Bienvenue à Marwen (2019) de Robert Zemeckis

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le retour de Robert Zemeckis, membre éminent de ce que certain nomme l'écurie Spielberg qui s'est fait un nom avec quelques grands films de "Retour Vers le Futur" (1985) à son dernier film (2016) en passant par "Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ?" (1988) et "Forrest Gump" (1994). Cette fois il revient avec l'adaptation d'une histoire vraie tragique et touchante mais plein d'optimisme. C'est après avoir regardé le documentaire "Marwencol" (2010) de Jeff Malmberg sur le destin de Mark Hogancamp que le cinéaste a voulu porté sur grand écran cette histoire où un homme s'est fait tabasser de façon extrêmement ignoble et qui se reconstruit via une passion pour les reconstitutions miniatures de la Seconde Guerre Mondiale. Robert Zemeckis, réalisateur-producteur co-écrit l'adaptation avec Caroline Thompson scénariste régulière de Tim Burton notamment sur "Edward aux mains d'Argent" (1990) et "Les Noces Funèbres" (2004). A l'origine le rôle principal était dévolu à Leonardo Di Caprio mais pour une raison de planning le rôle revient finalement à Steve Carell qu'on retrouve donc après "Battle of the Sexes" (2017) de Jonathan Dayton et Valerie Faris avec qui il avait déjà tourné l'excellent "Little Miss Sunshine" (2006).

L'acteur et son personnage sont particulièrement bien entouré avec un casting au degré de charmes certains avec notamment son amie Leslie Mann, qui n'est autre que madame Judd Apatow pour lequel ils ont tourné de nombreuses fois séparément et une seule fois ensemble, c'était dans "40 ans, toujours Puceau" (2005). A leurs côtés il y a également la sublime Eiza Gonzales vue dans "Baby Driver" (2017) de Edgar Wright, la jolie Diane Kruger vue récemment dans (2018) de Fatih Akin, la belle Janelle Monae révélée dans (2017) de Barry Jenkins et "Les Figures de l'Ombre" (2017) de Theodore Melfi, la plus méconnue Merritt Wever aperçue dans "Into the Wild" (2007) et "The Last face" (2016) tous deux de Sean Penn, puis enfin Gwendoline Chistie actrice emblématique de la série TV "Game of Thrones" (2012-2019)... La structure du récit est rythmé par les passages entre réalité et imaginaire de Mark. En effet, suite à son trauma il s'est réfugié dans un monde imaginaire où il recrée la Guerre 39-45 et où il s'imagine en héros entouré de ses amies, le tout étant juste un reflet de sa vie. Cette passion est surtout un moyen pour Mark de retrouver ses capacités motrices et intellectuelles, une sorte de thérapie introspective. On passe ainsi du monde réel à l'univers 39-45 qu'on voit littéralement prendre vie par l'imagination de Mark, mais aussi par ses fantasmes et les effets post-traumatologique.

Un univers qu'on doit au chef décorateur Stefan Dechant, fidèle de Zemeckis mais qui a également oeuvré sur un certain "Sucker Punch" (2011) de Zack Snyder avec lequel "Bienvenue à Marwen" a des similarités presque surprenantes finalement logiques. Zemeckis continue ainsi à explorer les différentes techniques de l'image depuis "... Roger Rabbit ?" et qu'il a approfondit déjà en précurseur avec les films d'animation comme "Le Pôle Express" (2004) et "La Légende de Beowulf" (2007). Mark se sert de ses proches pour créer ses personnages en forme de figurines historiques, l'équipe du film lui se sert de la technique maintenant courante de la Performance Capture. Le résultat est magnifique, visuellement bluffant et inventif. Malheureusement, on constate que les seconds rôles féminins sont presque tous très sous-exploités et peu développés. L'importance de ses femmes restent donc bien superficiels dans ce récit entre monde réel et monde alternatif, ça reste un peu vain et se résume donc à la simple morale "avoir le courage d'affronter ses démons". La magie opère grâce à la prestation de Steve Carell et les images magnifiques, mais surtout à ce mélange savoureux et touchant entre intelligence de la forme et l'émotion qui en découle. En prime des clins d'oeil à la propre filmo de Zemeckis dont un petit air de Delorean !