Last flag flying

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Metropolitan Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Last flag flying » de Richard Linklaker.

« Je ne suis pas comme toi à me justifier devant Dieu. Je lui demanderai plutôt des comptes »

En 2003, Larry « Doc » Sheperd, un ancien médecin de la Navy, retrouve Sal Nealon, un gérant de bar et le révérend Richard Mueller. Tous les trois ont combattu ensemble au Vietnam mais ils ne s’étaient pas revus depuis trente ans. Larry est venu leur demander de l’accompagner aux funérailles de son fils, mort au combat en Irak et dont le corps vient d’être rapatrié aux Etats-Unis. Sur la route, l’émotion se mêle aux fous-rires car les trois hommes voient leurs souvenirs remonter et ils retrouvent leur camaraderie...

« Ils ont envoyé mon fils dans un désert truffé de dangers. C’était pas pour défendre l’Amérique car il n’y avait rien là-bas. Pas plus que dans la jungle où on nous a envoyé. Ce ne sont toujours que des mensonges ! »

Semper Fidelis. Toujours fidèle. Telle est la devise du Corps des Marines américain. Un corps d’élite, qui a gagné sa réputation par le sang versé sur tous les théâtres de guerre les plus dangereux, de Iwo Jima au Vietnam en passant par Bagdad ou Kaboul. Avec « Last flag flying », adaptation du roman de Darryl Poniscan, l’anticonformiste Richard Linklater (« Before sunset », « Boyhood », « Everdybody wants some ») oppose l’idéalisme des jeunes engagés prêts à se sacrifier pour défendre leur pays au cynisme des politiciens toujours prompts à les envoyer inutilement au casse-pipe pour servir leurs intérêts propres. Le récit du voyage de trois vétérans du Vietnam pour enterrer le fils de l’un d’eux, tué en service en Iraq, sera ainsi l’occasion de constater avec amertume que l’Histoire n’en finit jamais de se répéter inexorablement, comme si au fond personne ne retenait les leçons des échecs du passé. Car comme le souligne le cinéaste, cette Seconde Guerre du Golfe résonne comme un nouveau bourbier, trois décennies à peine après la fin de la Guerre du Vietnam, conflit inutile et perdu d’avance au cours duquel des milliers de jeunes américains ont été sacrifiés pour rien.

« Je ne vais pas enterrer un Marine. Je vais enterrer mon fils. »

Mais pire encore, le cinéaste déplore que les gouvernements qui se suivent usent toujours des mêmes méthodes mensongères (ici la soi-disant découverte d’armes chimiques et bactériologiques) pour justifier leur guerre, de même que l’armée, la Grande Muette, a toujours recours aux mêmes protocoles hypocrites (le mensonge sur les circonstances de la mort des soldats que l’on transforme en héros). Mais il flotte aussi sur ce road-movie doux-amer une douce nostalgie. Comme si, quelques soient ce que les hommes aient enduré au front ou les blessures indélébiles qu’ils porteront en eux à jamais, il restait au fond une puissante camaraderie, forgée dans le sang et la peur, pour les lier à jamais. Si Linklater dénonce ouvertement la politique étrangère belliqueuse de son pays autant que les mensonges des gouvernants américains successifs, son discours à la fois pacifiste mais pas antimilitariste relève du numéro d’équilibriste et n’est sans doute pas assez transgressif pour convaincre tout à fait. Surtout, certains passages un peu lacrymaux (notamment la scène de la lettre) sont un peu en trop. Reste un beau trio d’acteurs, avec notamment un grand Bryan Cranston merveilleusement cabotin.

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Le DVD : Le film et présenté en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de Scènes coupées, d’un Making of, de Prises supplémentaires et du module « Le jour des vétérans » dans lequel Richard Linklater et son chef décorateur reviennent sur l’élaboration de la scène centrale du film.

Edité par Metropolitan Films, « Last flag flying » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 8 février 2019.

Le site Internet de Metropolitan Films est ici. Sa page Facebook est ici.