Girl (2018) de Lukas Dhont

Premier long métrage particulièrement remarqué au dernier Festival de Cannes 2018 où il était sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard où il a obtenu la Caméra d'Or ainsi que le prix d'interprétation pour le jeune Victor Polster... Le réalisateur belge Lukas Dhont avait déjà connu une reconnaissance avec "L'Infini" (2015) nommé à l'Oscar du court métrage. Son scénario avait déjà reçu l'aide de Cannes via la Cinéfondation en 2016. Le cnéaste a eu l'idée du film après avoir lu un article relatant le parcours d'une jeune fille née dans un corps de garçon. Ainsi Lukas Dhont a écrit son film où on suit Lara, né garçon mais qui est au fond d'elle-même une fille qui débute un processus de changement de sexe alors qu'elle intègre une école de danse classique afin de devenir danseuse étoile, son rêve... La première problématique a été de trouver l'interprète de Lara. Après de nombreuses recherches le réalisateur-scénariste a choisi Victor Polster, inconnu et scolarisé à l'Ecole royale de ballet de Anvers.

Girl (2018) de Lukas Dhont

Son père est interprété par Valentijn Dhaenens, peu connu hors de ses frontières il est un acteur surtout vu dans des séries TV, on peut aussi l'apercevoir dans "M. Nobody" (2009) de Jaco Van Dormael... Le cinéaste résume son film : "La lutte intérieure d'une jeune héroïne, capable de mettre son corps en danger pour pouvoir devenir la personne qu'elle veut être. Une fille qui doit faire le choix d'être elle-même à seulement 15 ans, quand pour certains ça prend toute la vie."... Le premier bon point est l'empathie du film, dans le fond comme dans la forme, Dhont ne tombe pas dans l'écueil facile et éculée du vilain petit canard avec la collection habituelle de maltraitance, moquerie, incompréhension... etc... des uns et des autres envers une personne transgenre, de Lara dans ce cas précis. Dans cette histoire Lara est acceptée, aussi bien par ses camarades que par les adultes, aussi bien par sa famille que par ses professeurs. Lara est entourée et soutenue, alors quoi ?! Ce qui est intéressant c'est que Lukas Dhont s'intéresse avant tout à la dimension psychologique et le mal être de Lara. Forte et déterminée au début du film elle devient plus fragile au fur et à mesure que son traitement avance et que son opération approche. Le parallèle entre ses failles psychologiques et ses blessures physiques est alors saisissant.

Girl (2018) de Lukas Dhont

Par contre on peut trouver le scénario un peu redondant, passant de la relation père-fille à la maison aux cours de danse et vice versa. Mais à y regarder de plus près ses scènes sont pourtant semées de détails qui nous en apprend toujours davantage sur Lara ; par exemple la difficulté de Lara de se confier à son père pourtant très présent et compréhensif où la difficile intégration avec ses camarades filles malgré leur relative bienveillance et tolérance. Le cinéaste signe une chronique naturaliste forte qui est, mine de rien, portée par son interprète principal. En effet le jeune Victor Polster offre une performance époustouflante, il incarne Lara de façon inouïe qui laisse pantois. Il est une révélation pleine de grâce et porte Lara au Panthéon des performances du 7ème Art. Moins impressionnant, l'acteur Valentijn Dhaenens n'est pourtant pas en reste, avec son petit air à la Joaquin Phoenix il joue un père touchant et juste. Un film au style sans doute un peu trop austère mais d'une intelligence rare et d'une nécessité évidente avec en prime un acteur habité, voir hanté par Lara. A voir et surtout à conseiller.

Note :

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