Scénario modèle : star wars ep. iv

Par William Potillion @scenarmag

George Lucas écrivit le scénario de Star Wars pendant une longue période. De nombreuses révisions virent le jour dans cette tentative parfois embarrassée de créer un mythe universel qui résonnerait parmi le plus grand nombre et de toutes cultures.

Le voyage du héros

Il est notoire que le Hero’s Journey et le monomythe de Joseph Campbell ont été une grande source d’inspiration pour Lucas. Joseph Campbell a étudié les mythes, les légendes de cultures très anciennes et en tous lieux.
Campbell est arrivé à la conclusion que tous les mythes qu’il a découverts et étudiés sont en fait des variations ou des aspects d’un même mythe primordial, une idée qu’il a appelé le Hero’s Journey (Le voyage du héros).

Ce voyage se résume en un héros qui franchit un seuil vers l’inconnu. Il sera aidé lorsqu’il lui faudra surmonter les épreuves et les tentations qui l’attendent. Puis il fera l’expérience de la mort (souvent symbolique), connaîtra le salut ou la rédemption.
Puis il renaîtra (davantage une renaissance qu’une résurrection). Il connaîtra une révélation et devra s’en retourner sans faillir (donc non sans combattre) vers le monde qu’il avait quitté, le monde connu.

Pour expliquer comment des cultures de toutes époques et de tous lieux qui n’ont jamais logiquement pu être en contact partageaient néanmoins une même histoire aussi complexe et étagée que ce voyage du héros, Campbell adopta le point de vue de Carl Gustave Jung sur l’inconscient collectif.

Pour faire court, selon Jung, tous les esprits humains partagent profondément enracinés un langage propre aux récits. Ce langage est constitué d’archétypes universels (puisqu’ils sont partagés par tous, que nous nous reconnaissons en eux tous).
Ce sont des éléments mythiques éternels (qui n’ont donc ni commencement, ni fin) qui permettent à n’importe quelle civilisation tant qu’elle est ancienne de lire au plus profond de son esprit et de parvenir, sans qu’aucun lien logique ne soit établi, au même récit. Ce récit transcende le langage, ne subit ni l’influence du temps, ni de l’espace.

Cette idée a eu un large impact puisque des gens comme Christopher Vogler par exemple ont adapté les travaux de Joseph Campbell pour les rendre plus accessibles à l’écriture d’un scénario.

Il faut cependant reconnaître que ce voyage du héros n’est pas une garantie de réussite. Beaucoup de films fondés sur cette théorie ont été des échecs autant commerciaux qu’artistiques.
Peu sont arrivés à la hauteur de Star Wars. Des dizaines d’auteurs se sont essayés à l’exercice et leurs projets se sont simplement évanouis dans le néant. Peu ont compris le phénomène Star Wars.

La théorie de Joseph Campbell est intéressante mais des études très sérieuses ont montré que ces archétypes universels et éternels résidant dans l’esprit humain étaient probablement eux aussi un mythe. Le monomythe partagé par toutes les cultures humaines n’existerait en fait pas.

Donc, le succès indéniable de Star Wars ne reposerait pas seulement sur le voyage du héros qui lui sert de structure mais aussi sur quelque chose d’autre.
Et c’est l’incompréhension de ce quelque chose d’autre qui pourrait expliquer les raisons des échecs des projets s’articulant sur le Hero’s Journey.

Commençons par la fin

À la fin de Star Wars (l’épisode IV, le premier), Luke parvient à sauver l’Alliance du machiavélique empire galactique en détruisant l’Étoile Noire (traduction étrange de Death Star ou quand la censure se veut poétique). Il n’y parvient que parce qu’il sait maintenant faire usage de la Force, ce pouvoir mystique qui unifie le cosmos.

La Force est un pouvoir immatériel, spirituel. C’est elle qui a véritablement détruit la Death Star et non les qualités humaines pourtant évidentes de Luke telles que son courage et sa détermination.

Ce pouvoir spirituel est constamment présent et mis en évidence dans le dénouement. Lorsque Han Solo revient après avoir décidé d’aider Luke, Leia lui rend hommage d’avoir laissé derrière lui le matérialisme vulgaire qui le caractérisait.

