American History X (1999) de Tony Kaye

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après plusieurs années comme réalisateur de publicité et clips musicaux notamment pour les Red Hot Chilli Peppers ou Johnny Cash, avec en prime une demi-douzaine de nomination aux Grammy Awards dont une victoire en 2006, le réalisateur anglais Tony Kaye signe son premier long métrage de fiction avec ce film qui relate le destin d'un skinhead néo-nazi sur le chemin de la rédemption après avoir fait de la prison pour meurtre. Le cinéaste se fera une spécialité de sujets sensibles comme le racisme, l'avortement, la drogue... On lui doit plus tard le documentaire "Lake of Fire" (2006) et il faut attendre plusieurs années avant son second film de fiction avec "Detachment" (2011) avec Adrien Brody... On suit donc Derek, pourtant issu d'une famille américaine sans histoire, qui devient skinhead néo-nazi après que son père soit tué. Devenu un leader il est condamné pour meurtre et en sort changé et cherche à s'en sortir mais surtout à sauver son jeune frère qui suit son chemin... S'il s'agit du premier film de Tony Kaye il est aussi le premier scénario de David McKenna qui signera ensuite les films "Get Carter" (2001) de Stephen T. Kay, "Blow" (2001) de Ted Demme et "S.WA.T. Unité d'Elite" (2003) de Clark Johnson. Derek est incarné par Edward Norton qui joue ici dans son 5ème film entre "Les Joueurs" (1998) de John Dahl et (1999) de David Fincher. Son jeune frère est joué par Edward Furlong révélation de "Terminator 2 : le Jugement Dernier" (1991) de James Cameron qui joue là un personnage qui ne sera pas sans rappeler "Little Odessa" (1994) de James Gray.

La petite amie de Derek est jouée par Fairuza Balk révélée en Cécile de Volanges dans (1989) de Milos Forman, puis la maman qui est jouée par Beverly d'Angelo qu'on voit dans (1979) de Milos Forman et "Big Trouble" (1986) de John Cassavetes. A leurs côtés il y a Elliott Gould acteur fétiche de Robert Altman depuis (1970) qui retrouve Avery Brooks après "Big Hit" (1998) de Kirk Wong, ce dernier est surtout connu pour son rôle de capitaine Sisko dans la série TV "Star Trek : Deep Space Nine" (1989-1998). Tandis que le grand méchant est interprété par Stacy Keach éternel "Mike Hammer" (1985-1987) dont le dernier film est "Los Angeles 2013" (1996) de John Carpenter. Au départ le rôle de Derek était dévolu à Joaquin Phoenix mais il refusa au profit de Edward Norton qui refusera un rôle dans "Il Faut sauver le Soldat Ryan" de Steven Spielberg pour obtenir ce rôle. Une envie qui le poussera à gagner 14kg de muscles pour incarner Derek... Le film est construit en flash-backs, le passé avant la prison est filmé en noir et blanc, la prison et le présent sont filmé en couleur. Un choix esthétique frappant qui martèle judicieusement le passé néo-nazi face à la rédemption de Derek. Au début du film ce qui frappe est la métamorphose ahurissante de l'acteur en skinhead qui est aussi effrayante que réaliste qui lui vaudra logiquement une nomination méritée à l'Oscar. Mais l'acteur est clairement dans une autre dimension on remarque que la suite du film est semé de caricatures faciles (raciste ne veut pas dire obligatoirement nazi, pas d'amalgame !). A force de vouloir absolument être ludique le film est trop souvent démonstratif dans les dialogues trop écrits façon thèse professorale.

Et pourtant, par là même on constate que les noirs sont tout aussi caricaturés, tous voyous et/ou louches à l'exception notable du personnage qui reste le plus mal incorporé au récit, le plus invraisemblable au sein du scénario à savoir le prof Sweeney/Avery Brooks. En effet comment ce proviseur se retrouve comme une sorte de conférencier au savoir absolu qui donne des leçons aux policiers spécialistes, qui est omniprésent et qui se permet même de commander sur une scène de crime !?! Juste n'importe quoi... Mais le film fait pourtant son effet, le message est peu subtil, voir même primaire, mais la puissance émotionnelle et la violence ne laisse pas insensible, le passage NB et couleur ajoute un effet qui n'est pas anodin et la performance de Edward Norton est à mettre au Panthéon du genre. On précisera quand même que les dernières lignes de la rédaction de Danny sont une citation du discours inaugural de Abraham Lincoln en 1861... Le film a à l'époque connu un succès mitigé (seulement 24 millions de dollars au box-office monde pour un budget de 20 !) mais il deviendra un film culte avec le temps...

Note :