Champions (2018) de Javier Fesser

Le sujet du film a été inspiré par le scandale des Jeux Paralympiques 2000 à Sydney où il s'est avéré que l'équipe nationale espagnole était composé de seulement 2 joueurs déficients mentaux sur 12, un coup de tonnerre qui eût pour conséquence l'exclusion des handicapés mentaux aux JO d'Athènes 2004, considérant qu'il était trop difficile de déterminer le niveau de handicap des athlètes déficients intellectuels... Le sujet inspire également le film français "Chacun pour Tous" (2018) de Vianney Lebasque, mais si ce dernier s'inspire directement de l'affaire en composant une équipe "mixte" le réalisateur espagnol choisit une toute autre histoire... Le cinéaste espagnol Javier Fesser est un habitué des comédies, on lui doit notamment les personnages de "Mortadel et Filemon" (2003) et son adaptation en film d'animation "Agents Super Zero" (2014). Il nous raconte l'histoire de Marco Montes, entraineur réputé de basket ball au plus haut niveau qui se retrouve après une sale journée dans l'obligation d'entrainer une équipe de handicapés mentaux qui joue en ligue national. Cet entraineur est incarné par l'acteur Javier Gutierrez, qu'on a pu voir dans "Le Crime Farpait" (2005) de Alex De La Iglesia, (2016) de Cesc Gay et "Assassin's Creed" (2016) de Justin Kurzel mais surtout remarqué dans l'excellent thriller "La Isla Minima" (2015) de Alberto Rodriguez. Sa conjointe est jouée par la méconnue Athenea Mata qui a déjà tourné pour Javier Ferrer dans un court métrage et qui a prêté sa voix pour le film d'animation cité plus haut.

Champions (2018) de Javier Fesser

Pour le reste du casting il s'agit de vrais personnes en situation de handicap mentaux. Le cinéaste précise : "C'était en fait un des aspects les plus imprévisibles du projet : pouvoir compter sur des personnes avec des handicaps mentaux qui, en plus de cela, n'avaient jamais mis les pieds sur un tournage. Compter sur des acteurs novices pour jouer ses personnages principaux, ce n'est jamais facile. D'autant qu'ils sont tous réunis dans la plupart des scènes. mais en aucun cas cela n'a été plus compliqué en raison de leur handicap. Au contraire. Cela a été un avantage de voir leur enthousiasme à sentir que c'était "leur film""... Pour trouver cette équipe le cinéaste a casté pas moins de 500 personnes avec l'aide d'associations, puis il a beaucoup discuté avec ceux choisi pour une première sélection avant de trouver les perles rares avec qui il a fallu encore plus discuter pour préparer les dialogues. Javier Fesser précise : "Cette méthode nous a donné une approche unique qui a enrichi l'histoire."... Le scénario en lui-même est plutôt convenu, on se doute de l'évolution générale du récit avec la morale qui va avec. Mais à la différence du "Chacun pour Tous" Javier Fesser réussi idéalement à mixer humour et émotion en privilégiant toujours ce 50/50 pour une comédie jamais hypocrite ni pathos sans pour autant oublier son message de tolérance empreint de tendresse mais aussi et surtout de situation drôles et cocasses qui montrent aussi qu'effectivement que la normalité est justement dans nos différences.

Champions (2018) de Javier Fesser

Le panel choisi pour cette équipe est d'ailleurs significatif avec des handicaps différents à des degrés divers ce qui ne gâche en rien les différences de caractères aussi, ce qui démontre (s'il le fallait !) que les handicapés ont aussi leur petit caractère et leur énergie... L'humour est en celà bien plus "honnête" que la comédie française, dans le film français on sent une attention particulière sur le fait qu'il faut rester politiquement correct tout en faisant croire le contraire. Ici javier Fesser montre les joueurs comme ils sont, sans jamais se justifier ni dans la forme ni dans le fond tout en réussissant à rendre sympathique le gros connard qu'est l'entraineur interprété par Javier Gutierrez. Au final on suit ce Feel Good movie avec une empathie non feinte, un comédie qui donne la banane avec un message certe logique et nécessaire mais c'est surtout un film d'une humanité folle, jamais dans la complaisance et dans lequel on assume le rire plus que l'émotion afin, justement, de montrer que les handicapés mentaux rit eux aussi plus qu'ils ne font attention aux apparences. Un film chouette, efficace et qui fait du bien par où ça passe.

Note :

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