Puis Han et Luke s’étreignent oubliant leur compétition romantique pour Leia montrant ainsi un amour fraternel.

Ce qui a probablement servi au succès de Star Wars, c’est le ressort affectif utilisé pour toucher le cœur du lecteur/spectateur. Et cet effet psychologique obtenu est le sens de la spiritualité qui émane de cette œuvre.
Le dénouement de ce scénario encourage le lecteur à croire en une puissance divine et l’incite à une sorte de vénération et de délivrance intellectuelle et affective. On l’invite à croire en la résurrection, aux martyres, à croire qu’il y a quelque chose au-delà de nous.

Ce qu’on peut comprendre, c’est que le secret de la réussite de Star Wars n’est ni dans l’intrigue, ni dans la fascination envers les personnages. Il est dans le ton employé.

La tonalité spécifique de ce scénario

Le ton d’un scénario indique au lecteur comment voir le monde de l’histoire. Le ton est équivalent à l’œil de la caméra. Il donne à voir les choses sous un angle particulier. Et c’est précisément ce que nous apprend le prologue :

On nous révèle que les Rebelles ont dérobé les plans de l’Étoile Noire et que la princesse Leia s’est enfuie avec ces plans pour sauver son peuple et restaurer la liberté dans la galaxie.

Et voici comment se présente le scénario :

A long time ago, in a galaxy far, far, away…

A vast sea of stars serves as the backdrop for the main title. War drums echo through the heavens as a rollup slowly crawls into infinity.

À travers les mots employés (heavens, c’est-à-dire les cieux puis infinity (l’infini) ainsi que le défilement du texte qui se fond dans l’infini (a rollup slowly crawls into infinity), George Lucas a immédiatement cherché à faire ressentir à son lecteur un sens spirituel à son monde, une sorte de crainte révérencieuse.

La petite histoire veut que Lucas se soit inspiré de Flash Gordon conquers the universe qu’il regarda lorsqu’il était enfant. C’est de là qu’il a tiré l’idée de faire défiler le texte sur l’écran mais, devenu adulte, lorsqu’il revit Flash Gordon, l’émerveillement s’était estompé et le ridicule était blessant.
Alors lui vint cette idée de reprendre les détails surannés de Flash Gordon et de leur adjoindre un ton bien plus élevé, un ton mystique.

Comment s’y prit-il ?

D’abord, au lieu de situer son récit dans un futur improbable, c’est dans un passé très lointain (qui a hypothétiquement existé) où l’on nous invite (A long time ago). On nous convie à des temps héroïques ce qui confère immédiatement (instinctivement) un sentiment mythique.

Ensuite, les détails particuliers à Flash Gordon comme l’Empereur Ming ont été transmués en des concepts bien plus universels. Dans le prologue, ce méchant de l’histoire de Flash Gordon est devenu un machiavélique empire ce qui parle bien mieux au lecteur que l’Empereur Ming.

Le défilement du texte n’est pas gratuit. Ce que recherche George Lucas, c’est un effet de grandeur. Les premières lignes du scénario nous disent que les mots passent au-dessus d’une immense mer d’étoiles (a vast sea of stars), que des tambours guerriers résonnent à travers les cieux (War drums echo through the heavens) et les mots disparaissent dans l’infini.

Ce sentiment de grandeur est le ressenti primordial d’un éveil spirituel. Le lecteur perçoit quelque chose que sa raison ne peut embrasser.

Pour recréer un ton similaire à celui de Star Wars, inventez une histoire qui promette une romance, du suspense, de l’aventure, du sexe, de la violence… En fait, rien de nouveau sous le soleil.
Puis imprégnez votre scénario d’une spiritualité, d’une quête spirituelle. Le cycle arthurien ou Game of Thrones par exemple font la même chose.

Le monde de l’histoire

Dans une fiction, il y a un monde à découvrir pour le lecteur.
Il est important et efficace que ce monde de l’histoire soit compris du lecteur dès les premières pages du scénario. Il suffit de mettre en évidence la règle majeure qui caractérise ce monde, en quelque sorte ce qui est le moteur de l’action en ce monde particulier, ce qui lui donne du sens et justifie les relations qui existeront entre les personnages ainsi que leur rapport à ce monde.

