[CRITIQUE] : A Star is Born

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Bradley Cooper
Acteurs : Bradley Cooper, Lady Gaga, Sam Elliott,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h16min.
Synopsis :
Star de country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu'ils tombent follement amoureux l'un de l'autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d'elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus de mal son propre déclin…



Critique :

Effleurant simplement le quotidien de popstar pour mieux lui préférer autant l'envers du décor de la " machine à rêves " que l'ivresse intense de l'amour et de la scène, Bradley Cooper fait de son #AStarIsBorn un formidable mélodrame aussi sincère et humain qu'il est envoûtant pic.twitter.com/6PF8ZL8pG1— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 2 octobre 2018

Avant de devenir un projet (enfin) concrétisé et fin prêt à atteindre les salles obscures mondiales, A Star is Born était surtout une sacrée arlésienne à Hollywood, un potentiel remake maudit - les deux derniers datent de 54 et 76 - ayant enquillé une pluie de faux départs, jusqu'à l'aube des années 2010 (époque ou Clint Eastwood était encore le maître à bord, et désirait le couple Leonardo DiCaprio/Beyoncé Knowles en vedette).
Voir donc l'excellent Bradley Cooper s'enticher de la chose pour en faire son premier passage derrière la caméra (tout en douceur, puiqu'il serait aussi devant) avec la chanteuse et wannabe actrice (cela dit adoubé d'un Golden Globes il y a quelques années) Lady Gaga en rôle-titre, avait de quoi nous effrayer un brin si bien que, même si le pitch de départ en est diamétralement opposé - et le mot est faible -, on redoutait férocement que cette relecture ne ressemble trait pour trait à un opus " Bodyguard-esque " visant bien plus à vendre de la bande originale en masse qu'a réellement jouer la carte de l'oeuvre recommandable et potentiellement récompensable.


Fort heureusement, et dès les premières images balancées par sa jolie (et rassurante) campagne promotionnelle, Cooper a vite confirmer que son premier essai ne serait pas un B movie limitée et ridicule (ce qu'est Bodyguard, malgré notre profonde nostalgie à son égard), mais bien un beau drame intense sur les dérives de l'addiction, de la notoriété et d'une love story destructrice, dénuée de tout cynisme et shooté à l'émotion pure.
Le quotidien de popstar célèbre, le cinéaste ne fait que l'effleurer en lui préférant sensiblement la décadence de l'envers du décor de la " machine à rêves ", déjà citée avec plus de bienveillance dans La La Land (et ici les trajectoires inversés du pygmalion alcoolique à la déchéance latente, et celle du jeune talent pur qui n'avait besoin que d'un bon coup de pouce pour casser la baraque), mais surtout l'ivresse de l'amour (filmé comme un poème à coeur ouvert) et de la scène, captée avec intensité et profitant à merveille des capacités scéniques et vocales extraordinaires d'une Lady Gaga solaire, à l'apparence épurée de toute extravagance, laissant pleinement exploser sa beauté naturelle follement captivante.


En croisant l'ascension fulgurante d'Ally et la spirale infernale dans laquelle Jackson Maine s'est engoncé tout seul (l'image d'une star à l'image grandissante et bien dans son époque vs une star vieillissante et alcoolique, ombre d'une tristesse absolue) et l'amour incandescent qui les lie, Cooper capte les deux facettes du miroir Hollywoodien, aussi pimpant de l'extérieur qu'il est destructeur de l'intérieur, au sein d'un bouleversant mélodrame humain aussi sincère et romanesque qu'il est envoûtant, porté par des chansons merveilleuses et une interprétation impliquée autant de lui-même (son plus beau rôle à ce jour), que de Gaga (éblouissante).
A Star is Born, and another die...
Jonathan Chevrier