[CRITIQUE] : The Predator

[CRITIQUE] : The Predator
Réalisateur : Shane Black
Acteurs : Boyd Holbrook, Trevante Rhodes, Olivia Munn, Sterling K. Brown, Jacob Tremblay, Keegan-Michael Key, Thomas Jane, Alfie Allen, ...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain
Durée : 1h47min

Synopsis :
Les pires prédateurs de l'univers sont maintenant plus forts et plus intelligents que jamais, ils se sont génétiquement perfectionnés grâce à l'ADN d'autres espèces. Alors qu’un jeune garçon devient accidentellement leur cible, seul un équipage hétéroclite d'anciens soldats et un professeur de science contestataire peuvent empêcher l’extinction de la race humaine.


Critique :

Fun mais bancal, faisant perdurer la mythologie de la saga tout autant qu'il l'a saccage,#ThePredator est un blockbuster calibré & bourrin follement regressif, au cul gentiment coincé entre les 2 chaises du retour au source comico-sauvage (le 1er opus) & le survival urbain (le 2) pic.twitter.com/CrmPNInGao— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 10 octobre 2018

Quand on entend le nom de Shane Black, une odeur des années 80 apparaît. Scénariste de renom grâce au succès de L’Arme Fatale le bonhomme passe enfin à la réalisation avec Kiss Kiss Bang Bang en 2005. Il est le monsieur coupable du fameux Iron Man 3 (détesté par les uns, adoré par les autres). Son style est reconnaissable : des blagues intégrées dans un buddy-movie néo-noir. L’un est cynique ou beaucoup trop sérieux, l’autre est casse-cou ou fun et décalé. Des séquences ultra violentes, des personnages vulnérables avec une bonne grosse dose d’humour pour faire passer le tout. On aime, on déteste mais ce qui est clair c’est qu’on ne peut pas passer à côté. Donc quand Mr Black se décide à faire une suite à la très célèbre franchise de science-fiction, on dit oui sans hésiter. La série Predator étant en demi-teinte (de sacré bon film et des beaucoup moins bon), on attendait un bon film d’action, suintant les années 80, avec de l’humour et de l’action, deux tons en symbiose comme seul Shane Black sait le faire. Surtout que c’est une franchise qu’il connaît bien (il a lui même joué dans le film Predator de 1987).


[CRITIQUE] : The Predator

Et The Predator commence assez bien. Une séquence spatiale, où des vaisseaux se tirent dessus. L’un crée un portail, disparaît pour réapparaître dans notre bonne vieille atmosphère et se crashe. Pas de chance pour le soldat Quinn McKenna (Boyd Holbrook), en mission avec son équipe qui voit le crash et la créature qui en sort de très près. S'engage un combat qui se solde avec la mort de son équipe et lui qui part en fuite (en n’oubliant pas de voler certains équipement de l’extraterrestre). McKenna a la très bonne idée d’envoyer tout cela à sa famille. Un colis que son fils (Jacob Tremblay et sa bouille toute mignonne), autiste, réceptionne en le prenant comme un jeu, s'amuse à décoder l’équipement et à comprendre comment cela fonctionne (une très bonne idée non ?). Pendant ce temps, McKenna est interné pour qu’il ne puisse pas divulguer ce qui l’a vu. À partir de ce moment là, le film part dans tous les sens. Des révélations se multiplient, et un predator encore plus grand, plus fort, plus féroce avec ses chiens (?) arrivent. Le Dr Casey Brackett (Olivia Munn) est aussi impliquée dans l’histoire (on ne dira pas comment parce que c’est un tout petit peu tiré par les cheveux… rien qu’un peu).On se retrouve donc avec un groupe d’ancien soldat interné (qui s’appellent eux-même les Loosers), McKenna, une biologiste et un enfant qui vont devoir sauver le monde d’un gros méchant predator.


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Si on comprend l’idée de base de ce film (s’amuser tout en étendant l’univers de la franchise et expliquer les motivations de la race extraterrestre) le fait est qu'il est incroyablement bancal. Le premier acte fonctionne à peu près et garde une certaine cohérence (même si on peut lui reprocher son scénario aux ficelles apparentes). Mais au lieu de donner dans l’angoisse et la peur, Black se contente de nous proposer un divertissement hollywoodien fade, bourrin et déjà vu. Dans son dernier tiers, le film part à tout jamais dans une mêlée d’action sans grand intérêt, avec des artifices scénaristiques classiques. En terme de personnage, on retrouve les anti-héros (personnage préféré de Black) avec McKenna et ses hommes. Dommage d’avoir pris Boyd Holbrook, qui n’a pas le charisme adéquat pour faire exister les répliques bien sentie des dialogues. Olivia Munn (un plaisir trop rare de la voir au cinéma) campe un personnage féminin classique dans ce genre de production, à savoir protéger l'enfant pendant que les hommes combattent, même si elle a ses quelques scènes d’action. Les soldats sont les personnages les plus réussis en somme, car ils arrivent à créer de l’empathie autour d’eux et apportent parfois de l’humour. Humour qui dans ce Predator n’arrive jamais à trouver sa place. Shane Black ne trouve pas le ton juste et les blagues apparaissent tel un éléphant dans un magasin de porcelaine.


