ROCKETMAN (Critique)

ROCKETMAN (Critique)

ROCKETMAN (Critique)

SYNOPSIS: Rocketman nous raconte la vie hors du commun d'Elton John, depuis ses premiers succès jusqu'à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd'hui connu sous le nom d'Elton John. Son histoire inspirante - sur fond des plus belles chansons de la star - nous fait vivre l'incroyable succès d'un enfant d'une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.

Quelques mois à peine après le triomphe mondial et inattendu de Bohemian Rhapsody débarque dans les salles un nouveau biopic d'une icône pop-rock des années 80 Rocketman consacré à la vie d' Elton John. Ce rapprochement des sorties appelle la comparaison, les deux films semblent liés comme l'étaient d'ailleurs Freddie Mercury et Elton John. En apparence l'un et l'autre sont signés du même réalisateur Dexter Fletcher , crédité comme metteur en scène de Bohemian Rhapsody car il remplaça un Bryan Singer écarté des dernières semaines de tournage mais qui réalise bel et bien ce Rocketman sous la houlette de son producteur Matthew Vaughn pour lequel il tourna Eddie The Eagle, déjà avec Taron Edgerton (découvert par Vaughn dans Kingsman) la biographie d'un sauteur à skis aux côtés de Hugh Jackman découvert lui ... par Bryan Singer. Évidemment on se remémore que Vaughn devait succéder à Singer sur la franchise X-men avec le troisième volet pour finalement signer X-men le commencement. Les deux films retracent la vie de deux performers aux trajectoires très similaires que seule distingue l'issue fatale de celle du chanteur de Queen : de grands timides qui se sont bâtis des personnalités scéniques exubérantes, marqués par des relations familiales difficiles, tourmentés par l'acceptation de leur homosexualité tentant d'oublier leur mal-être dans un tourbillon de sexe, de drogue et d'alcool. Les grandes lignes de l'histoire sont étrangement similaires. Comme dans Bohemian Rhapsody, Elton John est séduit par un businessman de la musique qui le rend plus à l'aise avec son homosexualité, mais prend le contrôle de sa carrière et de sa vie . Le " méchant " de Rocketman est John Reid (Richard Madden), qui figure également dans Bohemian Rhapsody sous les traits d' Aidan Gillen - mais cette fois comme manager bien intentionné cruellement manipulé par le nouvel amant / manager de Mercury, Paul Prenter.

ROCKETMAN (Critique)

Rocketman se démarque tout de même par l'approche stylistique plus sophistiquée choisie par Fletcher. Là où le film de Singer restait dans une récit chronologique et (plus ou moins) factuel ponctués par les hits de Queen dans leurs versions originales interprétées en playback, Rocketman intègre les grands succès du chanteur, repris par Taron Egerton dans de véritables scènes de comédie musicale métaphores de ses émotions et sentiments. Alors que les tourments familiaux d' Elton John ne sont pas montrés avec beaucoup de nuances, c'est quand chaque membre de sa famille chante à tour de rôle les paroles de I Want Love, qu'on est au plus prés de vraies émotions. La transition de l'enfance au début de l'âge adulte se fait sur une mise en scène élaborée et effervescente de Saturday Night's Alright For Fighting. La chanson titre du film illustre une tentative de suicide et bien que le numéro soit un peu trop ouvertement sentimental , il est beaucoup plus efficace pour montrer ce qui traverse l'esprit du chanteur que l'angle psychologique maladroit " Elton john a besoin d'un calin" . L'utilisation du catalogue Elton John par le film permet au récit d'échapper à une chronologie stricte et l'utilisation métaphorique qui en est fait rend compte aussi de l'effet de sa musique sur son public comme cet effet de lévitation littéral lors de ses premières performances à Los Angeles particulièrement réussi.
ROCKETMAN (Critique)

Taron Egerton omniprésent livre une performance artistique totale : il joue la comédie, danse et chante - c'est d'ailleurs dans ces moments qu'il est sans doute le meilleur - mais en dépit de cette débauche d'énergie et de son investissement indéniable le jeune comédien manque encore d'épaisseur et de charisme pour incarner les côtés obscurs d' Elton John. Sa performance tient plus de l'imitation que de la plongée dans l'âme de son personnage. Il est entouré d'un casting solide. Richard Madden apparaît très " bondien " dans le rôle du méphistophélique John Reid , Jamie Bell ( Billy Eliott) dans le rôle de son parolier de toujours et frère de musique Bernie Taupin tandis que Bryce Dallas Howard livre une composition surprenante dans le rôle de la mère du chanteur. Mais les comédiens n'ont pas vraiment beaucoup de place pour développer leurs personnages entre les numéros musicaux. Aussi inventif qu'il soit et malgré la mélancolie des chansons de John et Taupin, on retrouve dans Rocketman beaucoup des travers des biopics: étapes obligées du récit - sexe, drogue, égocentrisme, aliénation des êtres chers, désintoxication et rachat - dialogues maladroits, morale creuse (la vie vous donne très peu de chance, il faut la saisir), montages de succès sur fond de une de journaux qui défilent.Une scène où Elton en costume de scène se remaquille regardant tristement dans un miroir de sa loge, en costume buvant du vin, sniffant de la cocaïne est à la limite de la parodie. Si Rocketman se prévaut l'audace dans sa description de l'homosexualité d' Elton John, d'une scène de sexe entre Egerton et Madden, il reste dans les limites des biographies autorisée. Magnifiés dans de grands tableaux musicaux, ses moments de débauche apparaissent moins sulfureux n'écornant pas vraiment le mythe de la respectabilité de l'artiste. En dépit de la recherche artistique de sa mise en scène, le destin certes dramatique d' Elton John en fait une matière cinématographique moins puissante que celui tragique de Freddie Mercury.

ROCKETMAN (Critique)

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