[CRITIQUE] : Away

[CRITIQUE] : Away

Réalisateur : Gints Zilbalodis

Acteurs : -
Distributeur : -
Budget :-
Genre : Animation, Aventure
Nationalité : Letton
Durée : 1h14min

Synopsis :

Un garçon et un petit oiseau parcourent une île à moto, essayant de fuir un esprit obscur et de rentrer chez eux.
Critique :
#Away est une expérience difficile à aborder. Mais quel chance pour ceux et celles qui seront du voyage, car nous avons là un véritable petit OFNI, un film à l'étrange pouvoir de fascination, hypnotique, avec certains passages à la poésie pure. (@CookieTime_LE) #Annecy2019 pic.twitter.com/3MtxIt9OPb— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) June 14, 2019


Les Festivaliers de Annecy cette année se sont rués sur les mêmes choses pendant les réservations : bien évidemment, la présentation de Frozen 2, Toy Story 4 et un petit film letton présenté à la section Contrechamps, Away, qui a affiché toute la semaine complet à ses séances. Il faut dire que le film de Gints Zilbalodis avait de quoi fasciner : il n’y a qu’un seul membre dans l’équipe, Zilbalodis lui-même. A seulement vingt-trois ans, le réalisateur a porté un projet ambitieux, qui sort du carcan du récit traditionnel. Mais, on préfère vous prévenir : le film ne plaira pas à tout le monde.

[CRITIQUE] : Away

L’affiche parlait d’elle-même : une image tirée du film, un titre court, Away, nous sommes devant un film minimaliste. Que ce soit dans les dessins, aux trait figés ou l’histoire qui est une simple course poursuite, Away ne brille pas par son design ou son scénario. Pourtant, Zilbalodis nous pousse à chercher plus loin que ce que l’on voit, à la manière d’un Miyazaki (si l’on veut rester dans l’animation) ou même d’un Terrence Malick, qui a depuis quelques années poussé de plus en plus les limites de la narration cinématographique. Comme Malick, qui réussit à créer de l’émotion simplement par la force des images, Zilbalodis utilise l’animation pour mettre en avant la puissance de la nature, à travers différents paysages (désert, forêt, lac, montagnes, …). Si on doit nommer un autre film d’animation, ce serait La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit, qui comme le film qui, comme Away, plonge le spectateur dans une atmosphère contemplative et méditative. Le réalisateur a lui-même composé la musique, elle accompagne les images, parfois avec beaucoup d’intensité, d’autres fois plus légère. On regrette le trop-plein de musique justement, car les images parlent d’elle-même, il n’y a pas besoin d’en faire plus.

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Notre personnage principal, un jeune garçon jamais nommé est poursuivi par un monstre géant, qui a l’air d’absorber la vie d’être vivant. Il doit passer des arches, comme des étapes, des portails qui l’emmènent vers sa destination finale, un village à l’autre bout du monde. Peut-être le seul endroit avec des humains, car à part un oiseau jaune qui fait le voyage avec lui et des petits chats noirs gardant un geyser, il ne croise jamais âme qui vive. Gints Zilbalodis ne répond jamais à la question si tout ce qu’on voit est métaphorique ou non, préférant nous laisser à notre propre avis. Nous avons le choix de tout prendre au pied de la lettre : un jeune garçon poursuivi, ou y voir un récit initiatique du passage à l’âge adulte, ou alors voir une métaphore de la solitude et de la dépression, chacun va puiser dans son espace personnel et personne ne verra la même chose chez Away.

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Evidemment, le film n’est pas exempt de défaut, à commencer par l’animation un peu datée et rudimentaire, mais aussi le côté redondant du film, qui ne suit jamais les codes. On peut comprendre à quel point Away n’est pas facile à aborder et beaucoup de spectateurs resteront au bord de la route. Mais quel chance pour ceux et celles qui seront du voyage, car nous avons là un véritable petit OFNI, un film à l'étrange pouvoir de fascination, hypnotique, avec certains passages à la poésie pure.


Laura Enjolvy

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