THE DAY (Critique Saison 1 Épisode 1) Une série qui se démarque…

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS: Les événements angoissants d'une prise d'otage dans une petite banque lors d'une froide journée d'hiver. D'un côté, le point de vue des négociateurs de la police qui doivent gérer la crise. De l'autre, les mêmes événements vus à travers les yeux des criminels et de leurs victimes.

De Dag ( Le Jour ou The Day, suivant la langue que vous préférez) est une série venue tout droit de la Belgique, qui a été couronnée du prix de la meilleure fiction européenne au dernier Festival de Fiction de La Rochelle. Créée par les scénaristes Jonas Geirnaert et Julie Mahieu, la série se penche sur 24 heures de la vie d'une petite ville belge où un braquage de banque a tourné à la prise d'otage. Si la structure rappelle - évidemment - celle de la série américaine 24 avec Kiefer Sutherland - De Dag choisit de ne pas se concentrer sur un seul personnage central qui sauvera tous les autres, mais sur l'ensemble des professionnels chargés de gérer la crise: les négociateurs, qui font figure de point central en ce premier épisode, Ibrahim ( Lukas De Wolf), Vos ( Sophie Decleir) et Roeland ( Willy Thomas), les agents de la brigade d'intervention Arne ( Jeroen Perceval) et Elias ( Titus de Voogdt), le braqueur, encore anonyme dans le pilote, et bien sûr les familles des otages, parmi lesquelles Yusef ( Zouzou Ben Chikha), dont le petit garçon est enfermé dans la banque. Il n'y a pas de héros, au sens littéraire du terme, dans cet ensemble de personnalités disparates réunies par un objectif commun; mais c'est justement là ce qui fait que la série se démarque de son illustre prédécesseur. Il ne s'agit pas d'avoir un seul personnage aventureux qui se révèlera être la clé du problème, mais bien de souligner le travail du groupe et la pluralité des perspectives.

Vous aimerez:

Le script. Extrêmement bien ficelé, distillant les information au compte-goutte, tout en réajustant sans cesse les enjeux, qui montent en flèche dès la fin de l'épisode-pilote. Chaque épisode apporte un éclairage différent, ce qui change le calibre de ce qui se joue sous nos yeux, sans pourtant perdre de vue le but ultime: celui de faire sortir les otages en vie.

La structure. Ce qu'on demande de plus en plus à la télé, c'est d'avoir un point de vue sur son sujet, et De Dag manie savamment la multiplicité de ces derniers. Le manque de fil conducteur peut apparaître à priori comme un défaut, mais les paramètres sont tellement bien établis dès les premières minutes, qu'il est facile de se laisser porter davantage par la situation qui se complique que par la progression de l'intrigue.

Le ton. Il oscille entre le manque de sentimentalité, au milieu de tous ces professionnels pour qui la prise d'otage n'est au fond qu'une mission de plus, et le drame traumatisant en ce qui concerne les familles des victimes pour qui ce jour marque un point tournant dans leurs vies. Un équilibre qui fonctionne bien et qui permet à la série d'avancer vers l'avant sans jamais se perdre dans l'un ou l'autre extrême.

Vous n'aimerez peut-être pas:

Le côté aseptisé. Le fait qu'on passe relativement peu de temps avec chaque personnage et que l'approche soit, dans l'ensemble, assez peu personnelle, peut malheureusement avoir un gros inconvénient: celui de ne pas toucher le spectateur au cœur. Difficile de s'attacher à ces gens qui vont de droite à gauche puis de gauche à droite sur l'écran quand on ne prend pas vraiment le temps de les découvrir.

Le manque de suivi. On n'est pas vraiment sûr, au premier abord, comment la série entend se renouveler sur plusieurs saisons en évitant la redondance. Il y aura bien sûr, d'autres jours dans cette petite ville de Belgique, d'autres tragédies, d'autres moments intenses, mais au vu de la structure, on se demande comment les scénaristes parviendront à éviter le piège qui leur tends les bras: celui de faire exactement la même chose en changeant deux ou trois détails. La répétition n'est pas forcément une mauvaise stratégie en soi, mais pour une série qui prend autant de risques calculés, ce serait dommage de se contenter de relancer la même formule ad vitam aeternam.

L'image. Sombre, pluvieuse, grisâtre et généralement assez déprimante, ce qui tombe sous le sens vu ce qui se passe, mais certains se prendront à regretter qu'il n'y ait pas plus de contrastes visuels, surtout dans une série qui fait autant attention aux nuances.