Les Sorcières de Zugarramurdi

Par Crazyduck @Crazy_Critics




Pourquoi voir Les Sorcières de Zugarramurdi ?
Le cinéma espagnol existe depuis l'air du muet, souvent oublié par le grand public, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, abordant souvent des sujets de société, le cinéma espagnol ose et marque le spectateur, dans nos contrées submergé part le cinéma américain, les films du pays de Cervantes ne sont pas légion et c'est bien dommage car il existe des pépites cinématographiques.
Le réalisateur emblématique du cinéma espagnol est sans nul doute Pedro Almodóvar, figure emblématique de la Movida madrileña, un mouvement culturel né en Espagne à la fin de la période de transition démocratique après la mort du général Franco, Pedro Almodóvar incarne parfaitement l'esprit de la Movida à travers ses films qui traitent de la libération des mœurs, de l'homosexualité, de la bisexualité ou encore du travestissement mais également la filiation et les secrets de famille.
En 1993, alors qu'il a déjà réalisé La Loi du désir (La ley del deseo), Femmes au bord de la crise de nerfs (Mujeres al borde de un ataque de nervios), Attache-moi ! (¡Átame!) et Talons aiguilles (Tacones lejanos), Pedro Almodóvar donne sa chance à un tout jeune réalisateur en finançant son tout premier film, ce réalisateur c'est Álex de la Iglesia et son film s'intitule Action mutante (Acción mutante).
Né le 4 décembre 1965 à Bilbao d'un père originaire de la Mancha (région espagnole) et d'une mère basque, Álex de la Iglesia a commencé au cinéma comme directeur artistique sur Todo por la pasta d'Enrique Urbizu, lui qui a publié ses dessins dans divers magazine s'est vu ouvrir les portes du 7ème art par son talent d'artiste.
Après avoir réalisé Action mutante, qui a remporté trois Goyas en 1993 dans la catégorie meilleurs effets spéciaux, meilleur maquillage et meilleure direction de production, Álex de la Iglesia continue son petit bonhomme de chemin et réalise Le Jour de la Bête (El día de la bestia), un film qui a obtenu le Grand Pix au festival international du film fantastique de Gérardmer et le Goya des meilleurs effets spéciaux, puis il livre des films comme Mort de rire (Muertos de risa), 800 balles, Crimes à Oxford et Balada triste.
Dans les films d'Álex de la Iglesia, le style totalement barré et l'humour noir sont de rigueur, à première vue les films du réalisateur originaire de Bilbao semblent des divertissements loufoques sans messages, c'est tout l'inverse, ses films sont certes azimutés mais quand on se met à creuser on découvre le message du film, Álex de la Iglesia fait passer ses messages par l'humour, souvent sur les problèmes de la société espagnol et même international.
Les films d'Álex de la Iglesia critiquent la société tout en passant un bon moment de rigolade, la mission du réalisateur est faire passer un ou des messages au spectateur sans qu'il ne s'en rende compte comme le rapport aux autres et entre les différentes classes de la société, le réalisateur adore d'ailleurs les personnages marginaux qui ne se reconnaissent pas dans la société actuelle.
En 2013, Álex de la Iglesia s’intéresse à la magie noire avec Les Sorcières de Zugarramurdi (Las Brujas de Zugarramurdi), une comédie horrifique franco-espagnole qui réunit Hugo Silva (En fuera de juego, Les amants Passagers), Macarena Gómez (Musarañas, Musarañas, Sexykiller, morirás por ella), Mario Casas (The 33, Le photographe de Mauthausen), Jaime Ordóñez (Mi gran noche, Pris au Piège), Terele Pávez (Balada Triste, Mes chers voisins) et Carmen Maura (Volver, Matador, Femmes au bord de la crise de nerfs) l'actrice Fétiche de Pedro Almodóvar ainsi que Carolina Bang (Dos a la carta , Balada Triste, Mi gran noche), qui n'est autre que la femme du réalisateur.
Comme son nom l'indique l'intrigue des Sorcières de Zugarramurdi se situe à Zugarramurdi, une ville qui existe bel et bien, elle est située au nord de l'Espagne dans la province de Navarre, la distance entre la ville est la frontière française est de seulement de quatre kilomètres.
Zugarramurdi est une ville bien réelle et les sorcières également, en l'an de grâce 1610 a eu lieu à Logroño un procès mené par l'Inquisition, l'institution de l'Église catholique a accusée quarante habitants de Zugarramurdi d'acte de sorcellerie.
Les présumés sorciers ont été pour la plupart accusés par simple dénonciation, sorcier, pas sorcier ?, en tout cas douze d'entre eux ont été condamnés au bûcher, les autres ont été réconciliés, ils ont reconnu leurs actes de sorcellerie (probablement après des jours de torture) et ont été laissés en vie pour s'être repenties, laissé en vie mais la prison ou la confiscation des bien attendaient les réconciliés.
Dans Les Sorcières de Zugarramurdi, le spectateur suit des braqueurs qui après avoir effectué leur casse prennent la fuite vers la frontière française, en chemin ils passent par la ville de Zugarramurdi, une ville connue comme un haut lieu de la sorcellerie, une sorte de Salem espagnol.
Le film commence par une scène de braquage pour glisser petit à petit vers le fantastique voir même l'horreur à certains moments, l'humour made in Iglesia est présent pour le plus grand plaisir des amateurs du réalisateur.
Sur fond de comédie fantastico-horrifique, le film d'Álex de la Iglesia évoque les relations homme/femme dans notre société avec son humour décalé qui lui est propre.
Les Sorcières de Zugarramurdi est une oeuvre bien barré qui ravira les amateurs du genre, un long métrage qui mélange les genres avec une grande habilité, mise en scène énergique, casting parfait, belle photographie et humour noir délicieux à souhait, le film d'Álex de la Iglesia offre un bon moment de cinéma tout en analysant les rapports humains et plus globalement la société dans son ensemble.

Un délire signé Álex de la Iglesia

Synopsis :

Après avoir effectué un casse, des braqueurs prennent la fuite vers la frontière française, en chemin ils passent par la ville de Zugarramurdi, une ville connue comme un haut lieu de la sorcellerie, pour les braqueurs rien ne va se passer comme prévu.



Anecdotes :


Avec Les Sorcières de Zugarramurdi, Carmen Maura signe ici sa troisième collaboration avec Álex de la Iglesia après 800 Balles et Mes Chers Voisins.

Le scénario du film est signé par Álex de la Iglesia et Jorge Guerricaechevarría.

Le budget du film est estimé à 6 000 000 €.



Le film a été tourné à Madrid ainsi qu'à Zugarramurdi.

Le film a remporté non moins de huit récompenses à la 28ème cérémonie des Goyas dont celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Terele Pávez, meilleure direction artistique et meilleurs maquillages et coiffures.


Affiches





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