Culte du dimanche : Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme

Culte du dimanche : Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme

Le serial killer le plus charismatique du cinéma, 2 acteurs grandioses et un thriller matriciel des années 90. Voilà ce que nous a offert Le Silence des Agneaux. On se devait bien d’en parler dans le culte du dimanche, en espérant qu’il sortira un jour en bluray dans nos contrées.

Culte du dimanche : Le Silence des Agneaux de Jonathan DemmeAu début des années 80, l’auteur Thomas Harris sort Dragon Rouge, thriller efficace qui met en scène un personnage singulier, Hannibal Lecter. Le roman sera adapté par Michael Mann quelques années plus tard tout en restant relativement confidentiel. La suite, intitulée Le Silence des Agneaux, sortira en 1989, et son adaptation se fera plus rapidement.

Ted Tally écrit alors un scénario pour Gene Hackman qui pensait faire le film. Le script est particulièrement prenant et violent et c’est Jonathan Demme qui s’empare du sujet. Le réalisateur est aguérri mais n’a pas forcément connu de grand succès public en quinze ans de réalisation. Cela ne l’empêche pas de vouloir plonger dans le thriller et de s’entourer d’acteurs talentueux mais pas encore des superstars. On peut même dire qu’il s’agissait de seconds choix puisque Robert Duvall et Michelle Pfeiffer devaient à l’origine tenir les rôles d’Hannibal Lecter et Clarice Starling. Toutefois, devant l’insistance de Jodie Foster, le réalisateur finira par craquer et grand bien lui en prendra.

Culte du dimanche : Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme

Plus qu’un thriller, un film psychologique

Le scénario et le film reprennent donc la trame du roman de Thomas Harris avec la jeune étudiante du FBI Clarice Starling qui va interroger le docteur incarcéré Hannibal Lecter afin de pouvoir coincé un serial killer connu sous le pseudonyme de Buffalo Bill, écorchant ses victimes. Un concept pas si éloigné du premier livre à ceci près que la personne interrogeant Lecter, est une femme, débutante, ce qui offre alors une dimension psychologique bien plus intéressante et donne au film toute sa tension.

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En effet, loin de s’aventurer dans une simple trame de serial killer, le film est avant tout une plongée dans l’esprit de Clarice et la naissance d’une relation ambigue avec un autre monstre. Buffalo Bill n’est qu’un prétexte grossier (d’ailleurs la description de la transexualité du personnage est assez maladroite et typique des années 80/90) pour s’intéresser à Clarice et Hannibal. Le réalisateur l’a bien compris et va bien plus travailler la mise en scène de ces séquences de rencontre avec ce qu’il faut de suggestion pour nous faire froid dans le dos.

Un couple malsain

Il faut dire que le personnage d’Hannibal Lecter est fascinant. Décrit d’emblée comme un monstre cannibale et par les atrocité qu’il a pu commettre, sa première apparition est celle d’un gentleman, un homme de goût, dont on perçoit tout de suite l’appétit pour la manipulation. Anthony Hopkins, alors second rôle confirmé et reconnu pour ses prestation théâtrales, offre au personnage toute l’ambiguité qu’il faut et rend, à travers son regard perçant et son verbe malin, Hannibal Lecter imprevisible et aussi séduisant qu’effrayant, loin de la sauvagerie clichée du genre.

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Face à lui, il a sans doute l’un des personnages féminin les plus forts des années 90 (et que l’on peut avoir tendance à oublier face aux Sarah Connor ou Elen Ripley). Clarice Starling est en effet une jeune recrue du FBI qui veut faire ses preuves, mais qui a aussi quelques soucis à régler avec son passé. Plus l’enquête avance et plus elle échangera avec Lecter, plus elle sortira de sa chrysalide pour révéler tout son potentiel. Mais en même temps, elle tombera d’une certaine manière sous le charme du cannibale en cage. A ce jeu, Jodie Foster, révélée par Scorsese et qui a enchaîné les petits rôles dans les années 80, offre à Clarice toute sa fragilité et en même temps une force intérieure folle qui rend son personnage mémorable, et malgré la différence d’experience fait largement le poids face à Hopkins.

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Pierre angulaire du thriller des 90’s

Avec ce duo, Demme nous offre peut-être même l’une des relations les plus tordues entre deux personnages dans un thriller (relation qui sera encore plus marquée dans la suite de Ridley Scott 10 ans plus tard) et c’est ce qui nous fera grandement frissonner et nous restera en mémoire longtemps après la sortie du film. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant de ressentir un petit truc à chaque fois que l’on voit Anthony Hopkins et Jodie Foster réunis lors de photoshoot anniversaires ou de cérémonies. Mais le réalisateur n’oublie pas non plus le côté plus purement horrifique du film avec la spectaculaire et saignante évasion de Lecter qui offre une image mythique de mise à mort, et un dernier face à face avec Buffalo Bill dans l’obscurité particulièrement tendu.

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Tout cela fait alors en 1991 du Silence des Agneaux un grand thriller psychologique et horrifique qui marquera le genre durablement et influencera forcément l’autre pierre angulaire du genre qui arrivera ensuite (Se7en). Mais le film marquera aussi avec un fort succès public et critique et une cérémonie des oscars qui osera enfin donner des recompenses majeures à un thriller. Remporter la quinte royale (meilleurs film, réalisateur, acteur, actrice et scénario) n’est pas donné à tout le monde et il l’a fait. Des récompenses qui feront d’ailleurs de Jodie Foster et Anthony Hopkins des têtes d’affiche et qui permettront à Demme d’enchaîner avec Philadelphia.