Robin des Bois (2018) de Otto Barthurst

Robin des Bois, un des héros mythique de nos écrans a déjà connu une trentaine d'adaptations ciné ou télévisuel depuis le court métrage "Robin Hood and His Merry Men" (1908) de Percy Stow. Cette fois le film se veut un prequel moderne, à savoir un film qui raconte les origines et donc son passage de Robin de Locksley à Robin des Bois mais en revisitant le mythe que tout le monde connait. Le film est produit par la société Appian Way qui n'est autre que la boite d'un certain Leonardo Di Caprio... Une production qui a offert la réalisation au méconnu Otto Barthurst qui a surtout oeuvré jusqu'ici sur des séries TV comme "Les Arnaqueurs" (2005-2006) et plus récemment "Peaky Blinders" (2013) ; son travail sur cette dernière aurait été remarqué. Le rôle titre revient à Taron Egerton révélation de la franchise (2015-2017). Marianne est incarnée par la magnétique Eve Hewson (fille de Bono leader du groupe U2) aperçue dans (2018) de Michael Noer. Petit Jean est interprété par l'excellent Jamie Foxx qu'on avait pas vu depuis (2017) de Baran Bo Odar et "Baby Driver" (2017) de Edgar Wright. Will Scarlett est joué par Jamie Dornan qui semble avoir bien du mal à faire oublier "Cinquantes Nuances de Grey" (2015) de Sam Taylor-Johnson et ses suites oubliées et oubliables. Et enfin le Shérif de Nottingham est incarné par Ben Mendelsohn déjà vu en méchant dans "Ready Player One" (2018) de Steven Spielberg... Avec un budget de "seulement" 100 millions de dollars cette production n'est pas au niveau du dernier "Robin Hood", en effet "Robin des Bois" (2010) de Ridley Scott se chiffre à 210 millions et confirme le fait que le budget ne reflète pas obligatoirement le résultat...

Robin des Bois (2018) de Otto Barthurst

Le Chef Costumier Julian Day prévient : "Je voulais un ton futuriste. J'ai fait appel à une centaine d'influence, mais aucune n'est médiéval ! Je me suis inspiré des cultures japonaises, orientales et indiennes. Je ne voulais pas du style qu'on peut trouver dans le Robin des Bois avec Errol Flynn. Je dirais que les 10000 costumes créés pour le film sont eu tiers d'influence historique, au tiers d'influence moderne et au tiers d'inspiration futuriste."... Ne lui en déplaise "les Aventures de Robin des Bois" (1938) de Michael Curtiz reste pourtant le chef d'oeuvre du genre, de plus est-ce sa volonté de Chef Costumier ou le réalisateur Barturst a-t-il eu son mot à dire tout de même ?! Néanmoins, pour les inspirations pourquoi pas, encore faut-il les assumer. Les costumes, par ailleurs parfaitement stylisés (et fait main !), sont symptomatiques du film, à savoir une modernisation à outrance sur tous les fronts qui donne au final un film qui n'a rien à voir avec Robin des Bois. En résumé ce film est un mix entre la série TV "Arrow", Zorro avec une dose de la version "Robin des Bois - Prince des Voleurs" (1991) de Kevin Reynolds... La légende prend plusieurs coups avec cette version qui ne respecte en rien ce qu'on connait de lui, à l'exception notable de la capuche ; rappelons en effet que en V.O. "Robin Hood" est Robin à la capuche, rien à voir avec les bois donc... D'ailleurs, la forêt de Sherwood est inexistante, il ne sembler pas y avoir de Roi, Will Scarlet n'est pas celui qu'on croit... etc... La modernité est poussé à un tel point qu'on a droit à une révolte qui fait écho aux émeutes des cités où le peuple face aux soldats est un simple miroir déforment des racailles contre les CRS. Les Croisades renvoient irrémédiablement aux guerillas islamistes. Idem pour le peuple qui vit dans des mines, inspirés clairement des favelas du Brésil. Sans compter sur les flèches qui font un bruit semblable à une détonation d'arme à feu et aussi dévastateur qu'une cartouche de gros calibre.

Robin des Bois (2018) de Otto Barthurst

Bref, Barthurst n'a aucune vision personnel, il s'essaie simplement à copier Guy Ritchie (souvenons-nous de son excellent "Sherlock Holmes" en 2009 et de son moins réussi "Le Roi Arthur : la Légende d'Excalibur" en 2017) le talent en moins. Construit de façon classique en trois actes (départ aux Croisades, retour en Zorro, lutte final) Barthurst use d'une mise en scène clippesque, abusant de ralentis et de caméra porté façon "je suis moderne regardez bien" qui manque singulièrement de finesse et/ou de personnalité. La musique n'aide pas, pompeuse et assommante. Le vrai soucis réside dans ce patchwork sous influences, trop d'inspirations diverses qui forment surtout un capharnaüm sans cohérence. Si c'était pour détruire la légende à ce point il fallait assumer et ne pas se placer sous l'étoile du succès facile en utilisant les noms populaires et connus qui peuplent la légende. Par contre, le casting est excellent, Eve Hewson est promise à une belle carrière, Egerton est idéal, Jamie Foxx toujours excellent, Mendelsohn également même si c'est juste le nécessaire, Dornan fait le job. On salue le travail sur les costumes. En conlusion Otto Barturst signe un film vide de toute substance légendaire inhérente à "Robin Hood", trop de libertés tuent l'âme de cette histoire universelle pas aidé par la mise en scène pleine d'esbrouffe du cinéaste. Grâce à Barturst on serait pour réévaluer à la hausse "Le Roi Arthur..." de Ritchie et "Robin..." de Scott... Le pire ?! La suite est d'ores et déjà prévue !

Note :

Robin Bois (2018) Otto Barthurst