[CRITIQUE] : Vivarium

[CRITIQUE] : Vivarium

Réalisateur : Lorcan Finnegan

Avec les voix de : Imogen Poots, Jesse Eisenberg, Eanna Hardwicke, Jonathan Aris,...
Distributeur : The Jokers
Budget :-
Genre : Thriller, Science-fiction
Nationalité : Irlandais, Belge, Danois
Durée : 1h37min

Synopsis :

Le film est présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2019
A la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement.


Critique :

Thriller fantastique d'un jusqu'au boutisme rare, #Vivarium tient tout du long son joli concept et joue habilement avec son spectateur via une intrigue vraiment maîtrisée et un humour noir grinçant. Jesse Eisenberg et Imogen Poots sont exceptionnels (@CookieTime_LE) #Cannes2019 pic.twitter.com/PZ1ihluxxF

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 20, 2019

Alors que la pluie s’abat sur la croisette, la Semaine de la critique nous invite à entrer dans un lotissement où il ne fait jamais gris. Des petits nuages blanc, des maisons impeccables, un voisinage calme, un gazon verdoyant, l’irlandais Lorcan Finnegan fait tout pour nous donner envie de voir Vivarium, son nouveau long-métrage. Si tout parait parfait et rose bonbon, rien ne l’est : les maisons verdâtres identiques, le ciel statique sorti tout droit d’un tableau, un agent immobilier à côté de la plaque va-t-on pouvoir sortir de ce labyrinthe ?

Gemma (Imogen Poots) et Tom (Jesse Eisenberg) forment un jeune couple amoureux. Elle est institutrice, lui homme à tout faire. Ils cherchent une maison, mais ne semblent pas en trouver. Puis coup de chance, ils ont rendez-vous pour visiter une maison dans un tout nouveau lotissement. L’agent immobilier semble … particulier. Tout sourire, il paraît pourtant froid et bizarre. Une maison en banlieue n’est pas ce qui fait le plus rêver ce couple jeune et dynamique mais par manque de choix et avec une certaine ironie, ils acceptent de suivre Martin jusqu’à peut-être leur futur chez-soi. Wisteria Lane ? Presque, mais rien de chaleureux, pas de rousse avec un panier de muffins pour vous accueillir ici. Une symétrie inquiétante, une couleur monochrome, un labyrinthe de rue, un calme surnaturel. Rien ne donne envie d’y habiter. La maison, numéro 9, est trop propre, trop lisse pour qu’on est envie d’y faire un cocon familiale. Gemma et Tom ne sont bien évidemment pas convaincus, mais problème : Martin a disparu. Quand ils décident de partir, deuxième souci : ils sont incapables de trouver la sortie. La maison 9 semble les poursuivre. Fatigués, en manque d’essence, ils décident de passer la nuit dans la maison. Le lendemain, une nouvelle surprise les attend : un bébé qu’ils doivent élever s’il veulent un jour sortir d’ici. D’où le titre Vivarium, un endroit où on élève un animal en recréant son habitat naturel. Ici, le couple ne manque de rien : une maison de banlieue, un certain confort matériel, un bébé : le kit du couple trentenaire. 
[CRITIQUE] : Vivarium

Vivarium est un film à concept et il arrive à tenir en haleine le spectateur, du début à la fin. Si Gemma et Tom apportent tout d’abord un humour mordant, l’angoisse et le surnaturel prennent vite le dessus. Les aliments n’ont pas de goût, le ciel est trop parfait pour être vrai, il n’y a ni vent, ni bruit. Et le bébé en lui-même est bizarre. Devenant un enfant de 6-7 ans en quatre vingt dix-huit jours, il leur demande une attention particulière : il réagit avec des besoins primaires (il crie quand il a faim), mais a les mêmes réactions que Martin, l’agent immobilier. Il imite (trop) bien ses “parents”, qui n’ont d’ailleurs aucune once de respect pour lui. Gemma lui répète sans arrêt qu’elle n’est pas sa mère, Tom lui fait des doigts d'honneur. Nous sommes loin de la famille parfaite. Le film ne s’éloigne pas des codes du genre, et en cela il n’est pas très original. Mais Vivarium arrive à tenir en haleine dans ce monde de faux-semblant : où une maison n’est pas vraiment une maison, l’enfant pas vraiment un enfant. Nous avons l’impression que Finnegan filme la métaphore de la terreur du couple trentenaire : ressembler à une famille américaine parfaite en montrant le sacrifice que cela requiert. Petit à petit, la pression de la situation pèse sur le couple. Tom s’éloigne de Gemma, ne comprenant pas pourquoi elle défend “l’enfant” et continue à s’occuper de lui au lieu d’essayer de le tuer. Peut-être que Finnegan veut montrer ce que la société fait d'un couple soudé : ce qu'on leur demande pour être dans la norme. Pourtant, se marier, avoir un enfant apporte du stress, un changement, de la pression (surtout de la part des femmes qui ont souvent une charge mentale supplémentaire). Mais il n'y a pas qu'une façon d'avancer en tant que couple dans la vie. S'il faut prendre cette analyse avec des pincettes, le réalisateur s'amuse quand même à démonter la cellule familiale et l'éducation d'un enfant, avec un humour noir grinçant.


[CRITIQUE] : Vivarium

Un film fantastique qui joue avec le spectateur. Comme on l’a dit, Vivarium n’a rien d’original, mais avoir un film aussi jusqu’au boutiste est assez rare. Avec deux acteurs au top, le film saura vous mener dans un dédale malsain et intense.


Laura Enjolvy 


[CRITIQUE] : Vivarium