LA FEMME DE MON FRÈRE (Critique)

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SYNOPSIS : Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation fusionnelle est mise à l'épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d'Eloïse, la gynécologue de Sophia...

On avait déjà vue Monia Chokri chez Xavier Dolan, héroïne des Amours imaginaires. Elle revient cette fois derrière la caméra pour un premier film primé en compétition à Un certain regard au Festival de Cannes cette année. La femme de mon frère décrit le quotidien d'une jeune femme, Sophia, la trentaine, entre son frère, une carrière avortée et les exigences de son époque, la nôtre. Ce film est dans le pur héritage des films de Woody Allen dans ce qu'ils ont de bavardage, certes, mais d'analyse fine de l'âme humaine, surtout. Le personnage de Sophia est haut en couleurs, un peu comme ceux de Greta Gerwing, et en particulier dans le rôle de Frances Ha. Sophia est drôle, intelligente et cultivée, charmante. Mais la jeune femme est au chômage et célibataire ; elle vit chez son frère dont elle est très proche alors qu'elle est enceinte mais ne souhaite pas garder l'enfant. C'est lors de son avortement que sa vie va changer : en l'accompagnant, son frère va tomber sous le charme de la gynécologue et peu à peu, Sophia sera de trop dans cet appartement. Tout l'intérêt de ce film réside dans cette émancipation progressive, cette marche vers la liberté qui confère à l'ensemble sa singularité touchante.

LA FEMME DE MON FRÈRE (Critique)

Avec beaucoup d'humour que l'on ne révélera pas ici, ce film traite de thèmes aussi fondamentaux que le poids de l'atavisme, de l'éducation mais aussi de la politique. Tout cela à travers le prisme parental bien évidemment. Ce film c'est surtout un formidable portrait de femme, comme on avait pu déjà y assister grâce à Sybil ou Victoria chez Justine Triet. On est toujours émues de voir ces femmes se débattre pour accéder à une forme de bonheur, toujours par le prisme de la liberté. Malgré sa richesse de thèmes, on persiste à trouver l'ensemble un peu long, car cruellement bavard. Trop, hélas. D'aucuns diraient qu'ils sont rapidement partis car ils n'y trouvaient aucun intérêt. Nous ne sommes pas de cet avis, mais l'on peut comprendre leur ressenti. Il est difficile d'adhérer à un film qui peut d'emblée sembler trop extraverti, voire extravagant. Mais cet univers, on le retrouve également dans le dernier film de Xavier Dolan, Matthias et Maxime, vu également au Festival de Cannes. Monia Chokr i qui n'est autre que sa petite protégée, son amie et on sent tout un ADN commun avec le réalisateur de Mommy. Pour le meilleur comme pour le pire.

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S'il y a un aspect qui doit en revanche faire l'unanimité, c'est sans conteste le jeu des acteurs : aucun ne démérite. En tête bien sûr, Anne-Elisabeth Bossé, qui mène ce film d'une main de maître(sse) : on ne doute d'ailleurs qu'elle fût formidablement dirigée par la néo réalisatrice. Puis il y a le personnage du frère, beau gosse de l'histoire mais pas seulement : il est à la fois tendre, charismatique et simple, autrement dit le mec que les autres mecs jalouseraient honteusement. Ce Monsieur parfait mais en plus cool est incarné par Patrick Hivon. En tant que public français, on aimerait vraiment le revoir sur nos écrans. Puis il y a cette gynécologue, interprétée par la belle Evelyne Brochu qui incarne une parfaite alliance entre douceur, classe et décontraction. Vous savez ? Le genre de fille que nous les femmes, adorons détester et ce évidemment, par pure jalousie.

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Deux personnages beaux et intelligents à jalouser ? Quoi de mieux alors que les mettre en couple et faire d'eux les points de départ d'un scénario où le personnage central apprendrait à s'aimer en dépit de la perfection incarnée par ces deux autres protagonistes. Car c'est sans doute ce que Monia Chokri veut nous enseigner : s'aimer d'abord soi avant d'admirer les autres. Rien que pour cela, ce film vaut la peine d'être vu, même si cela se mérite.

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