Douleur et Gloire (2019) de Pedro Almodovar

Après (2016), le retour de Pedro Almodovar d'autant plus important qu'il s'agit de son 6ème film présenté au Festival de Cannes. Sans avoir perçu cela dès le début de l'écriture, il s'avère que ce film clôt en fait une trilogie avec "La Loi du Désir" (1987) et "La Mauvaise Education" (2003), les trois films ayant pour personnage principal un réalisateur en proie au désir à la fois charnel et cinématographique. Le cinéaste précise : "mais la façon dont la fiction s'entremêle avec la réalité diffère d'un film à l'autre. Fiction et vraie vie sont les deux faces d'une même pièce de monnaie et dans la vraie vie, il y a toujours de la douleur et du désir."... Un réalisateur qui ne peut plus travailler depuis quelques temps connaît plusieurs retrouvailles, parfois "en chair et en os", parfois dans ses souvenirs. Par là même, alors en souffrance, cet homme va revenir sur ses 50 dernières années de vie... Pour ce nouveau film le réalisateur retrouve en grande partie certains de ses acteurs fétiches. D'abord dans le rôle principal Antonio Banderas 8ème film avec Almodovar depuis "Le Labyrinthe des Passions" (1982).

Douleur et Gloire (2019) de Pedro Almodovar

Il est suivi de ses partenaires Cecilia Roth 8ème film depuis "Pepi, Luci, Bom et autres filles du Quartier" (1980), Penelope Cruz 6ème film depuis "En Chair et en Os" (1997), Julieta Serrano 6ème film depuis "Pepi, Luci, Bom et autres filles du Quartier" et Susi Sanchez 4ème film depuis "La Piel que Habito" (2011), mais aussi Raul Arevalo 2ème film avec "Les Amants Passagers" (2013) puis Asier Etxeandia 2ème film avec "Etreintes Brisées" (2009). Par contre on notera le 1er film avec le cinéaste pour Leonardo Sberaglia révélé par le magnifique "Intacto" (2003) de Juan Carlos Fresnadillo et vu dans "Les Nouveaux Sauvages" (2015) de Damian Szifron... Le premier quart d'heure nous partage d'emblée, entre une certaine poésie bucolique et mélancolique et une séquence animée en voix Off particulièrement lourde et trop et très explicative. Cette première partie déçoit donc un peu et on va vite s'apercevoir que dans ce film Almodovar ne semble pas franchement savoir quoi raconter. En effet, il explore et sonde des sujets dont il a déjà fait tellement le tour, mais cette fois sans créativité ni nouvel angle de vue. Le pire reste sans doute son personnage principal, parfaitement interprété par Banderas, mais qui est d'une ineptie à peine croyable, pas aidé par ce qui s'apparente surtout hypocondrie en sachant que le scénario semble au contraire vouloir insister sur les souffrances réelles et donc nombreuses de cet homme ; gros soucis de vraisemblance...

Douleur et Gloire (2019) de Pedro Almodovar

On peut aussi remarquer quelques maladresses et/ou incohérences, par exemple quand enfant il est dit qu'il a eu droit à une scolarité de 3 ans sans autre cours que des cours de chant alors même qu'on le voit au même âge (environ) ensuite donner des cours d'écriture ?! Ensuite, on ne comprend jamais vraiment le pourquoi du comment, tout arrive de façon un peu gratuite oscillant entre les retrouvailles plus ou moins intéressantes et les flash-backs de ses souvenirs. Les retrouvailles reposent essentiellement sur une séance d'inhalation d'héroïne thérapeutique (?! Non mais on rêve !). Les meilleures scènes se trouvent dans les flash-backs avec une maman incarnée par Penelope Cruz loin du glamour, à la façon de (2006)... Le rythme lancinant ajouté à un récit sans enjeu fait que l'ennui l'emporte. 1h50 qui paraissent bien longs. En conclusion, un film où Almodovar n'a plus grand chose à dire, qui ressasse et recopie sans panache. De loin le film le moins abouti du grand cinéaste espagnol. Quel déception...

Note :

Douleur Gloire (2019) Pedro Almodovar