Australia (2008) de Baz Luhrmann

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après sa trilogie "musicale" qui l'a fait connaître, composée des films "Ballroom Dancing" (1992), "Roméo + Juliette" (1997) et "Moulin Rouge" (2001), le réalisateur-scénariste australien Baz Luhrmann se lance dans un projet qui le tient particulièrement à coeur, à savoir "donner naissance à une grande saga d'aventure se déroulant dans son pays natal". Le cinéaste précise : "Ces films qu'Hollywood produisait autrefois en abondance réunissaient devant un même écran hommes et femmes, jeunes et vieux, par familles entières. En regardant Les Hauts de Hurlevent, Ben-Hur, Lawrence d'Arabie ou plus récemment Titanic, les gens vivent ensemble une même grande expérience cinématographique. Je voulais créer un film qui permette cela parce que ce qui me passionne le plus, ce qui me motive et me fait vivre, c'est rassembler. Unir les gens, les pousser à une communion d'esprit et de coeur, c'est cela qui guérit et apporte le réconfort de l'âme dans notre monde imprévisible et changeant."... Résultat, Luhrmann co-signe le scénrio à plusieurs mains, dont avec Stuart Beattie scénariste de la saga "Pirates des Caraïbes" (2003-2011)... Donc, en 1939, une aristocrate anglaise hérite du ranch de son défunt époux dans un pays qu'elle ne connait pas. Elle va devoir s'imposer en tant que femme, en tant que aristocrate, en tant que chef d'entreprise dans la dure concurrence du commerce de bétail...

Cette aristo venue du pays colonisateur est incarnée par la star Nicole Kidman qui retrouve le cinéaste après "Moulin Rouge" et après la publicité Chanel qui est à l'époque la plus chère jamais réalisée. Son "drover" (cow-boy australien) est incarné par un certain Hugh Jackman, tout jeune star révélé en Wolverine dans première trilogie (2000-2003-2006) de Bryan Singer. Le casting est à l'image de ces deux stars, tous australiens avec David Gulpilil révélé par "Crocodile Dundee" (1984) de Peter Faiman, David Wenham vu dans "Moulin Rouge" et "The Proposition" (2005) de John Hillcoat, Bryan Brown remarqué entre autres en milliardaire casse-cou dans "Polly et Moi" (2004) de John Hamburg, Ben Mendelsohn qui passera un cap essentiel avec "Animal Kingdom" (2010) de David Michôd, puis enfin, le tout jeune Brandon Walters... Luhrmann signe donc un film ambitieux, une fresque historico-romanesque dans la veine des films cités plus haut par le réalisateur lui-même. On pense fotement à un mixte entre "Autant en Emporte le Vent" (1939) de Victor Fleming et "Out of Africa" (1985) de Sydney Pollack. La première chose qu'on remarque est le manque total d'originalité dans les deux personnages principaux, elle est clairement inspiré de Meryl Streep dans "Out of Africa" en plus superficielle, il est l'archétype du cow-boy rustre mais tellement viril et vertueux ! L'aristo est aussi peu aidée par son interprète, une Nicole Kidman botoxisée à outrance qui fige son visage et qui semble bien anachronique pour une aristo des années 30.

Passé ce début de film et les présentations l'histoire se met en place avec une intrigue principale (concurrence avec un magnat du bétail) mais surtout le film est enrichit d'abord du destin tragique dite des "Générations Volées" (tout savoir ICI !), puis enfin le film aborde le bombardement de Darwin par les japonais, ce qui est considéré comme le "Pearl Harbor australien" (tout savoir ICI !)... Le film est donc d'une densité et d'un ampleur digne des grandes fresques épiques, bien embellit par les paysages envoûtants de l'outback du nord, par des décors et costumes magnifiques et une photographie soignée bien que, sur ce dernier point, il y a un décalage entre la première partie et l'attaque de Darwin (images de synthèses lourdes et grossières). Mais malheureusement, Luhrmann ne réussit que trop peu à insuffler du souffle, n'assume pas la dimension surnaturelle (sans doute superflue, néanmoins trop peu exploitée), tandis que la beauté esthétique de la première partie n'a d'égal que la laideur de la partie attaque japonaise. On peut tiquer sur cette fin beaucoup trop idyllique pour ne pas dire féérique. Et pourtant, les acteurs y croient sincèrement ce qui atténue notre sensation de gâchis. Baz Lurhmann a de l'ambition, il a le talent ça en fait aucun doute. sur cette action. Mais il ne faut non plus nier le plaisir d'enfin pouvoir regarder un vrai film de cinéma pour le grand écran.