[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #51. Kickboxer

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #51. Kickboxer
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 ! 
 

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #51. Kickboxer

#51. Kickboxer de Mark DiSalle et David Worth (1989)
C'est devenu une connaissance commune à tous les cinéphiles amateurs de cinéma burné comme on n'en fait que trop peu aujourd'hui : JCVD est un pur produit de l'American Dream, tout comme les Stallone, Schwarzenegger and Co, et tout comme eux, il en a chié des bulles (mais pas que) pour arriver à se tailler une place de choix dans la chaîne alimentaire de la série B US et mondiale.
Et s'il a su se tailler son bout de gras grâce au succès monstrueux et totalement inespéré du férocement jouissif Bloodsport, Tous les Coups sont Permis, qu'il a porté sur ses larges épaules (quitte à en booster son montage pour être plus commercial et plaisant à suivre), c'est définitivement grâce au tout aussi culte Kickboxer de Mark DiSalle - dont c'est la seule et unique réalisation - et David Worth, qu'il est devenu la star qu'il est aujourd'hui. 

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Pur B movie comme les aime, sentant bon la sueur et le sang, Kickboxer, honteusement passé à la moulinette du remake DTV il y a quelques années (et avec JCVD dans le rôle du sensei... oublions), n'est dans un sens, pas si différent du film de Newt Arnold, tout du moins dans ses codes : une action musclée et brutale, avec des combats aux chorégraphies réalistes - mais surtout entrainantes - sublimés par un montage accrocheur, une description des personnages limités au strict minimum (un entraineur chinois, un second couteau comique, un BFF/frangin esquinté par un vilain plus que terrifiant) et une histoire allant strictement à l'essentielle.

On y suit cette fois le champion du monde de kickboxing un brin égocentrique et exubérant (ah America...), Eric Sloane qui, flanqué de son frangin beaucoup plus réservé et humble Kurt (JCVD), décide d'aller répandre la bonne parole de ses poings à Bangkok, en affrontant le terrible et impressionnant Tong Po, pour lui mettre une branlée et montrer au monde entier que les champions de la castagne, viennent bien tous du pays de l'Oncle Sam.
Le hic c'est qu'en Thaïlande, ils ne suivent pas réellement les mêmes règles sur un ring - la boxe Thaï, ce n'est la Kickboxing -, et dans un monde qu'il ne connaît pas et surtout dans lequel il n'est absolument pas le bienvenue, il n'écoute pas son frangin (qui lui a pleinement conscience de ce qui va se passer) prend une sévère correction et reste au tapis, direction l'hôpital et une paralysie définitive.
Ivre de rage, Kurt veut à tout prix venger son frère et, aidé par un compatriote ayant fait son trou dans le business illégal local, Winston, il va faire la rencontre du farfelu mais brillant maître Xian Chow, qui va en faire son élève le plus doué, et lui donner les outils d'une vengeance mémorable...
Pointant gentiment du doigt l'orgueil de l'impérialisme ricain venant faire sa loi sur le continent asiatique, avant de gentiment se faire éconduire (syndrome de la guerre du Vietnam, bonjour), tout en plongeant tête baissée dans le revenge movie aux douces saveurs HK, Kickboxer incarne un petit miracle sur pellicule, réussissant l'équilibre totalement improbable d'être une pure série B tournée comme un téléfilm de luxe en terre exotique, autant qu'un vrai morceau d'action virile, montant crescendo en tension durant une phase d'entrainement mythique ou la douleur et les progrès sont palpables (Kurt souffre, et ça se sent) sous les sonorités de Paul Hertzog (un excellent, tribal et entrainant à la fois), avant d'exploser au visage des spectateurs dans un final dantesque qui vaut à lui seul son pesant de pop corn, où Kurt et Tong Po s'affrontent à la (dé)loyale, comme le faisait les guerriers de l'ancien temps.

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Mais la vraie réussite du film, qui le démarque pleinement de Bloodsport dans le coeur des fans de JCVD, c'est d'avoir réussi à offrir non seulement à Kurt Sloane, une vraie profondeur pour le rendre attachant, mais surtout un vrai antagoniste majeur, encore plus marquant que le terrifiant Chong Li (le légendaire Bolo Yeung) : Tong Po, personnage infiniment détestable (il paralyse le frère de Kurt, viole sa petite amie et tyrannise tout son village) et campé par l'étonnamment charismatique Michel Quissi, poto de longue date du comédien belge et camarade de galère pendant sa période de vaches maigres à Hollywood (il participera à quasiment tous ses films de l'époque).
Ode à l'héroïsme pleine de rage, remplie jusqu'à la gueule de scènes cultes, Kickboxer est une merveille de films de combats, et sans conteste l'un des films d'action les plus marquants de son époque, tant sa VHS a dû être usée plus que de raison tout au long de la décennie suivante, aux côtés des Bloodsport, Full Contact et Double Impact (deux JCVD pour le prix d'un).
Un sommet des 80's, et celui qui n'a pas frénétiquement crié "Notsuko" quasiment en transe dans le final, peut gentiment nous lancer la pierre... et ils doivent être bien peu.
Jonathan Chevrier
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