Network, main basse sur la télévision

Network, main basse sur la télévision
« Network, main basse sur la télévision » est un film de Sidney Lumet dont j'ai beaucoup entendu parler, notamment à cause de son sujet, le monde des médias et de la télévision. Après « Un Après Midi de Chien », ce film sonne comme une évidence tant il prolonge ce que nous voyons dans ce film, une société qui est en train de peu à peu se déshumaniser, au profit d'une vie faite de « jeu et de spectacle », de « pic d'audience » et « d'espaces publicitaires » ! Et malgré le temps qui passe, « Network » n'a rien perdu de son esprit critique …

Au milieu des années 70, les informations à la télévision changent. Le journalisme perd en effet pied face au pouvoir de l'argent et la besoin croissant de divertissement. Une rédaction se bat alors pour maintenir son audience sans se compromettre. 
En 2006, le plus célèbre buveur de café d'Hollywood, le bien nommée George Clooney devait tourner un remake de « Network ». Hélas il ne vit jamais le jour. Certains trouveront ça génial, mais d'autre comme moi, trouve ça regrettable, car dans le fond, s'il y a bien un film qui ne serait pas dénaturé par un remake, c'est bien ce film de Sidney Lumet. Pour une simple et bonne raison, que les défauts de la tv et des grands groupes derrières, sont aujourd'hui bien plus prononcés qu'avant et donc qu'a l'heure ou l'on fait de moins en moins confiance à la presse (tv comme papier), ou l'outrance et les excès sont la règle d'un audimat élevés on se dit aisément que les extravagances d'un « Network », ne le sont pas tant que ça …

"I'm as mad as hell, and I'm not going to take this anymore."
Ecrit par Paddy Chayefsky, le scénario de « Network » se concentre sur un homme, un présentateur du nom de Howard Beale. Il va chambouler la vie de la chaîne de tv où il travaille, qui a été tout récemment racheté par un conglomérat. Quelques jours avant la signature d'un contrat tenu secret, Beale est poussé vers la sortie à cause d'audiences en berne, annonce en direct qu'il se suicidera le jour de sa dernière émission ! C'est la stupeur chez ces supérieurs, qui ne songe qu'a une seule chose, le virer pour limiter les dégâts. Cependant et malgré le tollé médiatique, les audiences remontent. Diane Christensen la directrice des programmes de la chaîne, voit dans la détresse de ce présentateur, un levier pour faire toujours plus d'audience et surtout toujours plus d'argent quitte à jouer avec la sante du présentateur.
On a ainsi dans ce scénario, tous les défauts que la tv peut propager ! La recherche du « bon concept » (une émission/série sur un groupe terroriste) à tout prix, le sensationnalisme en maintenant Howard Beale à l'antenne après son craquage, ou encore le populisme, le « buzz » et l'humiliation que propage l'émission qu'il présente par la suite dans le film … Pour quel but ? Le seul et unique qui gouverne le monde, gagner de l'argent ! Par exemple Je n'aurais pas été surpris, si en fond, sur l'un des écrans, on voyait des images du braquage de Sonny dans « Un après midi de chien ».
Et tout ça est articulé sur une confrontation entre l'ancien monde, symbolisé par Max Schumacher, le rédacteur en chef du service information ; et le nouveau monde incarné par Diane Christensen qui vampirise peu à peu cela, jusqu'à l'irréparable. Mais voilà c'est aussi là que le scénario montre ses limites, notamment dans la love story entre Schumacher/Christensen qui me donne juste envie de pousser de gros soupirs, puis même si William Holden et Faye Dunaway reste d'immenses interprètes, ce sont juste des archétypes maintes fois vus au cinéma qu'ils accentuent malheureusement.
Si j'occulte cette pseudo romance que le scénario nous délivre, le film est assez jubilatoire ! Sidney Lumet joue avec malice sur notre perception, sur celle que l'on a de spectateurs et sur celle des personnages. Dès le début, on a un plan sur quatre moniteurs, avec en coin Howard Beale. C'est très ingénieux, car cela installe une distance avec l'histoire, mais cela montre aussi que Beale n'est que l'un des maillons de la chaîne, aisément remplaçable. Et ceci on le retrouve à tous les niveaux de la production des émissions, ou chaque personne regarde l'autre dans un moniteur. Les dirigeants quant à eux semblent omniscients, loin de tout ça, avec malgré tout un regard proche sur leurs affaires. C'est toujours amené avec habileté, alternant les phases chocs que l'on doit à Beale, les apartés pleines de cynisme des décideurs et la love story entre Schumacher/Christensen. Le film est aussi ponctué par des dialogues toujours bien écrits, que les acteurs/actrices comme Peter Finch porte avec talent.
Network, main basse sur la télévision