Pour Star Wars, nous trouverons cette règle encore une fois dans la didascalie qui sert au prologue :

A tiny silver spacecraft, a Rebel Blockade Runner firing lasers from the back of the ship, races through space. It is pursed by a giant Imperial Stardestroyer. Hundreds of deadly laserbolts streak from the Imperial Stardestroyer, causing the main solar fin of the Rebel craft to disintegrate.

Nous avons un vaisseau impérial qualifié de géant (a giant Imperial Star Destroyer) poursuivant un minuscule vaisseau des Rebelles (a tiny silver spacecraft, a Rebel Blockade Runner) qui n’est manifestement pas conçu pour le combat.

Que tente de nous communiquer cette image ? Simplement que la grande règle qui définit le monde de Star Wars est que l’Empire est plus grand que tout ce qui peut exister d’autres dans ce monde et qu’il utilise cette puissance, son autorité, son pouvoir non pour protéger les plus faibles (ce qui serait moralement bien) mais pour les écraser (ce qui situe l’Empire immédiatement du côté du mal).
La puissance fait loi. Le monde de l’histoire est régi par le pouvoir.

Les personnages

Les personnages sont soit en lutte contre la règle du monde ou bien ils incarnent cette règle du monde. Le protagoniste s’oppose à la règle alors que l’antagonisme représente cette loi du monde.
Le personnage principal (celui sur lequel doit porter la sympathie du lecteur ou du moins élever en lui une certaine empathie envers ce personnage) est Luke Skywalker.

L’antagoniste de Luke est le sinistre Darth Vader. Voici comment George Lucas introduit Luke dans la séquence d’ouverture (différente du prologue lorsque le prologue existe. Notez aussi qu’habituellement, le personnage principal n’apparaît pas dans le prologue) :

A light wind whips at him as he adjusts several valves on a large battered moisture vaporator which sticks out of the desert floor much like an oil pipe with valves.

Le premier regard (donc la première impression) que l’on porte sur Luke nous renvoie une sorte de mécanicien s’affairant autour d’un dispositif qui ne semble ni puissant ni très impressionnant. Et c’est manifestement un vieil équipement agricole, certes étrange mais tout à fait justifié dans ce contexte.
Tout ce que demande Lucas au lecteur, c’est d’accepter cet engin comme normal ou du moins de ne pas s’interroger outre mesure sur cet objet puisque l’intention de Lucas est tout à fait ailleurs.

En effet, le propos de Lucas est d’introduire Luke comme le contraire de l’Empire. Et c’est un empire qui se veut le maître de toutes choses et de tous êtres alors que Luke ne veut que modestement aider (sans vraiment maîtriser) avec les moyens qui sont les siens à ce moment de l’histoire.

Lorsque le prologue existe, il est aussi assez souvent utilisé pour présenter l’antagonisme (et à travers lui la règle du monde). Darth Vader est l’équivalent humain du Star Destroyer. Tout comme ce vaisseau aux proportions gigantesques (à l’instar de l’Étoile Noire), la prestance et la carrure de ce personnage incarnent une effroyable puissance.

Faites en sorte que votre méchant de l’histoire semble bien plus fort, bien plus puissant que le protagoniste. Il faut donner le sentiment au lecteur que la force antagoniste bat sous tous les angles le héros de l’histoire.

L’intrigue

Parce qu’il y avait une amitié réciproque entre Joseph Campbell et George Lucas, on a expliqué un peu trop vite la prégnance du Hero’s Journey dans l’écriture du scénario de Star Wars. En fait, l’inspiration de Lucas remonte à trois sources.

Certes, il emprunte au Hero’s Journey certaines étapes comme le Refusal of the Call, c’est-à-dire que le héros refuse d’abord l’aventure pour des raisons personnelles la plupart du temps.
Ce moment du voyage se produit lorsqu’il refuse d’apprendre auprès de son mentor Obi-Wan.

Il est aussi patent que Lucas a délibérément ignoré d’autres étapes du voyage du héros. Par contre, il est aussi notoire et Lucas le revendique qu’il s’est grandement inspiré de La forteresse cachée (1958) de Akira Kurosawa et bien sûr de Flash Gordon dont il a tiré les idées de la destruction d’une planète entière par un unique vaisseau (idée reprise aussi dans d’autres récits d’autres auteurs. Après tout, c’est un héritage plus qu’une question d’hommage) ainsi que le concept du héros menant son vaisseau au cœur de la forteresse ennemie pour la détruire.

