Hellboy (2019) de Neil Marshall

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Encore un reboot pour bien s'engoncer dans le manque total d'originalité et de manque d'inspiration. Pourtant, après "Hellboy" (2004) et "Hellboy : les Légions d'Or Maudites" (2008) tous deux de Guillermo Del Toro, ce dernier avait annoncé début 2017 : "Je suis désolé de l'annoncer mais pour avoir parlé avec toutes les parties, je peux dire qu'il y a 100% de chances pour que la suite ne voit pas le jour. Et ce sera le dernier mot à ce sujet."... Effectivement, pas de suite mais les producteurs Lawrence Gordon et Lloyd Levin, qui sont aussi derrière la franchise "Predator" (1987-2018), ont aux décidé de relancer la machine en annonçant peu de temps après le reboot. Out Del Toro, les commandes sont confiés à un certain Neil Marshall, un peu oublié aujourd'hui il a été pourtant un bel espoir avec la réussite de ses deux premiers longs métrages "Dog Soldiers" (2002) et "The Descent" (2005). Ce nouvel "Hellboy" le sort donc d'une longue période d'exil via la télévision. Précisons que dans les co-scénaristes on retrouve Mike Mignola l'auteur-créateur du comics originel créé en 1994, qui avait déjà collaboré avec Del Toro.

Par contre si Del Toro laisse sa place, c'est aussi le cas de Ron Perlman dans le rôle titre qui revient à un acteur méconnu, David Harbour habitué des seconds rôles notamment dans les films "Les Noces Rebelles" (2008) de Sam Mendes, (2012) de Madonna, "End of Watch" (2012) de David Ayer et "Strictly Criminal" (2015) de Scott Cooper. Il est entouré de Ian McShane connu comme le directeur du Continental dans la trilogie (2014-2019) de Chad Stahelski, Sasha Lane révélation de "American Honey" (2017) de Andrea Arnold, Daniel Dae Kim surtout connu via le succès des séries TV "Lost" (2004-2010) et "Hawaï Five-0" (2010-2016), puis enfin la grande méchante incarnée par Milla Jovovich star de la saga "Resident Evil" (2002-2017) de son époux à la ville Paul W.S. Anderson... Cette histoire reprend celle développée dans le comics "Hellboy, vol. 9 : The Wild Hunt" (2010) n°37 à 44 (parue en France sous le titre "La Grande Battue" chez Delcourt). Si cela permet de revenir sur les origines de Hellboy elle donne un scénario qui fonctionne peut-être dans une BD ou comics mais qui sonne bon le ridicule dans un long métrage surtout quand c'est parasité par un humour en complet décalage avec le récit. En effet, avec ce film on passe allègrement de la légende du roi Arthur (?!) aux nazis sans qu'il y ait franchement un lien tangible, et comme par hasard une sorcière ne voit personne d'autres que notre héros décorné comme époux pour régner... Ni solide ni cohérent et encore moins original ce scénario ne tien pas la route car il part dans tous les sens.

De surcroît, le réalisateur pompe sans vergogne d'autres films où on pourra penser par exemple une séquence où un ersatz de Captain America fait son show !!! Des idées farfelues auxquelles on a bien du mal à adhérer, surtout quand on s'aperçoit que le choix de faire dans le gore mais tout en semant un humour décalé qui arrive toujours comme un cheveu sur la soupe. Le gore est assurément un choix qui surfe sur les succès de (2016-2018) et (2017). D'ailleurs la dimension super-héros est ici assumé de façon peu imaginatif puisque tout se met en place pour que Hellboy soit le leader d'un groupe à l'instar des et autres "Justice League"... Ce nouvel Hellboy quitte donc un peu le giron comics pour virer vers le film de super-héros gore où l'humour est placé comme un paramètre obligatoire alors que le but est de faire dans l'éviscération sanguinolent à tous les étages, d'où une interdiction classé R aux Etats-Unis, soit interdit au mineur de moins de 17 ans non accompagné. On notera des effets spéciaux négligés également, où les écrans verts auront rarement été aussi voyant en cette année 2019. Avec un budget de 50 millions, on pourra bientôt comparé avec les deux films précédents qui ont coûté chacun 60 et 82 millions de dollars en rapportant respectivement 100 et 160 millions au box-office mondial. La vraie surprise est, contre toute attente, David Harbour qui assure en Hellboy. On notera tout de même quelques scènes jouissives et fun avec en prime un bestiaire diversifié qui offre là le seul vrai bonus créatif. Mais dans l'ensemble le film reste un nanard de luxe, risible quand ça le veut pas, râté techniquement mais qui surnage par quelques séquences efficaces.

Note :