Boy erased – 07/20

Boy Erased : AfficheDe Joel Edgerton
Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Joel Edgerton

Chronique : Parmi les incessants et primordiaux combats pour la protection et les droits des minorités LGBTQ+, la lutte contre les thérapies de conversion est un sujet qui a émergé assez récemment, du moins dans sa médiatisation. Leur absurdité et les violents traumatismes que subissent les adolescents qui y sont envoyés, souvent par leurs familles très religieuse, suscitent autant d’aberration que de colère.
En adaptant l’écrit autobiographique de Garrard Conley, l’acteur Joel Edgerton s’offre donc un sujet fort et sensible pour sa deuxième réalisation. Au regard de l’importance et de l’actualité du sujet, il lui était donc demandé de ne pas trop se planter. Las !
Passons sur le fait que la réalisation soit terne et sans éclat et plombée par des longueurs rédhibitoires, le problème principal de Boy Erased réside dans son incapacité à traiter complètement et frontalement un sujet qu’il ne fait qu’effleurer. On pourrait excuser une mise en scène sans personnalité si le fond du récit n’était pas si fade et inconséquent au regard de l’importance du message qu’il est censé véhiculer. Il ne rend que trop peu compte de la violence à la fois physique et mental qui sévit dans ces centres ou du désarroi de Jared déchiré entre sa nature propre, sa foi et l’affection qu’il porte à ses parents.
Le réalisateur s’attarde longuement sur le parcours du jeune home (Lucas Hedges toujours parfait en ado en pleine confusion), ce qui aurait pu être un axe intéressant s’il ne prenait pas tant de précaution et ne faisait pas preuve d’une pudeur inappropriée dans la façon de raconter l’histoire de Jared. Boy Erased s’éternise en flash-back maniérés, pesants et interminables, et Edgerton abuse de ralentis et de musique larmoyante pour amplifier le pathos, mais sans jamais réussir à créer une émotion sincère. A aucun moment il ne connecte ses personnages à la réalité et la dureté du récit. On n’y croit pas et les acteurs à peine plus (à ce propos Russel Crowe ressemble de plus en plus à Didier Bourdon, c’est frappant)
On pourrait dire que ce film a le mérite d’exister, oui.
Mais en oubliant ou en refusant de défendre totalement un point de vue, en condamnant avec si peu de conviction et du bout des lèvres ces institutions criminelles, Boy Erased passe à côté de ce à quoi il était destiné et s’avère mièvre et inutile en plus d’être formellement sans intérêt. Et ça, c’est difficilement défendable.

Synopsis : L’histoire vraie du coming out de Jared Eamons, le fils d’un pasteur baptiste dans une petite commune rurale des États-Unis où son orientation sexuelle est brutalement dévoilée à ses parents à l’âge de 19 ans. Craignant le rejet de sa famille, de ses amis et de sa communauté religieuse, Jared est poussé à entreprendre une thérapie de conversion (aussi appelée thérapie réparatrice ou thérapie de réorientation sexuelle). Il y entre en conflit avec le thérapeute principal, découvrant et revendiquant progressivement sa réelle identité.