Notez au passage que l’antagonisme frappe à distance dans un impensable acte de lâcheté alors que le héros risque sa vie au contact de l’ennemi. La notion de sacrifice liée à l’acte héroïque exige cela.

Plusieurs intrigues

Une des particularités de Star Wars, c’est qu’il fonctionne un peu comme une série télévisée. Il y a certes un personnage central à l’histoire (c’est-à-dire Luke) mais deux autres intrigues ont été aussi développées : celles de Leia et Han. Et ce ne sont pas des intrigues secondaires.

Recréer une structure comme celle de Star Wars consiste alors à introduire séquentiellement chacun des personnages au cœur de chaque intrigue. Ce n’est donc pas un seul personnage qui suivra la trajectoire du Hero’s Journey. Ainsi, vous multipliez l’identification de tel ou tel lecteur qui mettra en place un lien plus subjectif avec l’un des personnages. C’est un mécanisme narratif typique des séries télévisées.

Consacrez suffisamment de temps à l’élaboration de chaque personnage, de son évolution au sein de sa propre intrigue. Donnez à chacun des personnages (qui formeront une intrigue) des traits de caractère spécifiques et clairs afin qu’un lecteur se reconnaisse davantage à l’un qu’à l’autre.
Prenez le temps d’introduire chacun d’entre eux.

Nous avons aussi parlé d’éveil spirituel. Pour créer ce sentiment chez le lecteur, il faut d’abord lui donner à voir quelque chose avec lequel il est familier, quelque chose lié aux choses sensibles, matérielles.
Puis, dans une seconde phase, reprendre cette chose familière et l’investir d’une signification plus élevée, proche du sacré.

Comme si l’on détachait cette chose du terrestre pour l’élever vers un idéal. L’intention de Lucas est de nous faire partager une expérience religieuse qu’il sentait nécessaire dans les années 1970 et tablant aussi sur le fait qu’un désir religieux ou un goût pour les choses sacrées participent de la nature humaine.
Plus prosaïquement, la génération de George Lucas faisait aussi grand usage des psychotropes.

Sur un plan pratique, c’est comme si l’intrigue faisait un long détour pour revenir en un lieu symbolique de la règle du monde, retour marqué du sceau du sacré.
C’est ainsi que nous pouvons interpréter le climax de Star Wars lorsque Luke retourne vers l’Étoile Noire à bord de son X-wing alors qu’il avait fui cette Death Star à bord du Millenium Falcon.

Dans votre propre projet de scénario, vous pouvez créer une telle boucle. Il importe peu d’ailleurs que le point de départ et celui d’arrivée répondent à d’exigeants critères comme celui du Hero’s Journey qui voit le retour du héros dans son foyer (comme c’est le cas avec Frodon s’en retournant dans la Comté).

Ce qui compte, c’est que le lecteur soit ramené en un lieu que nous pouvons qualifier d’ordinaire mais qu’il va expérimenter de nouveau avec cette fois une approche spirituelle qui avait été savamment occultée la toute première fois.

Pour donner encore plus de valeur symbolique à ce lieu du retour, faites en sorte que les personnages (ici, ce sera Leia, Luke et Han) soient réunis ensemble pour la toute première fois d’abord en ce lieu.

Une scène qui prépare à une expérience spirituelle

Il faut parvenir à ce que le lecteur fasse l’expérience de cette conversion spirituelle. L’esprit du lecteur doit être préparé à cette expérience et pour l’aider en cette tâche, il faut créer un doute sur ses croyances actuelles.

Le scénario de Star Wars a mis en scène un certain nombre de moments dans cette intention mais une scène particulière est assez révélatrice du procédé.

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Il est important que des scènes soit inventées comme réminiscences pour le lecteur de ce qu’il s’est passé dans l’histoire ou pour lui rappeler certains éléments dramatiques comme ici où les enjeux sont réaffirmés. Ce que nous dit ce moment du scénario, c’est qu’il existe un pouvoir impérial qui peut tuer des millions d’êtres en un instant.

