Mademoiselle de Joncquières

Mademoiselle de JoncquièresExtermination dans la soie
XVIIIème siècle dans l’aristocratie, une femme séduite par un libertin et abandonnée par cet homme pour une autre histoire passionnée décide de se venger. Cette vengeance prendra les oripeaux de la défense du droit des femmes ; un plaidoyer féministe avant l’heure ! Ou plutôt de lutte des classes? Un doute subsiste car l’amante éconduite usera d’un stratagème sournois pour couler la réputation de ce libertin séducteur mettant au cœur du dispositif une jeune femme ; elle, non aristocrate. De fait, ce film aux aspirations féministes révèle aussi un autre combat d’autant plus important ; une forme de lutte des classes. Emmanuelle Mouret adapte là un épisode de « Jacques le fataliste » de Diderot ; et qu’il est délectable de suivre ce marivaudage porté par une écriture purement exquise. Dans ce film où l’action est quasi inexistante, la parole devient une performance de haut vol portant à elle seule tout le film. L’esprit est au cœur de délectables échanges au cours desquels se jouent rapport de force, complot ; et au milieu desquels, les personnes n’ayant pas les codes de la conversation font office de victimes innocentes. Et pour porter ces dialogues, c’est là que le bas blesse. Edouard Baer balance son texte avec un naturel confondant ; Cécile de France parait quelquefois engoncée dans ce XVIIIème siècle et Laure Calamy est souvent calamiteuse. La mise en scène n’a aussi rien de génial ; car derrière quelques accents Rohmeriens, des jeux d’ombres et de plans statiques, elle est très académique. La finesse et l’intelligence assurent un bon moment sans pesanteur intello car la légèreté est au rendez-vous.

Sorti en 2018
Ma note: 13/20