The big fix

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray de « The big fix » de Jeremy Kagan.

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« Vous ne relevez pas son numéro d’immatriculation et vous vous prétendez détective ? »

Étudiant contestataire dans les années 1960, Moses Wine exerce désormais la profession de détective privé. Tandis que ses affaires ne marchent pas fort, une ancienne petite amie lui demande d’enquêter sur la disparition de Miles Hawthorne, candidat au poste de gouverneur de Californie. Très vite, Wine découvre que le dossier n’est pas sans danger, qu’il implique des politiciens véreux et un risque élevé d’attentat dans les rues de Los Angeles…

« ça n’a pas été dur de disparaitre. On avait le réseau pour nous aider. Mais on s’est vite ennuyé... »

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Réalisateur venu de la télévision, Jeremy Kagan connaitra une courte carrière au cinéma avant de retourner définitivement au petit écran. A son crédit, un corpus de sept films réalisés entre 1977 et 1991 qui laissent entrevoir (du moins pour les premiers) une appétence pour les sujets socio-politiques. A l’image de « Heroes » (1977), son premier film dans lequel il sondait les traumatismes de la jeunesse ayant combattu au Vietnam. Ou de « L’élu » (1981), grande fable sur la religion et le racisme vu par le prisme de deux enfants juifs dans l’Amérique des années 40. En 1978, pour son deuxième film, il adapte « The big fix » (sorti en France sous le titre « La grande triche »), roman éponyme de l’auteur américain Roger Simon (qui deviendra par la suite l’un des scénaristes attitrés de Paul Mazursky) et premier tome des aventures du détective privé Moses Wine.

« On ne peut pas rester longtemps anarchiste dans ce pays. Il y a trop de friandises offertes partout et on passe pour un fou si on les refuse ! »

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« The big fix » - ou littéralement Le grand piège – puise son inspiration dans la tradition littéraire américaine du polar dominé notamment par la figure archétypale du détective privé, popularisée par Raymond Chandler et Dashiell Hammett. Ce personnage un peu à la marge, qui observe la décadence et la corruption de la société avec un mélange de cynisme et de flegme, aura fait les beaux jours au cinéma de l’acteur Humphrey Bogart. Mais chez Jeremy Kagan, le privé a été remodelé à la sauce seventies, profitant des mutations sociales et de la démythification à tout craint. Comme chez Altman (« Le privé »), Moses Wine se retrouve affublé d’une décontraction débonnaire et d’une forme de désinvolture. De prime abord, ce personnage de détective industriel un peu blasé semble même un peu looser sur les bords, engagé malgré lui dans une affaire politique qui le dépasse totalement. Le temps d’une campagne politique locale, il devra ainsi enquêter sur les milieux contestataires d’extrême-gauche, auxquels il fut lui-même lié quelques années plus tôt. La bonne idée du scénario étant ici de mêler le film de détective au polar paranoïaque, genre alors très en vogue dans l’Amérique traumatisée par l’assassinat de JFK et par le scandale du Watergate. Sur un ton faussement léger, qui flirte en permanence avec le second degré, Kagan développe une intrigue policière qui ne manque pas de piquants ni de rebondissements. On en retient surtout le portrait emprunt d’amertume et de mélancolie d’une génération qui a totalement perdue ses idéaux et qui a été rattrapée par le système et la société de consommation, qui sonne comme un chant du cygne de cette décennie et de ses illusions. Un drôle de polar finalement assez triste, parfaitement interprété (Richard Dreyfuss, John Lithgow, F. Murray Abraham) et qui demeure très plaisant à regarder.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une passionnante présentation signée Noël Simsolo.

Edité par ESC Editions, « The bigfix » est disponible en blu-ray et en DVD depuis le 21 mai 2019.

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