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On attendait de The Predator de la tension, de l’audace, du combat, de l’action. Mais nous avons à la place un film purement hollywoodien, trop bien calibré et sans éclat (et une paresse scénaristique difficilement acceptable de la part de Shane Black).


Laura Enjolvy


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On ne pouvait décemment pas en vouloir à Shane Black d'avoir eu la bonne intention de rebooter les aventures des pauvres extraterrestres chasseurs, au lieu de les laisser reposer en paix dans leur cercueil en colza, tant la vision autant des piteux Alien vs Predator (aussi bien le 1er opus signé Paul WS Anderson, que le second et fourre-tout Requiem) que du reboot de Nimrod Antal (Predators, produit par Robert Rodriguez) a du férocement le piquer, lui membre à part entière du succès du chef-d'oeuvre original cornaqué par l'inestimable John McTiernan avec tonton Scwharzenegger en vedette.

Et sur le papier, ce retour aux sources - sans dénigrer les deux premiers films - façon cure de jouvence pour le chasseur aux dreadlocks, ou le bonhomme allait autant faire face à une armée de bidasses à problèmes qu'à un frangin génétiquement modifié, vendait sacrément du paté, même après une production houleuse - pour être poli -, une pluie de reshoots diverses et une campagne promotionnelle n'ayant visé juste qu'avec son ultime gachette (son dernier et excellent trailer).
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Mais le parfum racoleur et badass made in 80's que Black et Fred Dekker s'échinent à bombarder sur toute la pellicule ne marche qu'un temps seulement, et il est in fine bien difficile de ne pas être asphyxié par les effluves malades d'un divertissement de destruction massive boursouflé autant par ses ambitions démesurées (un scénario bancal qui ouvre bien trop d'arcs narratifs sans jamais pleinement les développer) que ses maladresses incroyables (il s'inspire du premier opus sans en apporter le moindre prolongement intéressant), là ou le film original - jamais égalé -, ne cherchait jamais à dépasser autre chose que la simple série B SF plaçant l'homme face à un être supérieur et plus dangereux, faisant de lui la cible number one de sa chaine alimentaire et l'obligeant à revenir d'une manière jouissivement regressive, à un état primaire (Schwarzy tout de boue vêtu face à un chasseur qui n'a pas une gueule de porte bonheur : un délice).

Moins tacheron qu'un Paul WS Anderson, Black écorgne cependant grandement, tout comme lui, l'aura charismatico-iconique de sa créature, sacrifiée sur l'autel du " bigger and better " ou elle devra notamment affronter une version testostéronée d'elle-même, pas plus bandante ni terrifiante que lui (et loin d'être aidé par des SFX à la limite du raisonnable).
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La saga évolue donc son chasseur doit évoluer à son tour ? Monumentale erreur comme le dirait si bien Jack Slater.

Et c'est là que le bas blesse au fond, que Shane Black salope autant l'aspect terrifiant du premier film (et un poil du second) et l'aspect menaçant de la figure " Predator ", annihilant de facto toute la tension ou même l'intérêt de ses scènes d'action - pourtant filmés avec nervosité -, tant on se désintéresse totalement de ce qui peut bien se passer à l'écran, un peu comme les symphonies en Kaboom majeur de la franchise Transformers ou même celles, parfois, de la saga Fast and Furious.
Un comble quand on sait qu'il prend, en revanche, un soin tout particulier pour développer la psychologie de ses personnages humains, que ce soit ses soldats atypiques et traumatisés (Thomas Jane et Keegan-Michael Key en tête), ses scientifiques dépassés (Olivia Munn, so badass) ou son jeune héros autiste (attachant Jacob Tremblay), qu'il nourrit de dialogues savoureusement ironiques, à défaut de leur offrir de véritables enjeux dans un script qui part dans tous les sens - et, évidemment jamais le bon.
[CRITIQUE] : The Predator

Fun mais bancal comme ce n'est pas permis (jusque dans son final assez foireux), faisant perdurer la mythologie de la franchise tout autant qu'il l'a saccage mignon (à l'instar des derniers Aliens), The Predator, sans doute pas aidé par une production houleuse qui accentue grandement la confusion qui règne à sa vision, est un blockbuster rutillant et bourrin follement regressif dont on ressort aussi abruti que déçu, lui qui est gentiment engoncé entre les deux chaises du retour au source mmi-rigolard mi-sauvage (le premier film) et le B movie urbain et gore (le second film).

Tout ça pour ça avons-nous même envie de dire, surtout que la matière était là, et le talent encore plus...


Jonathan Chevrier


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