C'est ça l'amour

C'est ça l'amour

Présenté en film d'ouverture au Poitiers Film Festival 2018, C'est ça l'amour résonne aussi pour de nombreux atlassiens de Poitiers. Et d'abord qu'est-ce qu'un atlassien ? Les atlassiens font partie du projet Atlas, une pièce de théâtre d'Ana Borralho et Jao Galante, singulière dans le fait qu'elle est un lieu d'auto-représentation où les habitants d'une ville, en l’occurrence Poitiers, trouvent une phrase qui exprime leur intimité. Atlas est une toile de fond dans le long-métrage - et je fais un coucou à tous les atlassiens de Poitiers (qui m'écoutent) car votre chroniqueuse a participé au projet Atlas il y a déjà 3 ans ! Mais Atlas est également une mise en abyme dans le film. Mario, le père de famille esseulé avec ses deux ados Frida, 14 ans et Niki 17 ans, va participer à ce projet pour essayer de retrouver sa femme qui travaille dans ce théâtre où se joue la pièce Atlas.  

C'est ça l'amour est donc un film - qui comme le dit la réalisatrice "explore l'amour sous toutes les formes". Il y a d'abord l'amour paternel, la pièce maîtresse du film, mais aussi les amours naissants de ses deux filles. Son aîné refuse toute sorte d'amour avec son copain et sa dernière découvre sa sexualité avec une copine de sa classe. L'amour que porte le père à ses filles va d'ailleurs se voir affabuler d'une métaphore un peu appuyée mais efficace : le feu à la fin comme un brasier de l'amour paternel.

Mais C'est ça l'amour est aussi et avant tout le portrait d'un homme fragile, un père qui se cherche dans sa famille, dans la société et dans sa ville. Mario est un homme débordé par ces femmes autour de lui. Débordé par ces femmes fortes : son ex-femme, ses filles, cette femme également sur une aire d'autoroute. Par ce biais, il doit se repositionner, et revoir son rôle de père et d'ex-mari. Mario est donc la figure paternelle qui se veut féminine tant la situation qu'il vit (retenir ses filles qui grandissent) ressemble à celui d'une mère.

Outre le fait de faire un portrait de famille, le film fait aussi un portrait d'une ville non pas des riches ou des pauvres mais d'une classe moyenne - ce qui est assez rare dans le cinéma. Mario va donc chercher dans cette ville une aventure culturelle : Atlas. La culture est par ailleurs au centre du film que ce soit dans les expos que Mario visite, mais aussi dans la musique qu'il écoute ou le ballet qu'il voit à la télévision. Par ce biais, Mario exprime toute sa sensibilité ; on pense notamment au très beau moment de danse repris dans la pièce Atlas. 

C'est ça l'amour est donc une chronique toute en finesse sur un père aimant. Bouli Lanners tient là un de ses meilleurs rôles depuis longtemps : il est bouleversant de naturel. Quant aux filles, la petite dernière Justine Lacroix est une véritable révélation ! Pour finir, la réalisatrice Claire Burger nous transporte dans un film qui ne juge pas mais qui nous offre le portait d'un père, tout en sensibilité et en bonhomie. En une phrase : un film bienveillant. 

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