Écouter le Cinéma

Écouter le Cinéma

Le 7 Mars dernier à 20h30, le Chaplin Denfert nous proposait une séance inhabituelle où la magie ne venait pas de l'écran - il est d'ailleurs resté éteint toute la soirée - mais plutôt des oreilles. Ce jeudi on écoutait le cinéma, les bruits qui le composent et la musique qui l'habille, grâce au podcast de Lætitia Druart pour Arte Radio intitulé Écouter le cinéma. Lors de la soirée nous avons découvert 3 épisodes de cette série composée de 5 épisodes de 20 minutes : Du vent dans la plaine, Marcher sur des os et Un frisson dans la nuit. Il était donc question du son au cinéma : comment on le construit, comment on le choisit, quelles missions il remplit et quelles professions interviennent dans son élaboration. C'était notamment l'occasion de découvrir les métiers de sound designer, de bruiteur, de compositeur et les astuces de tous ces artistes pour rendre notre immersion dans l'image la plus totale.

Lætitia Druart a convié à cette soirée Judith Guittier, bruiteuse, et Jean-Stéphane Guitton, compositeur, dont les interventions ont véritablement enrichi l'exposé. Ils ont partagé leurs visions de la profession, leurs expériences, beaucoup d'anecdotes professionnelles et historiques et ont répondu à nos questions avec beaucoup de sincérité. Chacun a eu à cœur de nous présenter le but de sa profession, comment elle s'exerce très concrètement et comment elle s'articule dans le processus créatif de l'objet filmique. Ce qu'il ressort de cet échange c'est qu'avant d'être des artisans ces professionnels sont aussi des interprètes. Chacun, à travers sa pratique, compose sa boîte à outils. Certains utilisent des pamplemousses pour bruiter les scènes des films les plus gores, d'autres inventent le son du vol d'un papillon au moyen d'un mouchoir en papier. La bande-son n'a pas simplement une utilité pratique, elle permet d'élargir le cadre, d'aller au-delà des images pour construire un univers riche et crédible.

Pour terminer, on retiendra le mot de Judith Guittier : le bon bruitage est celui qui ne s'entend pas, qui s'articule avec les images sans dissoner. Voilà résumé toute la complexité du travail de ces artisans du son : déployer des trésors d'inventivité tout en restant le plus discret possible, à la manière d'un marionnettiste dissimulé derrière son petit théâtre.