J'veux du soleil

J'veux du soleil

Road-movie politique, J'veux du soleil de François Ruffin et son acolyte Gilles Perret est un film sur un instant T de la vie des français : celle du 17 novembre et des gilets jaunes. Sur l'air de "Douce France" de Charles Trenet et autres chansons entraînantes, le documentaire interroge, distille la vie de Français au RSA, sous le seuil de pauvreté ou autres. Avec ces portraits tout en finesse et en bonhomie, le film n'est jamais larmoyant. Même si on a envie de pleurer avec Cindy, cette gilet jaune qui témoigne de l'horrible précarité de sa vie. Son drame n'est hélas pas insulaire et rejoint beaucoup de témoignages du film.

En parcourant la France du Nord au Sud, les deux réalisateurs ont voulu montrer une France des gilets jaunes non pas casseuse des monuments de Paris, mais une France qui a tout compris d'un pan de la devise nationale : fraternité. Le mot "Fraternité" est fédérateur auprès de ces gilets jaunes et dont certains après les blocages des ronds points vont lire la Constitution. Fraternité aussi dans le fait qu'ils se rassemblent et parlent entre eux de leur vie si fragilisée. 

J'veux du soleil est par conséquent un documentaire engagé où François Ruffin est le principal interviewer des gilets jaunes mais sait s'effacer de la caméra pour laisser place à la parole, cette parole qu'on libère. On pense notamment à cette femme auxiliaire de vie qui va piquer des plots alors qu'elle est bien sous tous rapports. Et quand on lui dit qu'elle est devenue une délinquante, elle répond amusée : "Non, c'est une reprise du pouvoir". Et poursuit sur le fait que si les femmes manifestent alors qu'elles sont mères de famille, travailleuses ou autres, c'est qu'il y a un véritable malaise dans le pays. 

Par ailleurs, le film avec ses extraits de discours du chef de l'état apportent du contraste, presque du comique aux paroles des gilets jaunes. Le montage des deux réalisateurs fait apparaître toutes les phrases arrogantes d'Emmanuel Macron : on retrouve donc les "Je traverse la rue et je trouve un travail", "ceux qui foutent le bordel" ou encore "Vous n'allez pas me faire pleurer avec votre tee-shirt, la meilleure façon de se payer un costard c'est de travailler". Toutes ces phrases mises côte à côte jurent avec ces gilets jaunes si généreux qui apparaissent dans le documentaire.

Enfin, pour clore le film, François Ruffin donne la parole, peut-être la plus intime, car une partie de son témoignage est filmé dans les toilettes de la jeune femme. Il invite cette femme sur la plage et lui fait chanter le titre du film "J'veux du soleil" repris par la suite dans les studios de Paris.

Car derrière ce malaise, les gilets jaunes voient un grand soleil, celui de l'écoute du peuple.

Après Merci Patron, François Ruffin signe là - et encore une fois, un documentaire édifiant. 

A voir de toute urgence ! 

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