[FUCKING SERIES] : Daredevil saison 3 : Un retour aux sources pour mieux rebondir ?

Par Fuckcinephiles
 
(Critique - avec spoilers - de la saison 3)

À une heure où The Defenders n'a carrément pas répondu aux attentes qu'elle avait su attiser, et que le Iron Fist et Luke Cage vient de tirer sa révérence avec une certaine prévisibilité (surtout pour le premier en fait, le second avait tout récemment été renouvelée pour une troisième saison), la simili phase 2 du Marvelverse de Netflix se clôt avec la figure de proue de son entreprise, le génial Daredevil (de loin le meilleur show de cet univers, et l'un des meilleurs de la firme tout simplement), qui en est déjà à sa troisième cuvée d'épisodes.

Reprenant pile poil là où on avait laissé Matt Murdock - soit mal en point aussi bien physiquement que mentalement dans The Defenders -, la saison 3 embrasse pleinement la face sombre du justicier de Hells Kitchen (laissé de côté face au ténébreux Punisher dans la saison 2) et les questions existentielles d'un superhéros en plein doute et totalement désabusé, qui est en passe de repenser sa manière d'appliquer une justice toujours plus vacillante; un véritable retour aux sources salvateur, adaptant en prime le légendaire arc Born Again et appelant à un retour en grande pompe de Wilson Fisk.

Reprenant peu ou prou la même dynamique fascinante de la première saison, la première partie de la saison 3, pas chiche en moments jouissifs (quelques scènes de fight démentes, le plan séquence d'ouverture de l'épisode 4,....), vogue volontairement en terres connues avec son héros fragilisé et frappé par une crise de foi et d'identité (il reprend même son costume d'origine, luttant contre le mal dans l'anonymat... ou presque) et sa nemesis (Vincent d'Onofrio est encore et toujours parfait), dont la puissance ne fait que croître au fil des jours, malgré une " surveillance " des forces de l'ordre 24h/24 - crédibilité limite, on est d'accord.

Un sentiment de déjà vu entre joutes spectaculaires et psychologiques intenses, à ceci près qu'elle annonce tout du long cette fois-ci, un affrontement qui ne peut qu'être titanesque, autant qu'elle pousse plus férocement que jamais, son " Homme sans Peur " dans ses ultimes retranchements, et qu'elle introduit un sentiment de mort imminente avec la figure Bullseye, éclatante même si un poil écrasée par le prisme du duel majeur Kingpin/Daredevil (mais il est appelé à être le grand vilain d'une hypothétique saison 4).

Mieux, même si leur temps de présence est un brin limité comparé aux saisons précédentes, le show n'oublie pas d'offrir un arc satisfaisant au duo Karen/Foggy, qui sont autant les victimes de Fisk que leur ex-associé et ami, et qui n'ont aucun mal à être LA voix de la raison humaine et empathique de cette saison (même si Foggy paraît trop souvent naïf et que Karen, en complet contradiction avec son attitude dans The Punisher, à la malchance de se voir flanquer un épisode flashback totalement inutile et voué à du remplissage maladroit)

Rythmée de tout son long malgré quelques longueurs - surtout dans sa seconde moitié - et une moins grande ambition formelle, totalement tournée vers ses personnages (aucune mention du reste des shows Netflix) non sans quelques couacs scénaristiques (Fisk fait gober des mouches à tout le monde et fait ce qu'il veut dans un monde qu'il a pillé quelques mois plus tôt, au cours de la saison 1), la troisième saison 3 de Daredevil, solide et prenante, laisse cependant le goût férocement amer que la plateforme aux lettres rouges donne clairement l'impression de s'investir de moins en moins dans son univers Marvel, quitte à pleinement jouer la carte de la prévisibilité.

Gageons sûrement que la présence ombrageuse de la future plateforme Disney, est peut-être la grande raison de cette baisse de régime/dilapidation en bon et du forme de son riche univers.

Et si Daredevil et sa bande revenait au bercail avec plus de moyens et d'ambitions, voire même avec un film à la clé ?

La question se pose bien-là désormais, surtout à la vue du final (entre conclusion de l'arc Kingpin et vrai statut quo similaire au final de la saison 1, malgré les nombreux événements passés depuis), tant la firme aux grandes oreilles est capable de tout, et a les reins plus que solide pour le faire...


Jonathan Chevrier