[CRITIQUE] : Mauvaises Herbes

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Kheiron
Acteurs : Kheiron, Catherine Deneuve, André Dussolier, Alban Lenoir,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.

Synopsis :

Waël, un ancien enfant des rues, vit en banlieue parisienne de petites arnaques qu’il commet avec Monique, une femme à la retraite qui tient visiblement beaucoup à lui.
Sa vie prend un tournant le jour où un ami de cette dernière, Victor, lui offre, sur insistance de Monique, un petit job bénévole dans son centre d’enfants exclus du système scolaire.
Waël se retrouve peu à peu responsable d’un groupe de six adolescents expulsés pour absentéisme, insolence ou encore port d’arme.
De cette rencontre explosive entre « mauvaises herbes » va naître un véritable miracle.


Critique :

Avec #MauvaisesHerbes, @MrKheiron fait à nouveau mouche en signant une 2nde pépite de comédie dramatique légère, généreuse et humaine, une œuvre touchante et personnelle incarnée avec justesse, qui s'inscrit dans la droite lignée de son précédent film, le formidable #Nous3ouRien pic.twitter.com/K9pC3OSWrO— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 13 novembre 2018

Désopilant aussi bien sur scène avec le Jamel Comedy Club (qui l'a révélé) puis à la télévision via la minisérie culte Bref, le talentueux Kheiron avait fait son baptême du feu derrière la caméra avec le sublime Nous Trois ou Rien, pure comédie dramatico-sociale désarmante de justesse et d'audace aux personnages haut en couleur, traitant de thèmes importants tels que l'immigration, la politique aussi bien iranienne (sous le régime de terreur de Mohammad Reza Pahlavi) que française (via une vision populaire et réaliste en plein cœur des cités); le tout porté par un ton jonglant habilement entre humour et gravité, et des dialogues finement scriptés.


Portrait pétri d'amour et de fierté d'un fils pour ses parents, témoignage vibrant d'une époque charnière de l'Iran - le film contait les prémisses de la Révolution populaire iranienne - sous fond d'une romance touchante et d'une fuite en avant désopilante (le départ pour la France de Fereshteh et Hibat Tabib est un moment fort du métrage), ne tombant jamais dans la surenchère facile ou le pathos de supermarché écœurant.

Un premier film généreux et sincère concocté sans la moindre fausse note tant même la mise en scène (épurée et précise) et la direction d'acteurs, brillent sous le signe de la maîtrise.
Trois ans plus tard, presque jour pour jour, il nous revient avec un autre bijou abouti et plein de bons sentiments : Mauvaises Herbes, qui démontre avec force que non seulement le cinéaste sait jongler avec une finesse folle, entre l'humour  (réellement drôle) et les émotions (prenantes et sincères) comme très peu des jeunes talents de l'hexagone mais surtout, qu'il est désormais un visage et une voix qui compte au sein d'un septième art français qui en manque cruellement.

En croquant l'histoire atypique d'un jeune magouilleur au grand coeur et de son entourage (notamment sa mère d'adoption, toute aussi attachante que lui), catapulté par la force des choses en éducateur de jeunes paumés qui ne demande qu'à avoir le peu d'attention que le monde adulte leur refuse en bloc, le cinéaste touche à une vérité de la rue qu'il ne connaît que trop bien, pour la retranscrire à l'écran avec ce qu'il faut de modernité pour solidifier un discours aussi empathique que lisible pour et par tous.

Beau récit initiatique au pluriel à cheval entre passé (l'intrigue est nourrie par des flashbacks essentiels) et présent, d'un homme se servant de son parcours douloureux pour mieux aiguiller le destin d'une poignée d'ados aussi bien que son propre avenir, Mauvaises Herbes s'inscrit dans la même ligne directe que son précédent essai, entre hommages (ici autant aux organismes associatifs qu'aux familles d'accueil bienveillantes) et transmissions (le savoir, l'éducation mais surtout l'espoir), le tout opéré avec une intelligence et un souci louable de faire passer son message jamais pompeux ni moraliste, avec douceur et pédagogie.

Humain, drôle, incarné avec prestance autant par Kheiron (tout en nuances) que par les nombreux seconds couteaux d'exceptions (d'une Catherine Deneuve solaire et au naturel à un André Dussolier infiniment touchant, en passant par un Alban Lenoir toujours aussi charismatique et convaincant, tout le monde livre une partition impliquée), avec Mauvaises Herbes, Kheiron fait à nouveau mouche en signant une seconde pépite de comédie dramatique légère, généreuse et populaire - dans le bon sens du terme -, une œuvre touchante et infiniment personnelle au coeur gros comme ça, dont on ressort aussi bien conquis qu'époustouflé.

Les César l'avaient honteusement oublié il y a trois ans, espérons que cette année l'académie répare cette erreur, vraiment.


Jonathan Chevrier