C’est une menace terrible et elle doit constamment planer dans l’esprit du lecteur d’autant qu’elle nourrit la question dramatique de savoir comment nos personnages si fragiles sont supposés détruire l’empire.
Cette technique narrative est apparentée à l’isotopie. En linguistique, il s’agit d’une redondance d’un énoncé significatif dont la finalité est de faciliter la lecture et la compréhension du texte.

La réponse est incarnée dans Obi Wan qui conjure Luke de rejoindre les Jedi et de croire en la Force. C’est la seule solution possible.

Il est important maintenant de resituer cet épisode IV de Star Wars à l’époque de sa sortie. En 1975, Vol au-dessus d’un nid de coucou et en 1976, Taxi Driver avaient forgé les esprits de telle manière que la proposition de George Lucas d’une spiritualité en demi-teintes ne pouvaient que rencontrer le scepticisme du lecteur.

Le scénario de Star Wars semblait vraiment en porte-à-faux avec les attentes du public orientées par des œuvres qui montraient un monde vaincu, blessé par le pessimisme, qui mettaient le lecteur face au sordide ainsi qu’à la vacuité de la foi.
Le lecteur était confronté à un monde totalement soumis au progrès et à la technologie, serviteurs du profit d’une élite que de la communauté.

Et George Lucas en était conscient. Le personnage de Han Solo est sceptique jusqu’à la moelle. Comme le dit Aaron Sorkin (A. SORKIN : UNE APPROCHE DE LA STRUCTURE), il faut prévoir un personnage qui représentera le lecteur.
C’est ainsi que Han Solo incarne l’a priori sceptique du lecteur. Rassuré, le lecteur baisse la garde sans se rendre compte qu’il est tout de même un peu manipulé par l’auteur.

Car le scénario de manière très maligne va montrer que l’incrédulité blasée du lecteur n’est pas une position très au top.
D’abord en décrivant Han Solo comme quelqu’un d’assez suffisant puis, encore plus subtil, les coups dans l’eau de Luke avec son sabre laser alors qu’il essaie de trouver la Force à bord du Millenium Falcon.

Ce que cherche à nous démontrer Lucas, c’est l’errance de l’incroyant et son orgueil trompeur. Il se sert de l’image comme d’un miroir pour renvoyer à son lecteur sa propre arrogance. Le monde est devenu une nouvelle Gomorrhe où le sexe et l’argent sont les seules préoccupations. Seul le retour au sacré peut en sauver les habitants.

Et ceci jusqu’à ce que Luke fasse table rase de ses propres doutes. Alors seulement, il peut réussir (il parvient à dévier les tirs laser alors que la visière du casque est rabaissée sur ses yeux).
La Force n’est décidément pas quelque chose de sensible.

Le lecteur de Star Wars des années 1970 en vint à se demander si ses certitudes ne le fourvoyaient pas et décida peut-être (ce qui pourrait expliquer le succès de ce scénario de Star Wars et non pas d’autres basés eux aussi sur le Hero’s Journey) d’accorder une chance à la foi en quelque chose qui nous dépasse.

Pour recopier le modèle que nous propose Star Wars et tenter de recréer ce sentiment d’émerveillement chez le lecteur, il faut inventer une ou plusieurs scènes qui opéreront comme un miroir du scepticisme du lecteur. L’idée est de convaincre le lecteur que son propre cynisme ne peut aboutir qu’à des résultats négatifs.

Il faut asséner que cette attitude est morbide jusqu’au moment où les personnages connaîtront une sorte de révélation. Ce moment désiré permettra par exemple la résurrection d’Obi-Wan qui ne peut être acceptée que sous cette condition.

Ces scènes doivent intervenir tôt dans le scénario et insinuer quelques promesses sur ce qu’apporterait la foi, en termes de bonheur et de bien-être.
Ces scènes serviront ensuite d’autres scènes où le lecteur sera amené à croire totalement (du moins, le temps de l’histoire). Au-delà de l’habituel et suranné combat entre le bien et le mal, c’est celui bien plus fascinant de la raison contre la passion.

En somme, celui qui expérimente le Hero’s Journey, c’est avant tout le lecteur.