Parasites

ParasitesCafards et blattes s'invitent dans la Haute
Le film social asiatique a le vent en poupe à Cannes ; après la Palme d’Or pour Kore Eda l’an dernier pour « Une affaire de famille », c’est la version Sud-Coréenne de ce même film, donc plus trash, qui remporte la Palme cette année. Remarqué par le passé pour « Memories of murder » et « Mother » ; Bong Joon Ho revient avec un film transgenre. Démarrant avec des accents de comédies, il dérive vers le drame social, puis se frotte très vite au thriller, pour terminer en véritable film d’épouvante ; et tout cela en 2h10…. Çà désarçonne. L’histoire est simple : une famille désargentée vivant dans les bas-fonds de la ville comme des insectes, trouve la possibilité de se faire embaucher les uns après les autres par une famille très aisée. Ils ont une morale, car ils ont eu une situation par le passé, donc veulent vivre de leur travail ; jusqu’à ce que tout dérape. La première scène de film pose le cadre de cette société sud-coréenne hyper fragmenté entre riches et pauvres ; 2’30 d’immersion dans cette famille vivant dans un entresol glauque loin de la maison archi’ des riches. La violence physique présente dans ce film est crue et sèche à l’image des rapports sociaux. Burlesque dans sa première moitié, on sombre dans une tension brute ensuite parfois trop grandiloquente, un peu trop Sud-Coréenne. Même si le scénario ne fait pas dans la dentelle et peut souffrir de failles ; montage, mise en scène et plans diaboliques tiennent le spectateur en haleine. Bong Joon Ho nous ballade avec délectation dans cet huis clos d’une maison d’architecte ouvrant de multiples possibilités de mise en scène comme dans « Ghost writer » ou « Shining » par exemple. La maison devient un sujet dont l’acteur principal serait les escaliers qui lui offre parmi ses plus belles scènes. En filagramme de ce pamphlet social sur son pays, il en profite pour critiquer la mainmise de la culture et de l’économie américaine sur la Corée du Sud. Moins subtile que le Kore Eda de l’an dernier et surtout que son homologue Sud-Coréen de l’an dernier « Burning » ; mais un beau souffle de cinéma durant 2h10. Belle Palme accessible et populaire.
Sorti en 2019
Ma note: 16/20