre des produits de luxe (un sac Chanel par exemple) et qu'elle épie lorsqu'elle livre sexuellement à leur hôte du bateau. Sofia est-elle alors une prostituée ? Le mot n'est jamais évoqué et Naïma porte davantage un regard innocent sur sa cousine qui l'impressionne par le fait que ses galipettes sont récompensées par des cadeaux à aller chercher dans des boutiques hors de prix. 

Ce film solaire est donc brûlant de désir pour le corps de la belle Zahia, crevant l'écran à chacune de ses apparitions. Il interroge également le désir d'indépendance et de liberté d'une certaine jeunesse. La réalisatrice réussit donc le pari fou de filmer l'ancienne escort au cœur de scandales footballeux et de nous entraîner dans un doux et sensuel long-métrage. Pour finir, n'oublions pas également le jeu tout en finesse de Mina Farid proposant un réalisme kechichien jurant avec l'annonement de Zahia. Quant aux autres comédiens, on note la présence de Benoît Magimel qui se fait plus rare des écrans et qui nous livre ici un rôle tout en effacement face à une jeunesse débridée en l'incarnation de Sofia. 

A voir ! Une fille Facile a de plus été auréolé du prix SACD de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2019 : raison de plus pour aller le visionner !

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