[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #33. Cinema Paradiso

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #33. Cinema Paradiso
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #33. Cinema Paradiso
#33. Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore (1988)
Elles sont rares, très rares (trop même, n'ayons pas peur des mots), les déclarations d'amour aux salles obscures telles que peut l'être Cinema Paradiso, poème mélancolique et nostalgique sur la magie du septième art et sur la vraie définition qu'être un bouffeur de péloche dans l'âme : jamais rassasié et toujours émerveillé par un grand écran où tout est possible, et ou l'imaginaire n'a aucune frontiière ni limite.
Flanqué à une époque où la salle obscure était encore un théâtre des spectacles respecté, un temple béni où communion et partage ne font plus qu'un, dans le rire comme dans la peur et les larmes, le chef-d'oeuvre de Giuseppe Tornatore dresse le portrait d'un môme attachant, Salvatore surnommé Toto, entre l’office sicilien où il était enfant de chœur et la salle de cinéma paroissiale, gérée d'une main d'orfèvre par le bougon au coeur d'or Alfredo (le regretté Philippe Noiret, magistral), cinéphile passionné même s'il n'a plus la vue pour vivre pleinement son amour.
Un jeune spectateur privilégié, goutant aux joies de bijoux intemporels, comme tout son village d'après-guerre pour qui le cinéma - malgré la censure religieuse - est l'unique distraction pour quitter la désespérance d'un quotidien morose, frappé par la pauvreté.

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #33. Cinema Paradiso

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Un jeune homme qui va découvrir le cinéma avant d'éperdument en tomber amoureux, tout comme la belle Eléna, deux romances que le cinéaste va enlacer pour mieux emporter le spectateur dans un tourbillon d'émotions et d'humour absolument grandiose - sous les sonorités magiques du roi Ennio Morricone -, dont il n'occultera jamais la dureté de la vie, quitte à plonger son héros dans la nostalgie d'un passé fantasmé (la tristesse de ne plus pouvoir revivre l'ivresse de la jeunesse, un mal universel) confronté à un présent d'infortune vide et désolant.
Vrai film sur le cinéma, qui est un acteur essentiel de l'histoire (on le verra vivre dans le regard des spectateurs puis mourir aussi bien physiquement à la démolition de la salle, que métaphoriquement avec l'arrivée de la télévision, même s'il reste décemment éternel) autant que sur l'amour au pluriel (l'amour entre les protagonistes et le septième art, entre Eléna et Salvatore mais surtout celui filiale, entre Salvatore à nouveau et Alfredo), grisant quand il est naissant, douloureux quand il est perdu et que son fantôme nous hante, naviguant entre les sentiments et les époques avec une finesse rare, Cinema Paradiso est un poème vibrant sur pellicule, un hymne aux classiques du genre, au cinéma, à l'amitié et à la vie avec un grand V.
Un pur bonheur de cinéma pétri de charme et touchant, qui est sans l'ombre d'un doute, l'un des plus grands films des années 80 - et même plus encore -, tout simplement.
Jonathan Chevrier
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