Les oiseaux de passage

Les oiseaux de passageOiseau de mauvais augure
1968 dans la tribu des Wayuu, un jeune homme tombe sous le charme d’une jolie jeune fille ; mais la dot est colossale. Profitant de la présence de jeunes gringos américains dans les parages, il comprend qu’il peut faire de l’argent facile en leur vendant de la marijuana. Et hop le tour est joué, la dot en poche, il peut se marier. Mais comme les virus apportés par les premiers colons en Amérique du Sud ont bien plus décimé les indiens que les troupes de Cortez ; le commerce de la drogue c’est le ver dans le fruit de cette tribu aux valeurs ancestrales bien ancrées. Tribu qui arrive à se tenir loin des conflits depuis des lustres et qui là va voir en deux décennies un équilibre précaire complétement mis à bas par cet argent et tout ce qu’il véhicule. Comparé à « Scarface » et au « Parrain » ; les références sont lourdes mais bien assumés par un film débutant avec des accents naturalistes qui va rapidement se transformer en film de genre. Pour moi, la référence au « Parrain » est plus judicieuse ; les codes moraux, les valeurs et le poids de la famille sont tellement au cœur des choix et des dilemmes de ce mafieux local. A travers ce film, Ciro Guerra et Cristina Gallego revisitent le film de mafieux et lui donne de l’épaisseur avec un choc des cultures comme origine du drame. Ils se démarquent intelligemment de ce qui aurait pu être un énième film sur les narco trafiquants (type « Sicario »). C’est aussi une description minutieuse et romanesque de la genèse du mal. Et la construction sous forme de tragédie grecque en 5 actes aux accents parfois Shakespeariens sied à merveille au sujet. Un film de mafia qui deviendra assurément un classique du genre, sa tonalité étant si novatrice.
Sorti en 2019
Ma note: 18/20