Porte des Lilas

Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Porte des Lilas » de René Clair.

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« Quand je serais riche, ton pain ne sera plus jamais sec »

Juju « propre à rien, ivrogne et paresseux », mais aimé par les habitants de son quartier parisien de le Porte des Lilas, admire son ami « l’Artiste », un guitariste qui habite dans le petit pavillon voisin. Les deux hommes aiment à tuer le temps ensemble. C’est là qu’un matin, l’ennemi public numéro un qui fuit la police, vient se réfugier dans le vieux pavillon délabré de l’Artiste…

« Je ne suis pas pour la police, mais je ne suis pas non plus pour l’assassin. Je suis pour moi. »

Porte_des_lilas_Georges_Brassens

Au sortir de la Première Guerre mondiale, René Clair se passionne pour l'effervescence culturelle qui anime alors la vie parisienne. D'abord journaliste, il bifurque très vite vers le cinéma où il devient acteur puis scénariste. Mais encouragé par ses amis dadaïstes, il passe rapidement à la réalisation et devient l'un des jeunes réalisateurs les plus prometteurs des années 20, dirigeant à cette occasion les acteurs les plus en vue du moment comme Albert Préjean ou Charles Vanel. Mais c'est avec l'avènement du cinéma parlant que sa carrière prend pleinement son envol (« Sous les toits de Paris », « Quatorze juillet »). Il devient ainsi au cours des années 30, avec ses collègues Jean Renoir et Marcel Carné, l'un des chantres du réalisme poétique. Toutefois, alors qu'il est au sommet de sa carrière, il part à Hollywood fuir l'occupation. Quatre films plus tard (dont « La belle ensorceleuse » avec Marlene Dietrich), il revient en France où une nouvelle génération de cinéastes a pris les commandes. Ce qui ne l’empêchera toutefois pas de signer encore quelques succès jusqu'aux milieu des années 60 (« La beauté du diable » avec Gérard Philippe).

« Moi je ne dis jamais rien »

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En 1957, avec « Porte des Lilas », il adapte René Fallet et plus précisément son roman « La grande ceinture ». L’occasion de nous replonger dans les ruelles miséreuses des quartiers est du vieux Paris populaire pour y suivre les péripéties de deux gentils marginaux, liés par un même sens de la paresse et obligés bien malgré eux de cacher un gangster en cavale. Contre toute attente, une étrange entente naitra progressivement entre le brave Juju et le gangster Barbier, jusqu'à ce que celui-ci ne jette son dévolu sur la jeune et jolie Maria qui fait également battre le cœur du héros. Avec cette histoire d'amour impossible et contrariée sur fond de misère sociale, René Clair tente de renouer avec l'atmosphère humaniste et fataliste du réalisme poétique plus de dix ans après son déclin. Mais à ce jeu, même si le réalisateur fait montre de quelques jolies idées de mise en scène (le récit de l’évasion du gangster illustré par le jeu des enfants dans la rue), force est de constater que René Fallet n'est pas Jacques Prévert ni Henri Jeanson et que ce « Porte des Lilas » n'a pas la puissance évocatrice des grands films de Carné qui ont définitivement marqué ce courant cinématographique (« Hôtel du nord », « Les enfants du paradis »). Reste que s'il est déjà un peu désuet pour son époque, ce film n'en demeure pas moins une véritable curiosité. Porté par un grand Pierre Brasseur, le film vaut surtout pour la présence étonnante de Georges Brassens dans ce qui sera son unique apparition au cinéma et dont les chansons (« L’amandier », « Au bois de mon cœur »...) apportent beaucoup de poésie à l'ensemble. Sans être une œuvre majeure dans la filmographie de René Clair, ce « Porte des Lilas » n'en demeure pas moins un film très attachant. 

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en Haute-Définition, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance de cinéma d’époque. Ainsi, en mode « Séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film, de publicités et de bandes-annonces de l’époque, le tout en HD. En mode « Film seul », « Porte des Lilas » se lancera directement.

Edité par Coin de Mire, « Porte des Lilas » est disponible depuis le 22 octobre 2018 dans une très belle édition digibook limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu'un livret reproduisant des documents d'époque (24 pages), 10 reproductions de photos d'exploitation (14,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l'affiche d'époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira à l'évidence tous les cinéphiles. 

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