Madame Sans-Gêne (1961) de Christian-Jaque

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Une grosse co-production à majorité franco-italienne qui adapte pour la 5ème fois la pièce éponyme (1893) de Victorien Sardou et Emile Moreau. Il est important de rappeler que la célèbre madame Sans-Gêne est trop souvent attribué à Catherine Hubscher, (Tout savoir ICI !) épouse d'un maréchal d'Empire dont la postérité doit tout au succès de la pièce. Mais en fait les auteurs ont choisit cette femme pour des raisons purement narrative, mais la véritable madame Sans-Gêne qui a inspiré le personnage est Marie-Thérèse Figueur (Tout savoir ICI !) femme-soldat sous l'Empire... La pièce est par conséquent une hagiographie et une uchronie largement romancée dans laquelle on suit le destin de l'épouse du futur maréchal Lefebvre, une femme issue du peuple dont le franc parler ne déplaisait pas à Napoléon Ier...

La co-production est entre autres menée par le français Serge Silberman qui se lançait notamment avec "Bob le Flambeur" (1955) de Jean-Pierre Melville et "Le Trou" (1960) de Jacques Becker, puis avec le nabab italien Carlo Ponti qui est derrière "La Strada" (1954) de Federico Fellini et "Léon Morin, Prêtre" (1961) de Jean-Pierre Melville. Mais surtout ce dernier est le conjoint de la star Sophia Loren qui incarne l'héroïne alors qu'elle sortait auréolée d'un Oscar de la meilleure actrice pour "La Ciociara" (1960) de Vittorio de Sica. Son partenaire dans le rôle de Lefebvre est Robert Hossein qui était alors en pleine ascension depuis "Du Rififi chez les Hommes" (1955) de Jules Dassin et qui deviendra une star à partir de "Angélique, Marquise des Anges" (1964) de Bernard Borderie. A la réalisation la production a choisit le français Christian-Jaque, un spécialiste du film popualire et des films en costumes avec des films comme "François Ier" (1937), "Les Disparus de Saint-Agil" (1938), , "La Chartreuse de Parme" (1947), "Si Tous les Gars du Monde" (1956). Le cinéaste met en scène un scénario écrit à plusieurs mains, françaises et italiennes dont on notera surtout Henri Jeanson scénariste majeur depuis "Hôtel du Nord" (1938) de Marcel Carné et qui retrouve Christian-Jaque après les films "Boule de Suif" (1945) et "Fanfan la Tulipe" (1951), puis Ennio De Concini connu pour des films comme "Ulysse" (1954) de Mario Camerini et "Meurtre à l'Italienne" (1959) de Pietro Germi déjà des productions Carlo Ponti... L'histoire est donc une madame Sans-Gêne deux en une, une femme charnelle et amoureuse, un peu patriotique, volubile, franche et directe, qui va traverser la révolution et l'Empire en suivant l'ascension de l'homme qu'elle aime. Premier constat, le film repose essentiellement sur les atout charmes et la talent de Sophia Loren qui incarne une Sans-Gêne savoureuse et gouailleuse dont la verve lui donne une place de choix en tant que féministe avant l'heure.

Par contre, à contrario, Hossein fait bien fade à ses côtés, sans doute pas aidé par un personnage caricaturé en ambitieux à l'insu de son plein gré, un peu niais, d'autant plus difficile à digérer que Lefebvre était un des meilleurs maréchaux de l'Empereur. Ce dernier point est symptomatique du récit qui n'a rien de franchement historique. Par contre la reconstitution (décors/costumes) est plaisante et l'abattage de la star italienne fait le reste. La réalisation de Christian-Jaque manque ici de fluidité, on est dans un style plus ennuyeux que son "Fanfan la Tulipe" par exemple. C'est un divertissement honnête mais l'envie a dû manquer à beaucoup sur le tournage malgré l'ambition des producteurs.