Le pistonné

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le pistonné » de Claude Berri, dans le cadre de la sortie du coffret qui lui est consacré.

« Tu apprendras qu’à l’armée, vaut mieux passer pour un con que pour un mec intelligent »

C'est la suite du « Vieil homme et l'enfant ». Le petit garçon, Claude Langmann, ayant maintenant 21 ans. Soit l’âge de faire sons service militaire. Appelé sous les drapeaux, un de ses amis affirme pouvoir le pistonner pour faire son service au sein l'armée de l'air afin qu'il reste à Paris. Mais tout ne marche pas comme prévu et des troubles surviennent au Maroc où il est finalement envoyé.

« Ici, c’est plus prudent de laisser tomber sa dignité que son fusil »

Bien avant ses fastueuses adaptations d’œuvres littéraires (« Jean de Florette », « Manon des sources », « Germinal », « Uranus ») ou de fresques historiques (« Lucie Aubrac »), Claude Berri fut le chante d’un cinéma largement autobiographique et résolument léger. Plusieurs de ses premiers films furent ainsi pour lui l’occasion d’évoquer différents épisodes de sa vie, tantôt avec tendresse (« Le vieil homme et l’enfant », « Le cinéma de Papa »), tantôt avec humour (« Mazel Tov ou le mariage », « La première fois »). Avec « Le pistonné », son troisième film, réalisé en 1969, il raconte avec beaucoup de second degré ses dix-huit mois de service militaire. Cette espèce de parenthèse désenchantée et souvent redoutée qui marqua la fin de l’insouciance chez plusieurs générations de jeunes hommes. Comme une coupure abrupte qui devait marquer la fin de l’adolescence et le début de l’âge d’homme.

« La France et son cheptel de colonies, c’est râpé. On gardera peut-être la Corse et encore... »

Interprété ici par l’inénarrable Guy Bedos, le jeune Claude Lanzmann espère pouvoir échapper, grâce aux relations de l’un de ses amis, à un séjour prolongé dans l’est de la France. Ou pire encore, en Algérie où la guerre bat son plein. Il se verrait plutôt bien passer dix-huit mois tranquilles à Paris, planqué, dans les bureaux du Ministère de l’armée. Ce qui lui permettrait de rentrer le soir retrouver la belle Tania dont il est éperdument amoureux. Mais rien ne se passe vraiment comme prévu, et il devra finalement, comme ses camarades, supporter la caserne et ses abrutissantes corvées quotidiennes. Sous les ordres d’un sergent un peu borné et bas-de-plafond (formidablement interprété par Georges Géret), le cinéaste nous raconte ainsi, avec beaucoup d’humour, ses petites misères du quotidien (les brimades, les parcours du combattant, les corvées de chiotte, les séjours au gnouf). Jusqu’à une mission de surveillance en territoire marocain qui suscitera beaucoup d’inquiétude chez ces jeunes hommes (parmi lesquels on découvre le tout jeune débutant Michel Colucci). Mais prenant le parti d’en rire, il signe une chronique tendre sur la jeunesse qui fait la part belle à la camaraderie et aux petits bonheurs simples. On rit ainsi beaucoup de ces multiples anecdotes (le colonel qui rêve de voir débarquer Brigitte Bardot, la visite au bordel...). Et si le film se termine sur une image d’une incroyable tristesse, c’est justement pour mieux nous faire relativiser ces petites misères, en nous rappelant qu’à la même période, tous n’ont pas eu la chance de vivre un service militaire aussi tranquille.  

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Le DVD : Le film est disponible en version restaurée, en version originale française (2.0). Aucun bonus spécifique ne vient compléter le film.

Edité par Pathé, « Le pistonné » est disponible en DVD ainsi qu'en blu-ray au sein du coffret intégrale des 21 films de Claude Berri, disponible depuis le 3 octobre 2018, qui compte également deux DVD de bonus.

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