La dernière flèche

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La dernière flèche » de Joseph M. Newman.

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« Il faut vous sortir du crâne cette idée fantaisiste selon laquelle vous vivez la vie d’un gentleman aventurier »

Duncan MacDonald intègre la police montée canadienne à temps pour participer à une mission périlleuse. Un millier d’Indiens Cree ont franchi la frontière du Montana et pris des otages pour assurer leur retour au Canada. Avec l’aide de l’éclaireur Natayo, MacDonald devra faire preuve de beaucoup de diplomatie pour les tirer de ce mauvais pas.

« C’est notre droit de chasser sur ces terres. Laisserons-nous l’ennemi nous repousser vers un pays de famine ? »

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L’univers spécifique du western est souvent associé aux « tuniques bleues », terme indien visant à désigner les soldats de la cavalerie américaine. En la matière, on connait moins les « tuniques rouges » de la police montée canadienne, qui n’ont il est vrai que rarement été mis à l’honneur au cinéma. Tout juste retiendra-t-on les « Tuniques écarlates » (1940) de Cecil B. DeMille avec Gary Cooper ou l’excellent mais méconnu « La brigade héroïque » (1954) de Raoul Walsh avec Alan Ladd. A cette maigre liste, il convient donc d’ajouter « La dernière flèche », réalisé en 1952 par Joseph M. Newman, médiocre tâcheron de la Fox spécialiste du western de série B (« Les bannis de la Sierra », « Fort Massacre », « Le shérif aux mains rouges »).

« La loi de la Reine dit qu’aucun homme ne sera l’esclave d’un autre »

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Librement inspiré d’une histoire signée Garnett Weston parue dans la revue Saturday Evening Post, « La dernière flèche » oppose une tribu indienne sur le sentier de la guerre pour avoir été chassée par la cavalerie américaine de ses terres de chasse et un jeune représentant de la police montée, venu seul négocier la paix et la libération des deux otages blancs détenus par les indiens. En dépit d’une épique scène de bataille en ouverture du film dont les images ont été pompées sur le « Buffalo Bill » de William Wellman, « La dernière flèche » est un western un peu fauché et sans trop d’action, dont l’intérêt repose essentiellement sur le bras-de-fer psychologique que se livrent le chef indien et le représentant de l’autorité canadienne. Mais le film est surtout intéressant par le changement de paradigme engendré par le déplacement de l’intrigue du point de vue canadien : les « tuniques rouges » ne sont ainsi pas des tueurs d’indiens sanguinaires mais des hommes de paix pragmatiques qui agissent  dans l’idée de protéger et non de punir. D’ailleurs, dans chacun des deux camps, le danger viendra des renégats aveuglés par leurs préjugés et par leur soif d’en découdre. Certes, nous ne sommes pas encore ici dans la vision totalement progressiste et pro-indienne qui sera développée deux ans plus tard dans le mémorable « La flèche brisée » de Delmer Daves qui marquera un véritable tournant idéologique dans le genre du western. Mais cette « Dernière flèche » est un premier jalon sur le chemin vers la reconnaissance du mal qui a été infligé aux amérindiens par les américains. Un petit western de série B mineur et un peu mou, mais qui n’est pas pour autant désagréable.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion (8 min.).

Edité par Sidonis Calysta, « La dernière flèche » est disponible en édition collector silver, comprenant le blu-ray + le DVD du film, depuis le 20 juin 2019.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.