Tolkien (2019) de Dome Karukoski

Voilà un biopic qui aurait pu créer la surprise tant l'auteur en question est devenu culte. Si le film retrace la vie de J.R.R. Tolkien (tout savoir ICI !), romancier et poète auquel on doit la saga au succès planétaire "Le Seigneur des Anneaux" (1954-1955), c'est d'abord et avant tout par le biais de son oeuvre ou plutôt en tentant de retranscrire comment et en quoi sa propre vie a influencé son oeuvre. Le réalisateur finlandais Dome Karukoski, qui a signé "Fruit Défendu" (2011), "Heart of a Lion" (2014) et surtout "Tom of Finland" (2017), se retrouve ravi d'avoir été choisit pour porter à l'écran le destin de Tolkien : "Je suis fan de Tolkien depuis l'âge de 12 ans. Le plus important pour moi était d'apporter à ce film toutes les émotions que j'ai ressenties en lisant ses livres. Tolkienest une merveilleuse histoire d'amour et d'amitié. C'est l'histoire d'un orphelin qui fait de ses amis une véritable famille, qui part à la guerre et tombe amoureux d'une femme qu'il aimera pour l'éternité. En même temps, le film traite de la façon dont Tolkien, dans son génie créatif, est parvenu à intégrer ces choses bien réelles que sont l'amitié, la guerre ou l'amour à des univers fantastiques incroyablement vivants."... Le scénario de ce biopic est signé du méconnu David Gleeson réalisateur-scénariste du tout aussi méconnu "Cowboys and Angels" (2005) puis de Stephen Beresford qui a écrit le film "Pride" (2014) de Matthew Warchus.

Tolkien (2019) de Dome Karukoski

Pour le rôle titre c'est Nicholas Hoult qui s'y colle changeant une nouvelle fois de registre après le chef d'oeuvre "La Favorite" (2019) de Yorgos Lanthimos et "X-Men : Dark Phoenix" (2019) de Simon Kinberg. Sa grande histoire d'amour a le visage de Lily Collins dont les derniers films étaient siglés Netflix avec (2017) de Bong Joon-Ho et "Extremely wicked, Shockingly Evil and Vile" (2019) de Joe Berlinger. Les deux mentors de Tolkien sont incarnés par Colm Meaney qu'on avait pas vu dans un film depuis "Pelé - Naissance d'une Légende" (2016) de Michael et Jeff Zimbalist, puis Derek Jacobi vu récemment dans (2018) de Roar Uthaug. L'attrait de ce biopic est dû à deux paramètres essentiels, la puissance évocatrice de la saga "Le Seigneur des Anneaux" et un biopic centré sur le fait que chaque moment de la vie de Tolkien a enrichit au fur et à mesure son oeuvre. Ainsi, comme on peut le voir dans la bande-annonce, des images renvoyant à ses romans sont incrustés dans le récit de sa vie pour bien appuyer le fait que cet instant et cet événement a inspiré ce personnage ou cette scène dans ce qui sera plus tard ses romans. La ligne directrice est basé sur la guerre 14-18 durant laquelle Tolkien a combattu, l'horreur des tranchées s'impose alors comme le socle qui va façonner l'imaginaire de l'auteur. On passe ainsi du passé au présent via des flash-backs et flash-forwards. Si l'idée de matérialiser les inspirations est plutôt savoureuse malheureusement jamais le réalisateur finlandais ne tente autre chose que de filmer mécaniquement le scénario fourni.

Tolkien (2019) de Dome Karukoski

Aucun souffle dans ce film, sans oublier qu'il omet complètement le processus créatif de l'auteur, dommage pour ce qui aurait dû être une odyssée littéraire. Le film passe trop de temps sur certaines parties alors qu'il occulte ou sous-exploite d'autres. Ainsi une bonne moitié se focalise sur le club des quatre amis à l'université, les tranchées de 14-18 restent fortement alimentaires, et pourquoi avoir aussi édulcoré les débuts amoureux avec Edith alors même que ça montre une facette importante de la personnalité de Tolkien ?! Enfin, l'imaginaire et la transposition dans le réel n'est pas assez assumé ce qui fait que le film reste un biopic très classique alors qu'il avait tout pour être un peu plus flamboyant. Résultat, ce biopic est assez ennuyeux et paraît bien long malgré quelques jolies scènes. Un biopic bien sage qui ne rend pas hommage à l'auteur. Déception...

Tolkien (2019) Dome Karukoski