Marie-Octobre

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

« Marie-Octobre » c'est un film que j'ai souvent raté à la tv ! Je ne faisais qu'en voir des bouts, 10 minutes par ci, 10 minutes par là, mais je n'ai jamais eu le temps de le voir dans son intégralité. Et si vous trouvez les bandes-annonces frustrantes, ces nombreux rendez-vous manquer l'était tout autant, voir peut être plus, parce que vous êtes déjà sûr que le film vous plait. Enfin cela c'était avant, car j'ai désormais découvert ce fameux « Marie-Octobre » !
Durant l'Occupation, un homme a trahi un réseau, provoquant l’exécution du chef. Un groupe de personnes est réuni pour démasquer le traître.
« Marie-Octobre » est un film qui se suit dans déplaisir. C'est un habile huis-clos et surtout une belle preuve du talent français, celui ou les acteurs et actrices de cette époque vous faisiez rester sur votre siège par leurs seules et uniques présences à l'écran. Hélas j'ai certainement placé trop d'espoir dans le film et son histoire, car je ne peux m’empêcher d’être un peu déçu au final.
Le film est écrit par Julien Duvivier et par l'auteur Jacques Robert. Ce dernier qui est l'auteur du roman éponyme adapté à l'écran, sera naturellement par la suite adaptée en pièce de théâtre, ce qui n'étonne personne à la découverte du film. On ajoute à cela des dialogues écrits par Henri Jeanson et l'on a une intrigue qui nous raconte comment des anciens camarades résistants se retrouvent quelques années après la libération pour contre toute attente régler les comptes. L'un d'eux a trahi le réseau et lors d'une descente de la gestapo, leur chef a était tué.

C'est habilement mené, avec une exposition rapide qui nous permet de comprendre le début de l'intrigue, avant de poser la problématique, en jouant finement sur l'effet de sidération ! Les personnages sont là, content de se retrouver après tant de moments difficiles, le repas est bon, l'alcool abondant, quand « Marie-Octobre » à la fin du repas leur annonce que l'un d'eux (elle compris) les as dénoncés à la gestapo. Tous réagissent différemment, mais bien évidemment personne n'avoue ! Et c'est ainsi que commence un grand jeu, un jeu de dupes, ou chacun se mettra à parler, à exprimer son ressentis, à ressasser ses souvenirs, bons ou mauvais, afin de laver la mémoire de leur chef. Mais voilà si la résolution peut surprendre, ça manque de moment fort et de suspense, ce qui fait que le huis-clos n'est pas forcément l'élément de l'intrigue le plus intéressant.
A contrario de l'époque à laquelle l'intrigue se passe (l'après guerre), des faits (la délation d'un groupe de résistants) qui sont jugés et du passif des personnages. Etant donné que tout ceci soulève un certain nombres de questions, qui sont à la fois sociale (Comment recréer de la confiance et du lien entre les personnes), sociétale (Doit-on reconstruire avec les personnes ayant collaboré ?), qu'éthique (Est-ce que se faire justice soi-même est juste ?) et je trouve cela passionnant.
Quant au film en lui-même il est très agréable à regarder ! Que ça soit les costumes de Jacques Heim, subtil mélange d'élégance et de sobriété, le décors de la maison signé Georges Wakhévitch qui regorge de détails, ou encore la photographie de Robert Lefebvre, c'est un régal pour les yeux. Puis vous ajoutez à cela la réalisation de Julien Duvivier, qui orchestre ça avec talent. Il compose ses scènes avec intelligence, maximisant au possible la profondeur que lui procure ce décor ainsi que les nombreux personnages; pour mieux nous saisir et ne pas nous lâcher. Le casting est excellent et chacun dans son registre apporte sa pierre a l'édifice, toutefois cela n’empêche pas que le film malgré sa durée raisonnable de manquer parfois de rythme et de tirer certaines scènes en longueurs.


Marie-Octobre – 24 Avril 1959 – Réalisé par Julien Duvivier