Katia (1959) de Robert Siodmak

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Remake du film "Katia" (1938) de Maurice Tourneur avec Danielle Darrieux, adpaté du roman "Le Perroquet Vert" (1923) de Marthe Bibesco, le film se vend comme un biopic de Ekaterina Mikhaïlovna Dolgoroukova (tout savoir ICI !), maitresse et épouse du Tsar de Russie Alexandre II... S'il s'agit là d'une production française la réalisation revient au réalisateur allemand Robert Siodmak, cinéaste ayant déjà tourné en France dans les années 30 avec notamment "Mollenard" (1937), et qui a surtout connu la gloire à Hollywood avec le chef d'oeuvre du Film Noir "Les Tueurs" (1947) et "Le Corsaire Rouge" (1953) tous deux avec Burt Lancaster avant un retour en Europe et en Allemagne où il a signé l'excellent "Les SS frappent la Nuit" (1957). Par contre le scénario est signé de deux français réputés, Georges Neveux connu pour avoir signé les films "Knock" (1933) et (1950) tus deux avec Louis Jouvet dans le rôle-titre et surtout Charles Spaak scénariste fétiche de Julien Duvivier et Jean Renoir.

Dans les rôles respectifs de la princesse Katia et du Tsar on retrouve la jeune star Romy Schneider qui vient d'atteindre les sommets du star-system après la trilogie "Sissi" (1955-1957) et "Christine" (1958) de Pierre Gaspard-Huit qui était alors heureuse avec son amour Alain Delon, puis l'acteur allemand Cürd Jurgens qui retrouve Siodmak après "Les Rats" (1955), lui qui après des années de galère est enfin devenu une vedette après les succès "Michel Strogoff" (1956) de Carmine Gallone, "Et Dieu... créa la femme" (1956) de Roger Vadim et "Les Espions" (1957) de Henri-Georges Clouzot. A leurs côtés on reconnaitra des acteurs français comme Michel Bouquet, Françoise Brion et Pierre Blanchard... Ce film a surtout tout d'un opportunisme qui permet de surfer sur le succès à frou-frou des films à costumes dans lequel le public n'imagine plus que Romy Schneider ; ça sera son dernier film du genre... Mais surtout, si le film est "officiellement" un biopic il s'avère que le film est surtout un film historique très romancé, pour ne pas dire une simple hagiographie romanesque. En effet, le seul vrai fait réel réside dans l'histoire d'amour entre Katia et Alexandre II, le reste estun tissu de mensonges et de réécriture des évènements. Pêle-mêle... Les réformes lancées par le Tsar, dont l'abolition du servage, a démarré en 1861. Les attentats contre le Tsar ont démarré en 1866. Le couple a eu quatre enfants avant la mort de la tsarine... etc... En conclusion le film sous-entend que Katia serait à l'origine des réformes, ce qui est faux ! Le film montre que, comme para hasard, Katia serait pratiquement toujours présente lors des attentats, ce qui est faux. Le film montre également un sacrement de Katia comme tsarine, ce qui est tout aussi faux. De surcroît le film occulte complètement l'existence des quatre enfants...

En clair, le film est un mensonge éhonté sur tout ce qui entoure le couple. Heureusement, le film s'avère moins un film sur Katia que sur un Tsar réformiste qui se confronte à une époque et à des contre-pouvoirs insidieux inhérents à un régime politique dépassé. Ainsi malgré l'amour, le Tsar tente de réformer son pays malgré la résistance de la noblesse tandis que des révolutionnaires ne croient pas à ce Tsar qui reste le symbole d'une époque révolue. La séquence entre le Tsar et un assassin qui a râté son coup est symptomatique du malaise et de la rupture entre le Tsar et son peuple. Néanmoins le charme opère par la nostalgie d'une époque magnifié par des décors et costumes dans la veine, néanmoins, des "Sissi", le charme de Romy en prime. Un beau film, un divertissement aimable mais dont le fond reste vain et peu d'intérêt autre que la curiosité.

Note :