Blanche comme Neige (2019) de Anne Fontaine

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après deux films plutôt sombres, la réalisatrice Anne Fontaine a eu envie de raconter l'histoire d'une jeune femme qui s'émanciperait du carcan habituel de la morale qui entoure le sexe au féminin. La cinéaste précise : "Il y a longtemps que cette fille me trottait dans la tête. Assez vite, je me suis amusée avec le chiffre 7. Au fur et à mesure de sa libération, mon héroïne allait rencontrer 7 hommes différents donnant matière à 7 portraits et avec lesquels elle vivrait 7 histoires distinctes. 7 semblait un bon chiffre. (...) Il y avait quelque chose de jubilatoire à mêler la trajectoire de cette jeune femme moderne aux codes d'un récit qui fait partie de l'imaginaire collectif et auquel on peut facilement s'identifier. C'était la promesse d'une comédie originale. Une "Blanche-Neige" rock'n roll ancrée dans un monde réel, mais déconnectée du naturalisme. très loin de la femme sacrifiée qui fait le ménage, la cuisine et se retrouve totalement aliénée par les nains."... Anne Fontaine co-écrit le scénario avec Pascal Bonitzer lui-même réalisateur notamment de "Tout de Suite Maintenant" (2016), il avait déjà collaboré avec sa consoeur sur "Gemma Bovery" (2014) et "Les Innocentes" (2016)... On suit une jeune femme Claire, qui échappe à un meurtre prémédité par sa belle-mère Maud qui est jalouse de sa beauté. Claire, qui se retrouve dans un village va connaître une émancipation charnelle et sentimentale auprès de 7 hommes... La belle-mère Maud est incarnée par Isabelle Huppert qu'on ne présente plus, qui a déjà joué pour Anne Fontaine dans "Mon Pire Cauchemar" (2011) et "Marvin ou la Mauvaise Education" (2017), l'actrice était également dans le dernier film sus-cité de Bonitzer. La jeune Claire est incarnée Lou de Lâage qui jouait déjà "Les Innocentes" (2016) de Anne Fontaine.

Et évidemment il y a aussi les 7 nains chez qui on pourra reconnaître Charles Berling qui retrouve Huppert après "Marvin ou la Mauvaise Education" et (2016) de Paul Verhoeven, Jonathan Cohen vu dernièrement dans (2017) de Fabrice Eboué et (2018) de Xavier Gens, Benoît Poelvoorde qui était dans "Mon Pire Cauchemar", Vincent Macaigne qui retrouve ses partenaires de "Marvin ou la Mauvaise Education" et "Les Innocentes", puis un peu moins connu Damien Bonnard vu récemment dans l'excellent "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry et (2019) de Lou Jeunet... Si l'histoire reprend le célèbre conte des frères Grimm comme une transposition moderne Anne Fontaine a choisi par contre une construction narrative différente en trois actes et a dépassé le clivage dépassé des nains tout en gardant le plus important, leurs caractères respectifs. Ainsi Grincheux, Prof, Timide, Dormeur, Simplet, Joyeux et Atchoum sont les doubles d'un musicien hypocondriaque, d'un curé, d'un libraire libidineux, d'un vétérinaire jaloux, d'un sportif timide, et de deux jumeaux diamétralement opposés... Sur ce point les hommes sont plutôt bien croqués, évitant l'écueil du trop caricatural comme de l'évidence parallèle.

Par contre, l'éveil d'une jeune femme à la sexualité est mal exploité. Quoi qu'était le point de vue de la cinéaste vis à vis des études du conte (complexe d'Oedipe ?! Morale sur l'éternelle jeunesse ?! quête initiatique et puberté ?!... etc...) le film ne raconte pas grand chose et ne fait qu'effleuré ces différents thèmes sans jamais exploré une voie ou étoffé un propos. D'abord la raison qui fait agir la belle-mère Maud reste bien futile, et devient définitivement stupide quand pourtant elle pourrait laisser Claire là où elle est puisqu'elle est isolée et éloignée du soucis originel !... Reste donc le sexe et donc l'éveil au désir de Claire auprès des 7 "nains" du village. Et il s'avère que tout repose essentiellement sur les charmes et la beauté pleine de sensualité de Lou de Lâage qui fait assurément son effet. Et certe, Anne Fontaine use d'une jolie façon d'éviter tout voyeurisme afin de favoriser la suggestion et de ne pas tout miser sur ce point. Néanmoins, la dimension érotique est bien fade et, pour compenser il aurait fallu assurer avec un minimum de suspense ou offrir plus d'émotion. Le pire arrive avec la fin, bâclée et peu inspirée elle ne sauve rien... Le film surnage donc grâce aux 7 nains, à la beauté diaphane de la Blanche Neige et grâce aux sublimes paysages du Vercors.

Note :