Sybil – 12,5/20

Par Taibbo

De Justine Triet
Avec Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel

Chronique : Portrait complexe d’une femme compliquée (et dont la rareté lui confère par conséquent une grande valeur), Sybil marque les retrouvailles précoces entre Justine Triet et Virginie Efira après l’enlevé Victoria.
La réalisatrice intrigue avec une mise en scène troublante, mettant en place une espèce de puzzle aussi bien temporelle que sonore, jouant de flash-backs et de plans muets. Elle met ainsi en exergue les multiples dimensions du personnage de Sybil, sa force et ses failles, donnant l’impression qu’elle est toujours sur un fil, que la maitrise apparente de son quotidien, de la gestion de ses patients, de sa famille, peut se briser à tout moment. On guette le moment où elle finira par perdre pied.
L’arrivée de Margot dans sa vie va être ce déclencheur.
Malheureusement à partir du départ de Sybil sur le tournage, le scénario n’est plus vraiment à la hauteur de ses personnages. Comme s’il devait absolument refléter la confusion qui fait rage dans la tête de son héroïne, quitte à perdre son spectateur. Sybil vire alors au thriller erotico-psychologique assez grossier, faussement provocateur et peu nuancé. Son style narratif un peu surécrit convenait bien mieux à la distance très à propos de sa première partie, plus littéraire.
Reste l’impressionnante performance de Virgine Efira, qui semble tirer le meilleur de ses précédents rôles pour composer magistralement sa Sybil, mélange de douceur, de violence enfouie et de lâcher prise.
A défaut d’un prix d’interprétation cannois, espérons que les prochains César récompense enfin son talent protéiforme.

Synopsis : Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse…