Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin

Par Crazyduck @Crazy_Critics




Pourquoi voir Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin ?

Ce 1 mars 2019 marque le 97ème anniversaire de la naissance d'Yitzhak Rabin, en cette période où la paix semble s’être envolée, revenons sur un film qui se concentre sur cette homme politique qui s'est fait assassiner car il souhaitait la paix.

Yitzhak Rabin (‭ןיבר קחצי) est né le 1er mars 1922 à Jérusalem en Palestine pendant le mandat britannique sur la région, les Britanniques ont pris le contrôle de la Palestine en 1917 après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre Mondiale.

Le tout jeune Yitzhak Rabin ne restera qu'un an à Jérusalem avant de s'installer avec ses parents à Tel Aviv, son père Nehemiah Rubitzov, est né à Kiev, c'est à sa majorité qu'il change son nom pour Rabin, il part aux États-Unis puis en Palestine, la mère d'Yitzhak Rabin, Rosa Cohen, est née en Biélorussie d'un père rabbin, après des études dans une école catholique, Rosa Cohen alors âgée de 29 ans part pour la Palestine.

Yitzhak Rabin suit des études dans un lycée agricole, son objectif, devenir ingénieur agricole, le destin en décida autrement, il rejoint en 1941 la section Palmah de la Haganah, six ans plus tard il devient officier jusqu'à atteindre le grade de général au sein de l'armée israélienne.

Pendant la guerre israélo-arabe qui s'est déroulée de 1948-1949, Yitzhak Rabin s'est illustré aux commandes de la brigade Harel du Palmah, le Palmah (unité de choc) était la force combattante d’élite de la Haganah, organisation paramilitaires juives sionistes crée en 1941 pour défendre la Palestine contre l’armée de l’Allemagne nazie, un an après, une fois l'invasion évitée, le gouvernement britannique ordonna le démantèlement du Palmah qui fut par la suite une organisation clandestine.

Après le Plan de Partage de la Palestine par l’ONU le 29 novembre 1947, le Palmah, qui est divisé en trois brigades (Harel, Néguev, Yiftach), a pour objectif de sécuriser les routes pour acheminer sans encombres les convoies et les civils et cela jusqu'au 14 mai 1948, jour de la Déclaration d'Indépendance de l'État d'Israël.

Yitzhak Rabin a donc connu le Palmah et l'actuel Tsahal, l'armée de défense d'Israël, en 1964 Rabin est nommé chef d'état-major de l'armée israélienne, trois ans plus tard il s'illustre lors de la Guerre des Six Jours, guerre qui opposa Israël à l'Égypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie.

Un an après la Guerre des Six Jours, Yitzhak Rabin quitte l'armée pour devenir ambassadeur aux États-Uni, cinq ans de bons et loyaux services en tant qu'ambassadeur, Rabin retourne en Israël et est élu député du parti travailliste à la Knesset (parlement israélien) avant de devenir le chef de son parti.

Après avoir été Ministre du Travail, Yitzhak Rabin devient le 2 juin 1974 Premier Ministre et succède ainsi à Golda Meir, seulement trois ans après avoir été élu, Rabin démissionne de son poste après qu'un compte en banque en dollars américains, au nom de son épouse ait été révélé, il revient 1984 en tant que Ministre de la Défense.

1992 marque la nouvelle ascension d'Yitzhak Rabin, réélu Premier ministre en juillet 1992, il travaille avec Shimon Peres, ministre des Affaires étrangères, pour bâtir une paix durable avec les palestiniens et l'OLP de Yasser Arafat. Yitzhak Rabin entre dans l'histoire le 13 septembre 1993 lors de la signature des accords d'Oslo en présence de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), de Shimon Peres et du président américain Bill Clinton.

Yasser Arafat renonce officiellement à la violence et reconnaît l'Etat d'Israël dans une lettre officielle, en ce qui concerne Yitzhak Rabin, il reconnaît l'OLP comme une organisation palestinienne légitime.

Le monde voit dans cette accord une grande avancée pour la paix, cependant au sein de son pays, Yitzhak Rabin va devoir faire face à la droite dure israélienne qui voit dans cette accord non pas un pas vers la paix mais un acte de trahison.

Devant cette avancée historique, le Comité Nobel décerne en 1994 le Prix Nobel de la Paix à Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Shimon Peres.

Yitzhak Rabin voit monter un mouvement de contestation d'une partie de la population israélienne en désaccord total avec les accords d'Oslo, après cette manifestation est organisée sur la place des rois d'Israël à Tel Aviv, une contre manifestation le 4 novembre 1995 en faveur de la paix, Yitzhak Rabin après avoir prononcé un vibrant discours, regagne sa voiture et est touché par deux balles tirées à bout portant dans le dos par un extrémiste juif israélien opposé aux accords d'Oslo.

Transporté à l’hôpital, Yitzhak Rabin ne survivra pas à ses blessures, il meurt à l'âge de 73 ans, à la suite de cette assassina de nombreuses théories ont été évoquées, une chose est sur la mort d'Yitzhak Rabin a freiné la paix entre Israël et la Palestine.

Israël a été confronté à une scission au sein même du pays, les israéliens laïcs, majoritairement en faveur des accords d'Oslo et d'Yitzhak Rabin et les israéliens religieux ultra-nationaliste opposés au rêve de paix de Rabin.

Néanmoins toute la population israélienne n'a pas oublié le combat d'Yitzhak Rabin pour la paix, pour preuve ce rassemblement de plus de 200 000 israéliens pour commémorer les dix ans de l'assassinat d'Yitzhak Rabin.

Après Kippour, Free Zone et Tsili, le réalisateur israélien Amos Gitaï revient avec un film consacré au dernier jour Yitzhak Rabin, long métrage franco-israélienne, Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin est un savant mélange entre documentaire et fiction.

Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin est une sorte de conclusion pour Amos Gitaï, en effet il y a 19 ans le cinéaste s'était déjà penché sur l'assassinat d'Itzhak Rabin avec le documentaire L’Arène du meurtre, sortit un an après cet assassinat qui a traumatisé une partie de la population israélienne.

Ici le spectateur plonge dans un film où images d'archives et fictives se côtoient habillement pour mieux comprendre l’Israël d'Yitzhak Rabin et l’Israël actuel.

Dans son documentaire qui mêle fiction et réalité, Amos Gitaï fait intervenir deux personnes et non dès moindres, Shimon Peres et Léah Rabin, épouse d'Yitzhak Rabin, pour eux c'est le Likoud qui est à l'origine de la mort du combattant pour la paix, ils ne disent pas que c'est le Likoud qui a commandité l’assassinat mais c'est leur discours de haine envers Rabin qui a poussé certains ultra-nationaliste à vouloir assassiner Yitzhak Rabin.

Lors des manifestations contre Rabin organisées par l'opposition, on pouvait voir le premier ministre affublé d'un uniforme d'officier SS ou encore avec un keffieh, des affiches le représentants étaient également brûlées, une ambiance de haine qui incitait clairement à la mort de Rabin, parmi les opposants célèbres se trouvaient Benyamin Netanyahou et Ariel Sharon.

La droite a attisé la haine contre Yitzhak Rabin, ce fait est la liaison entre l’Israël d'hier et l’Israël d'aujourd'hui, après la mort de Rabin, Ariel Sharon est devenu Premier Ministre et Benyamin Netanyahou est toujours le Premier Ministre d'Israël.

Amos Gitaï dresse le portrait de la société d'hier et d'aujourd'hui, la haine des extrémistes est toujours présente dans le pays même plus aujourd'hui, peut être si Yitzhak Rabin n'avait pas été assassiné, la paix aurait pu s'installer durablement, une chose est sûre la paix est aujourd'hui un mirage à l'horizon.

Avec cette oeuvre hybride, Amos Gitaï rend un vibrant hommage à Yitzhak Rabin, un homme qui aujourd'hui encore symbolise le combat pour la paix entre israeliens et palestiniens, un combat qui espérons n'aura pas servi à rien.

Amos Gitaï pousse un signal d'alarme face à la montée de l’extrémisme en Israël, un extrémisme qui gangrène la société israélienne et attise les tensions.

Vingt ans après l'assassinat d’Yitzhak Rabin, Amos Gitaï cherche à comprendre comment Israël en est arrivé là, après avoir été à deux doigts d'une paix durable les tensions n'ont jamais été si fortes, un jour peut être le gouvernement israélien se souviendra du message de paix d’Yitzhak Rabin.



Un film nécessaire

Synopsis :


Le film se base sur les derniers jours du Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995.

Anecdotes :


Le film a remporté la Souris d'or à La Mostra de Venise en 2015.


Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin est une coproduction franco-israélienne.

Le scénario est signé Amos Gitaï et Marie-Jose Sanselme.

La musique du film a été composée par Amit Poznansky (Foxtrot, À l'Ouest du Jourdain, Footnote).


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