Grâce à Dieu

Par Dukefleed
Pardonnons...
Ozon signe un film dossier hyper documenté autour de l’affaire Preynat secouant l’Eglise Catholique. Preynat, c’est ce prêtre soupçonné de pédophilie pendant près de 20 ans, qui reconnait auprès de sa hiérarchie avoir un problème d’attirance envers les enfants et que l’Eglise déplace de paroisse en paroisse au gré des affaires… mais le laissant toujours au contact des enfants. Pour illustrer le combat des enfants abusés devenus adultes, il s’appuie sur trois histoires incarnés par trois comédiens : Melvil Poupaud, le catho bourgeois lyonnais qui s’en est bien sorti ; Denis Menochet, l’athée revanchard remonté contre l’institution ; Swan Arlaud, le populo surdoué dont la vie a été gâchée par les abus sexuels. Trois portraits pour une construction de film sous forme d’épisodes, une par personnage, dont le premier chapitre est le plus riche et le plus intéressant. En effet, la partie incarnée par Melvil Poupaud est peut-être la plus didactique mais elle est surtout le plus politique. On y voie une Eglise peu concernée par ces drames humains, toujours portée par les valeurs chrétiennes du pardon et de l’absolution et donc plaçant le droit canon au-dessus du droit des hommes. Eloquent cette manière de noyer le poisson sans même donner l’impression de ne pas prendre le problème à bras le corps. Sur les deux autres histoires, le trait est forcé et le tout est très inégal ; tout aussi bien lorsqu’il aborde les non-dits qui gangrènent les familles que lorsqu’il évoque les traumatismes intimes des individus. Un déballage pas toujours captivant et parfois même au traitement un peu grossier ; et quelques rebondissements aussi un peu chargé comme les conjoints des victimes elles-mêmes victimes d’abus sexuels. Bien pour le portrait d’une Eglise engluée dans une affaire sur laquelle elle se retrouve forcée à ouvrir les yeux (c’est la première heure) ; pour le reste, on s’ennuie un peu.
Sorti en 2019
Ma note: 11/20