La fille sur la balançoire

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La fille sur la balançoire » de Richard Fleischer.

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« Vous êtes un homme de 48 ans et moi une femme de 48 ans : vous avez donc 20 ans de moins que moi »

Dans l'Amérique des années 1900, Evelyn Nesbit, danseuse de cabaret aussi belle que candide, tombe sous le charme de l'architecte Stanford White, un homme d'âge mûr qui multiplie les conquêtes féminines. Pour autant, Harry K. Thaw, le soupirant de la belle, ne désarme pas. La danseuse, se croyant délaissée par White, cède aux avances de Thaw et accepte de l'épouser. Mais le mari se révèle un être violent et névrosé, qui voit en White une menace.

« Tu l’as vu trois fois : la première fois, la dernière fois et la fois où tu ne le verras plus »

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Ancien monteur devenu réalisateur dès le milieu des années 40, Richard Fleischer aura été l'une des figures majeures du cinéma américain durant presque cinquante années. Cinéaste éclectique, Fleischer se sera montré à l'aise dans presque tous les genres cinématographiques, même si son nom restera étroitement lié au polar (« L'énigme du Chicago express », « Les inconnus dans la ville », « Mr Majestyk », « Les flics ne dorment pas la nuit », « Terreur aveugle ») et au cinéma d'aventure en général (« 20 000 lieues sous les mers », « Les vikings », « Barrabas », « Soleil vert »). On en oublierait presque qu'il fut aussi le spécialiste des chroniques judiciaires et des faits divers sordides, qu'il adapta à de multiples reprises (« Le génie du mal », « L'étrangleur de Boston », « L'étrangleur de Rillington Place »). En 1955, tout juste auréolé du succès de « 20 000 lieues sous les mers », il se lança ainsi dans sa première adaptation d'un fait divers criminel avec « La fille sur la balançoire », inspiré de l'affaire de l'assassinat de Stanford White qui défraya la chronique new-yorkaise en 1905.

« Qui couche avec des chiens se réveille avec des puces »

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Car ce riche architecte, en apparence bien sous tout rapport, était en fait un amateur de très jeunes filles et fut assassiné par le mari jaloux de l'une de ses anciennes victimes. Mais, Code Hays et censure obligent, Fleischer fut obligé d'évacuer de son récit tout le sulfureux sous-texte du viol et de la pédophilie. Il en gardera donc un drame sentimental et psychologique basé sur la rivalité de deux riches gentlemen de la bonne société New-yorkaise pour une jeune et belle danseuse ingénue. Mais à défaut d'avenir avec le célèbre architecte d'âge mûr et déjà marié, celle-ci épousera par dépit son jeune et impétueux rival, rongé par une jalousie maladive. Dans une splendide reconstitution de la Côte ouest à l’heure de la Belle Epoque, le cinéaste dessine donc les contours d'un drame passionnel en se jouant avec malice de la censure pour aborder des thèmes jusqu'alors interdits (et donc assez rares) au cinéma comme l'adultère, dont le passage à l'acte est formidablement matérialisé lors de la fameuse scène de la balançoire, ou encore du déséquilibre psychiatrique, dont on prend la mesure au fil du film par touches impressionnistes (formidables scènes des aveux extirpés à Evelyn par son mari, filmé en ombres chinoises ou des coups de feu tirés par la fenêtre lors d’une crise de jalousie). L'élégante mise en scène de Fleischer, pleine de métaphores et de sous-entendus, sert parfaitement cette histoire de faux-semblants et de manipulations, qui souffre néanmoins de quelques longueurs et d’un scénario finalement un peu trop aseptisé par rapport au fait divers original. Reste un très beau casting, porté par un Ray Milland parfait de sobriété presque perverse et un Farley Granger exalté, entre lesquels la jeune et jolie Joan Collins (qui remplace Marilyn Monroe pour qui le rôle fut écrit) est parfaite en oie blanche faussement naïve.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0 et 5.1) ainsi qu’en version française (2.0 et 5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du film par Ophélie Wiel, critique ciné et chargée de cours à l’Université Paris 3 (20 min.).

Edité par Rimini Editions, « La fille sur la balançoire » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 2 octobre 2018.

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