Persona Non Grata (2019) de Roschdy Zem

Par Seleniecinema @SelenieCinema

5ème long métrage en tant que réalisateur pour Roschdy Zem, plus connu comme acteur comme dans le récent (2018) de Fred Cavayé. Pour ce nouveau projet il s'agit avant tout du remake du film brésilien "O Invasor" (2002) de Beto Brant : "Le thème est assez simple : ce sont deux hommes tout à fait ordinaires, qui ne sont pas des bandits, pas des voyous, qui vont commettre un crime. Le film va raconter les conséquences de ce crime, au sein d'abord de leur relation entre eux, de leur relation intime avec leur femme respective, et leurs relations professionnelles. Ce sont les conséquences sur un acte qui vous dépasse."...

Le cinéaste co-écrit le scénario avec Olivier Gorce *** auteur de "La Loi du Marché" (2015) et (2018) tous deux de Stéphane Brizé. Les deux hommes se retrouvent donc après "Omar m'a Tuer" (2011) et (2016). Roschdy Zem a écrit en pensant à deux acteurs qui ont accepté le projet, Nicolas Duvauchelle qui retrouve son réalisateur après avoir été partenaire dans "Happy Few" (2010) de Antony Cordier et surtout "Bodybuilder" (2014) de Roschdy Zem, puis Raphaël Personnaz dont Zem dit : "Je l'avais vu dans deux ou trois films et ce que j'aimais, c'était son image apparente de gendre idéal, parfaite pour incarner... un enculé, disons-le !"... A leurs côtés pas mal de présence féminine avec Hafzia Herzi révélation de "La Graine et le Mulet" (2007) et vue dans "Mektoub my Love : Canto Uno" (2018) tous deux de Abdellatif Kechiche, la belle Nadia Tereszkiewicz revélée dans "Sauvages" (2019) de Dennis Berry, puis Anne Charrier qui retrouve Personnaz après "La Stratégie de la Poussette" (2013) de Clément Michel... Roschdy Zem joue également un rôle, mais il reste avant tout réalisateur et avoue comme référence ce qu'il considère comme un chef d'oeuvre (c'est un excellent film !) soit "7h58, ce Samedi-Là" (2007) de Sidney Lumet. Le film nous met dans le bain dès le début avec un prologue direct mais évasif avant de revenir un peu en arrière. Mais à la manière française on pensera un peu plus à "Sans Laisser de Traces" (2010) de Grégoire Vigneron... On suit donc deux amis associés mais employés qui vont "presque malgré eux" faire tuer leur boss afin de gérer l'entreprise comme ils l'entendent. Malheureusement, l'homme de main qu'ils ont utilisé va s'avérer plus gourmand mais surtout plus ambitieux qu'au premier abord... L'intrigue débute quasi aussitôt donc, mettant en place une tension palpable d'emblée et qui ne nous lâchera plus même si elle est trop élevée au départ pour monter ensuite. Il y a deux grandes qualités dans le film, la narration et les personnages. Le scénario va droit au but et si le montage paraît parfois un peu décousu il s'avère cohérent et va à l'essentiel.

Les personnages sont intéressants, même dans les plus petits rôles, les épouses semblent sous-exploitée mais s'avèrent être d'abord des femmes de têtes, les "amantes" restent maîtresses de leur destin, tandis que les hommes trop ambitieux se brûlent les ailes aveuglés par leur égo. Par contre on peut regretter que l'amitié entre les deux amis-associés ne soit pas plus démonstratifs surtout au début, car jamais on ne ressent un lien forte tangible entre eux ce qui rend la suite trop facile à assimiler pour le spectateur. On adore le personnage incarner par Roschdy Zem, à la fois ambigü et limpide, à la fois brute épaisse et manipulateur subtil, à la fois primaire et mystérieux... Roschdy Zem signe un thriller qui pêche surtout par l'enjeu qui paraît peu solide devant les conséquences tragiques inhérents à leur projet. Néanmoins, le film reste un thriller implacable avec des ramifications judicieuses (idylle héritière/tueur, adultère bien géré, épouse qui porte la culotte...) avec en prime un finish intelligent qui évite le happy end et assume une certaine immoralité. Un bon moment.

Note :