Le Bon Apôtre (2018) de Gareth Evans

Le nouveau film du réalisateur gallois Gareth Evans peut surprendre. En effet, le cinéaste change de registre, après les purs films d'action (2009) et "The Raid 1 et 2" (2011-2014) qui l'ont placé d'emblée parmi les maitres du genre il signe cette fois un drame fantastique. Réalisé et écrit par Evans lui-même il nous plonge au sein d'un secte de la fin 19ème siècle où un homme au passé d'alcoolo-junkie infiltre la secte pour tenter de sauver sa soeur enlevée par la dite secte... Avec ce film sous étiquette Netflix le cinéaste a réuni un joli casting, sans grande star mais aux gueules marquantes et aux talents certains. Le "héros" est interprété par le méconnu Dan Stevens dont le titre de gloire est d'avoir été sous le masque de la Bête dans "La Belle et la Bête" (2017) de Bill Condon. Le gourou est incarné par Michael Sheen, superbe acteur britannique qu'on a pu voir d'innombrable fois de "Mary Reilly" (1996) de Stephen Frears à "Nocturnal Animals" (2017) de Tom Ford en passant par "Frost-Nixon, l'heure de vérité" (2009) de Ron Howard. Sa fille est jouée par la beauté diaphane Lucy Boynton, révélée par "Sing Street" (2016) de John Carney et récemment vue en épouse de Freddy Mercury dans "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer.

Le Bon Apôtre (2018) de Gareth Evans

Au vu du speech et de l'époque on peut penser à des films comme "The Village" (2004) de M. Night Shyamalan, (2011) de Lucky McKee, (2012) de Kevin Smith ou (2016) de Robert Eggers mais on va voir que Gareth Evans mélange les genres et ose beaucoup à défaut d'être complètement cohérent. Après une ouverture rapide on arrive dans une ile isolée où la secte vit en complète autarcie. Une ile sublime, qu'on pourrait imaginer au large de l'Irlande. Si le paysage est sublime on constate vite que l'essentiel du film se résume à 3-4 décors. Sorte de huis clos élargi à un village qui est en proie à diverses intrigues. On est dans un mélange où on passe ainsi au drame victorien, au thriller fantastique, au film d'horreur avec folie sectaire, sorcellerie et drame socio-psychologique.

Le Bon Apôtre (2018) de Gareth Evans

Un melting-pot savoureux jusqu'à cette montée en puissance qui semble comme incontrôlée. Il semble que Gareth Evans n'a pas su contrôler son engouement et/ou simplement n'a pas su comment terminer son histoire. Résultat, la fin part un peu dans tous les sens, le gore prend le dessus avec une sorte de croque-mitaine sado-maso en prime. Le vrai gros soucis réside dans le fait que la "sorcière" est un personnage dont on ne connait jamais le pourquoi du comment. Et pourtant, l'histoire est riche et passionnante même si ça manque de cohérence entre les différents niveaux de lecture. Les personnages sont parfaitement incarnés par des acteurs inspirés. Il faut saluer l'audace de l'ensemble, une prise de risque pas complètement assurée mais terriblement jouissive. En conclusion le film n'offre assurément pas la qualité de son potentiel mais ça reste un très bon moment de folie collective. A voir.

Note :

Apôtre (2018) Gareth EvansApôtre (2018) Gareth Evans