Requiem pour un espion

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir le blu-ray du film « Requiem pour un espion » de Lamont Johnson.

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« Il se pourrait que ses commanditaires cherchent à lui faire clouer le bec avant qu’il ne l’ouvre »

Plusieurs explosions détruisent le centre spatial top-secret de Groundstar. Six morts, l’ordinateur central désormais hors d’usage… Une catastrophe pour la sécurité du pays. Qui est coupable de cet acte de sabotage ? Probablement John Welles, un survivant que tout incrimine en dépit de son amnésie. Émissaire du gouvernement, Tuxan doit le découvrir. Coûte que coûte…

« Gardez vos distances, c’est peut-être le jour de l’exécution »

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Ancien comédien de second plan (on l’aperçoit dans « Dans les bas-fonds de Chicago » de Joseph M. Newman ou encore dans « Les frères Rico » de Phil Karlson), Lamont Johnson délaisse la comédie à la fin des années 50 pour se consacrer exclusivement à la réalisation. Il mènera ainsi une prolifique carrière de réalisateur qui s'étalera sur près de trente ans, partagée entre le cinéma et la télévision. Pour le grand écran, il réalisera ainsi une douzaine de films entre 1967 et 1983, dont on retiendra surtout ses westerns (« Dialogue de feu » avec Kirk Douglas et Johnny Cash, « Winchester et jupons courts » avec Burt Lancaster), le thriller « Viol et châtiment » avec les sœurs Hemingway ou encore ses collaborations avec le jeune Jeff Bridges (« The last american hero », « Mais qui a tué mon mari ? »). En 1972, il s'essaye au polar avec « Requiem pour un espion », adaptation du roman « The alien » de l'anglais L. P. Davies, publié en 1968.

« Vous n’aurez d’autre juge que moi. Vous êtes à moi. A ma merci. »

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En ce début de décennie 70 particulièrement tourmenté (assassinats des frères Kennedy et de Martin Luther King, Guerre du Vietnam et scandale des Pentagon Papers, mouvement des droits civiques...), Lamont Johnson joue ici sur les peurs des américains et signe avec « Requiem pour un espion » un polar qui réussit à être à la fois paranoïaque et schizophrène. Paranoïaque, tout d'abord, parce qu'il flotte sur le film une atmosphère complotiste. Un attentat visant à voler un secret militaire spatial a été commis et ses instigateurs sont à chercher dans les hautes sphères de l'état. Mais plus encore, pour débusquer cet ennemi de l'intérieur, les services secrets - personnifiés par l'intrigant et cynique Tuxan - sont prêts à tous les stratagèmes les plus répugnants (espionnage de la vie privée façon Bigbrother), y compris ceux qui sortent du cadre moral et légal. Mais ce polar est aussi schizophrène en ce que le principal suspect, devenu amnésique, subit moult tortures censées lui faire retrouver la mémoire et son identité propre. A l'évidence, si le film semble fortement influencé par la série télé « Le prisonnier », on regrettera un peu le manque de rigueur de son scénario (pourtant plutôt malin à la base) et notamment la dimension un peu nébuleuse de son intrigue dont on peine parfois à comprendre les tenants et les aboutissants. Même constat pour son esthétique, très téléfilm, qui a assez mal vieilli. On se consolera par la performance de George Peppard qui délaisse ici définitivement ses allures de jeune premier pour enfiler le costume d'un barbouze décomplexé, annonciateur de son futur personnage de Hannibal dans « l'Agence tous risques ».

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Passeport avec l’oubli », analyse et entretien avec Frédéric Mercier (31 min.).

Edité par ESC Editions, « Requiem pour un espion » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 21 mai 2019.

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