Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury

Après déjà trois énormes succès historiques avec "Le Corniaud" (1965), "La Grande Vadrouille" (1966) et "La Folie des Grandeurs" (1971), le duo Gérard Oury-Louis De Funès se reforme après que la star comique ait demandé à son réalisateur de lui écrire "un beau rôle de salopard". Gérard Oury re-collabore avec sa fille Danièle Thompson pour le scénario avec la collaboration inédite de Josy Eisenberg, rabbin de son état ! L'histoire suit Victor Pivert (De Funès donc) bourgeois raciste qui veut se rendre au mariage "très français" mais qui se retrouve bien malgré lui pris dans une affaire géo-politique d'un pays arabe... Outre De Funès on retrouve au casting des têtes bien connues mais aussi des débutants dont on entendra parler ensuite. L'épouse Pivert est jouée par Suzy Delair, alors un peu oubliée elle fût pourtant une grande star notamment à l'époque de "Quai des Orfèvres" (1947) de Henri-Georges Clouzot. Chez les "gueules" connues on peut citer également Jacques François, Popeck, Claude Piéplu et surtout Marcel Dalio vu dans les chefs d'oeuvres "La Grande Illusion" (1937) et "La Règle du Jeu" (1939) tous deux de Jean Renoir. On reconnait Claude Giraud vu en Blessis-Bellière dans la saga "Angélique Marquise des Anges" (1964) de Bernard Borderie tandis qu'on voit dans leurs débuts Gérard Darmon, Miou-Miou pas encore dans "Les Valseuses" (1974) de Bertrand Blier et Henri Guybet dans son premier rôle important...

Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury

Le film démarre sur les chapeaux de roues, à peine Pivert a-t-il apparu qu'il dit des conneries suivi de pas de chance en croisant par hasard des gens "patibulaires". Un rythme particulièrement soutenu où les gags de situations côtoient les répliques cinglantes et/ou peu xénophobes de Pivert. Un rythme rarement atteint dans le genre, où les préjugés sont mis au devant même de leurs incohérences notamment en y mettant en contre-balance les attraits du pouvoir et de l'argent. Oury signe une comédie aussi drôle que pleine d'acuité, il y mêle le vaudeville aux barbouzes avec le génie d'y adjoindre son acolyte de Funès en pleine forme... Jusqu'ici, car malheureusement ce film sera également leur dernier puisque leur projet "Le Crocodile" tombera à l'eau suite aux ennuis de santé de De Funès qui ne reprendra d'ailleurs le chemin des plateaux que trois ans après avec "L'Aile ou la Cuisse" (1976) de Claude Zidi...

Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury

Le film offre ainsi des séquences devenues cultes comme le dialogue où Pivert apprend que son chauffeur est juif, l'épouse dentiste, Pivert qui prend un bain de chewing-gum, ou encore la danse folklorique juive... etc... Sur le fond Oury signe pourtant un film audacieux pour son époque, en intégrant des éléments faisant penser à l'affaire Ben Barka mais aussi et surtout alors même que l'actualité brûlante allait s'échauffer avec la guerre du Kippour ; par ailleurs la sortie du film sera chamboulée avec l'attentat de Danièle Craven, épouse du producteur qui détourna un avion parce qu'elle imaginait que le film était pro-israelite et anti-arabe !!! Un film qui a connut des déboires dès le début du tournage à New-York où une communauté de juifs orthodoxes qualifièrent le film de "pornographique" !... Tous ses soucis n'ont pas empêché le film d'être le plus gros succès de l'année 1973 avec près de 7,3 millions d'entrées France. Ses diffusions télé impose le film comme une des comédies les plus populaires avec ne prime une comédie musicale (2008) qui ne rencontrera malheureusement pas le même succès. Gérard Oury signe avec son acteur fétiche une comédie populaire au fond socio-politique d'une rare maitrise sur tous les paramètres, à la fois dense et rythmé, drôle et judicieux le film est un chef d'oeuvre du genre. A voir, à revoir et à conseiller !

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Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :